Inspirée de la critique génétique, cette étude lève partiellement le voile sur les
origines de « La batèche », l’une des plus importantes suites poétiques de L’homme rapaillé de Gaston Miron. Les transformations
visibles dans la genèse de ce cycle ont été grandement influencées par le premier séjour du
poète en France, moment décisif au cours duquel il prend la pleine mesure de ses racines et
de la condition canadienne-française. Resté inachevé, le cycle de « La batèche » se compose
uniquement de deux poèmes, mais il regroupe un nombre impressionnant de témoins génétiques
en raison de toutes les modifications apportées aux textes. L’analyse de ces transformations
porte sur les différents états publiés des poèmes, de même que sur l’ensemble des témoins
génétiques associés à cette suite inachevée : les notes personnelles de l’auteur, sa
correspondance, ses entretiens, les fragments de poèmes ou les brouillons déposés à BAnQ. Le
mouvement inscrit dans le cycle s’appuie sur une relation entre la pénombre et la lumière.
Ces deux pôles constitutifs de « La batèche », illustrés dans les poèmes par l’aliénation et
par son dépassement grâce à la revendication, se construisent dans une optique d’affirmation
de soi qui débouche sur un projet de libération collective.