Dans notre article, nous nous proposons d’analyser le rôle de l’espace dans la pièce Hôtel des Deux Mondes (1999) d’Éric-Emmanuel Schmitt en la comparant avec la pièce Huis clos (1944) de Jean-Paul Sartre. La pièce sartrienne nous servira de repère et de point de départ à l’analyse de l’espace chez Schmitt vu les nombreuses relations intertextuelles qui les relient. Cette intertextualité est visible sur le plan du contenu ainsi que sur le plan des idées exposées : l’existence humaine et la mort, la condition humaine, Dieu, le mysticisme. L’espace y joue un rôle essentiel. Il s’agit d’un espace fermé, clos, mais actif : dans Huis clos c’est un salon style Second Empire qui représente l’enfer, dans Hôtel des Deux Mondes une clinique qui se trouve entre la vie et la mort. À partir de différentes classifications de l’espace théâtral d’Hélène Laliberté, nous chercherons à déterminer la fonction mimétique de l’espace, c’est-à-dire le rôle de l’espace figuratif dans le déroulement de l’action. Pour mieux comprendre le rôle que joue l’espace fermé dans les deux pièces, nous utiliserons dans notre analyse les recherches de l’espace théâtral d’Anne Ubersfeld, surtout les deux types d’espace : le lieu scénique, ce même espace scénique « en tant qu’il est matériellement défini » (Ubersfeld, 1996a : 37), et l’espace dramatique, une abstraction qui « comprend non seulement les signes de la représentation, mais toute la spatialité virtuelle du texte, y compris ce qui est prévu comme hors scène » (Ubersfeld, 1996a : 37). Le but de notre article sera d’analyser ces deux types d’espace dans la pièce de Schmitt, leurs points communs et différences avec ceux de la pièce sartrienne.