« Je ne suis pas engagé. J’écris des choses qui sont vraies. Je n’écris pas pour soutenir une théorie idéologique politique, une révolution, etc. J’écris des vérités, comme je les ressens, sans prendre parti. J’écris les choses comme elles sont. Comme le diseur de vérité… Je ne suis pas sûr d’être engagé » (Ahmadou Kourouma, « Entretien avec Ahmadou Kourouma », propos recueillis par Thibault Le Renard et Comi M. Toulabor, Politique africaine, no 75, octobre 1999, p. 78). Tels sont les termes par lesquels Kourouma justifie, à la parution de En attendant le vote des bêtes sauvages, sa démarche créatrice qui est de mettre la fiction au service de la vérité historique, d’en faire une voie d’accès à la mémoire du présent, de chercher dans le merveilleux romanesque la réalité du monde et des êtres. La présente étude interroge les modalités par lesquelles la fiction de Kourouma dans ce roman réécrit l’histoire et la mémoire du présent.