scholarly journals Le rapport Duclert et le filtre des lendemains génocidaires

Author(s):  
Marie-Eve Desrosiers

La commission de recherche sur les archives françaises relatives au Rwanda et au génocide des Tutsi, ou commission Duclert, s’est récemment penchée sur l’engagement de la France au Rwanda, en cherchant également à contribuer à la compréhension historique des processus menant au génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda en 1994. Le rapport qu’elle a produit propose toutefois une lecture problématique des événements au Rwanda au début de la décennie 1990. Cet article soutient que, faisant du génocide la clé de lecture du Rwanda, ce rapport filtre ce qui s’est passé au Rwanda à la seule lumière des violences génocidaires de 1994. Afin de démontrer ce « filtre génocide », le propos s’articule autour de deux illustrations tirées de l’interprétation que la commission Duclert fait du début de la guerre qui entame la période dite de radicalisation au Rwanda en octobre 1990. Il s’agit de la tendance à culpabiliser les autorités rwandaises à rebours, ainsi que d’une lecture « exceptionnaliste » faite des motivations (quasi ataviques) et des relations entre les acteurs de l’époque (nécessairement hors du commun) dès 1990. L’article conclut sur l’importance de comprendre l’histoire du génocide en revenant au contexte, et ainsi à la nuance et l’ambiguïté, des événements de 1990.

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