Le défi actuel de l'anthropologie de l'alimentation est de contribuer à la compréhension de certains aspects de problématiques nutritionnelles. En tant que science holistique, son approche entreprend de décrire, analyser et comparer les interactions existant entre nature et culture. Elle se représente le système alimentaire dans toute sa complexité sociale et culturelle. En fait, le présent article aborde l'alimentation humaine selon un angle systémique permettant de discuter, d'ores et déjà, de l'interaction des différents facteurs qui la régissent et leur impact sur la persistance de certains déséquilibres nutritionnels.
L'étude a été réalisée à Tlemcen (Algérie). Elle s'est donnée pour objectif d'identifier la culture alimentaire et sa relation avec le problème de l'obésité. Pour ce faire, un choix a été fait d'un échantillon de 100 personnes obèses (relevant des services de médecine interne du Centre Hospitalier Universitaire de Tlemcen) qui ont été sélectionnées sur la base de leurs caractéristiques physiques (taille et poids) et sur la considération que l'obésité est réelle lorsque l'indice de masse corporelle est égal à 30 kg/m2 ou plus. Un formulaire spécial leur a été ainsi distribué, qui comprenait des informations sur leurs méthodes de choix alimentaires et leurs modes de nutrition.
Il en ressort que l'alimentation représente un moyen privilégié d'affirmation identitaire chez l'obèse, par conservatisme de culture culinaire algérienne. De plus, avec la modernité et la venue de l'alimentation industrielle ce même obèse se retrouve devant une situation ambivalente, dans laquelle un espace de liberté décisionnelle se serait dégagé en même temps qu'il aurait perdu la sécurité qu'apporte un système normatif socialement défini.
Tout ceci générant une anxiété constante dès lors qu'il s'agit de choix alimentaire. Aussi, le patient justifie un décalage entre représentations et pratiques exclusivement par manque de moyens économiques ou sous l'effet d'une éventuelle stigmatisation.