Globe Revue internationale d’études québécoises
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Published By Consortium Erudit

1923-8231, 1481-5869

2016 ◽  
Vol 18 (1) ◽  
pp. 111-130
Author(s):  
Antoine Burgard
Keyword(s):  

La politique migratoire canadienne des années 1930 et 1940 est la plus restrictive et sélective de l’histoire du pays, notamment en raison de son hostilité envers les populations migrantes juives. La question de l’antisémitisme au Canada et au Québec ne peut donc se poser sans revenir sur la position d’Ottawa en matière migratoire. Dans cet article, nous souhaitons examiner non pas les manifestations de cette hostilité, mais la manière dont celle-ci fut perçue et combattue par le Congrès juif canadien (CJC), alors principale organisation de la communauté, entre 1945 et 1948. En effet, quelle image le CJC a-t-il vraiment de l’hostilité de l’opinion publique et des mécanismes discriminatoires de la politique migratoire canadienne ? Et comment cette perception façonne-t-elle durablement sa stratégie de lutte contre l’antisémitisme et l’hostilité à l’immigration juive ainsi que ses rapports avec le gouvernement King ? L’analyse fine du travail des principaux cadres du CJC sur cette question permet de jeter un éclairage nouveau sur la place de l’organisation au sein du judaïsme canadien, de mieux cerner ses relations avec la presse et, surtout, ses rapports avec un gouvernement et une administration pour le moins hostiles à l’entrée de migrants juifs au Canada.


2016 ◽  
Vol 18 (1) ◽  
pp. 47-64
Author(s):  
Jonathan Tremblay
Keyword(s):  

De 1929 jusqu’à sa mort en 1967, Adrien Arcand assume la direction de l’Ordre patriotique des goglus (1929-1934), du Parti national social-chrétien (1934-1938) et du Parti de l’Unité nationale du Canada (1938-1940, 1947-1958, 1965-1967). Pendant ce temps, il publie plusieurs journaux, dont Le Goglu (1929-1933), Le Miroir (1929-1933), Le Chameau (1930-1932), Le Patriote (1933-1938), Le Fasciste canadien (1935-1938), Le Combat national (1938-1939), L’Unité nationale (1953-1958) et Serviam (1965-2001). Pour financer ses médias et ses mouvements politiques constamment déficitaires, Arcand se comporte comme un véritable mercenaire en rendant deux sortes de services aux conservateurs qui consentent à lui verser des subsides. Il leur offre en tout premier lieu ses talents d’éditorialiste en soutenant constamment leur politique dans ses journaux. Il demande, en second lieu, à ses disciples fascistes de militer en faveur de leur parti politique lors des campagnes électorales. C’est en concluant ce genre d’accords avec les principaux ténors du Parti conservateur du Canada et de l’Union nationale qu’Adrien Arcand a pu mener en toute impunité sa campagne antisémite et fasciste pendant plus de trente ans.


2016 ◽  
Vol 18 (1) ◽  
pp. 227-255
Author(s):  
Daniel Poitras

Cheminant tout à la fois en fonction et à distance des récits collectifs de leur milieu, le Québécois Fernand Dumont et le Français Michel de Certeau en viennent à radicaliser, à la fin des années 1960, leur attente d’une société nouvelle. Cet article adopte une perspective comparatiste et part à la recherche des jonctions entre deux oeuvres qui n’ont jamais été mises en rapport. Malgré des événements aux répercussions opposées (Octobre 1970 et Mai 1968), des mythes fondateurs éloignés (le Québec survivant, la France révolutionnaire) et des ancrages continentaux différents (la jeune Amérique, la vieille Europe), de nombreux parallèles apparaissent entre les horizons d’attente des deux auteurs. J’aurai recours à l’étude du régime d’historicité, et plus particulièrement des transformations du futurisme au cours des années 1960, pour établir les possibilités et les limites de ces parallèles. Le rôle donné aux élites et à la « base », le potentiel de l’« homme ordinaire », l’héritage révolutionnaire et les configurations spatiales sont les thèmes abordés pour que soient connectées les attentes de Fernand Dumont et de Michel de Certeau. Nous verrons que ces parallèles non seulement débordent les explications internalistes associées aux récits nationaux, mais qu’ils incitent également à sortir les expériences du temps des seuls contextes locaux afin de les remettre en jeu ailleurs et autrement.


2016 ◽  
Vol 18 (1) ◽  
pp. 153-168
Author(s):  
Ira Robinson

La grève des internes à l’Hôpital Notre-Dame en 1934, menée en réaction à la présence d’un médecin juif, le Dr Samuel Rabinovitch, est un des événements les plus iconiques dans l’histoire de l’antisémitisme au Québec. Cet article reprend les sources en archives et les commentaires des journaux de l’époque pour arriver à une meilleure compréhension des événements. De multiples points de vue sont examinés, ceux de la communauté juive, des « autorités » canadiennes-françaises (à l’hôpital, à l’Université de Montréal et au sein de l’Église catholique), de la population canadienne-française en général et du Canada anglophone.


2016 ◽  
Vol 18 (1) ◽  
pp. 211-226
Author(s):  
Sophie Bastien

Dans le roman La peste d’Albert Camus (1947), le docteur Bernard Rieux, protagoniste et narrateur, se voit confronté à une épidémie et mesure inéluctablement tout le poids des enjeux éthique et métaphysique qu’elle implique. Avec l’équipe qu’il met sur pied au service des pestiférés, il opte pour l’abnégation individuelle au profit du bien collectif. La solidarité exemplaire qu’il manifeste met en lumière la noblesse de son choix. Le Québec contemporain présente deux avatars de ce personnage aussi humble qu’héroïque. Le premier est un médecin réel, le docteur Réjean Thomas, qui dit admirer en Rieux un modèle de conduite. Il oeuvre auprès des sidatiques depuis plus de trente ans, c’est-à-dire depuis l’époque où leur maladie était épidémique, mortelle et encore peu connue, et où il faisait donc figure de pionnier. Le second avatar québécois de Rieux appartient, celui-là, au domaine de la fiction, plus précisément cinématographique : il s’agit de la docteure Jeanne Dion, protagoniste de deux longs métrages, La neuvaine (2005) et La donation (2009). Son auteur, Bernard Émond, reconnaît lui aussi en Camus une source puissante d’inspiration. Cet article rappelle d’abord les principaux traits du héros de La peste en faisant ressortir la dimension philosophique de la pratique médicale dans ce roman. Il met ensuite en relief les points communs avec le parcours du sidologue Réjean Thomas, avant d’explorer la pensée du cinéaste Bernard Émond et ses racines camusiennes. Il se penche alors successivement sur les films La neuvaine et La donation pour analyser le personnage de Jeanne Dion.


2016 ◽  
Vol 18 (1) ◽  
pp. 169-201
Author(s):  
Pierre Anctil
Keyword(s):  

L’antisémitisme présent dans les pages du Devoir compte parmi les enjeux historiographiques les plus importants de l’histoire juive canadienne. Le sujet a été discuté de manière passionnée depuis plus d’une trentaine d’années et a fait l’objet d’affirmations contradictoires et souvent fortement médiatisées. Cet article propose d’aborder la question d’une manière différente en analysant systématiquement tous les éditoriaux parus dans le quotidien sur une période de près d’un demi-siècle, soit depuis la fondation du Devoir en 1910 jusqu’à l’arrivée de Claude Ryan à la direction du journal en 1963. Une lecture attentive de près de 16 000 éditoriaux révèle que les Juifs et le judaïsme ont occupé une place somme toute assez mineure dans les pages du Devoir. Pour l’essentiel, les éditorialistes de ce journal ne se sont intéressés à cette question qu’au cours d’une période bien précise des années 1930, soit de 1933 à 1939, et dans un contexte fortement marqué par les persécutions juives en Allemagne nazie. Il n’en reste pas moins que la méfiance envers les Juifs est un élément présent dans Le Devoir jusqu’au milieu des années 1940, et qui apparaît de manière plus explicite au moment de la grande crise économique des années 1930. Dans cet article, l’auteur tente de cerner les raisons qui ont poussé Le Devoir à exprimer des réticences face à une présence juive au Québec, qui ont beaucoup à faire avec l’enseignement doctrinaire de l’Église catholique préconciliaire.


2016 ◽  
Vol 18 (1) ◽  
pp. 131-151
Author(s):  
Jean-François Beaudet
Keyword(s):  

Profondément marqué par les atrocités nazies dont il sera témoin en 1945 et à travers les diverses relations qu’il entretiendra avec la communauté juive québécoise, René Lévesque développera une sensibilité et une compréhension particulières des réalités juives. Ainsi, tout au long de sa carrière d’homme public, le futur premier ministre du Québec dénoncera vertement toute manifestation d’antisémitisme et de préjugés raciaux. En nous basant notamment sur le contenu de chroniques écrites par Lévesque pour le compte de journaux québécois, nous sommes à même de dégager les principales réflexions sur l’antisémitisme formulées par une des plus importantes figures du nationalisme canadien-français du XXe siècle. En fait, durant la Révolution tranquille et les années subséquentes, René Lévesque cherchera à réconcilier le nationalisme québécois avec une communauté juive qui craint les dérives pouvant accompagner les manifestations nationalistes.


2016 ◽  
Vol 18 (1) ◽  
pp. 87-109 ◽  
Author(s):  
Sandra Dubé

Le Canada fut un des nombreux pays où les Juifs européens fuyant les persécutions nazies cherchèrent asile dans les années 1930 et 1940. Un processus pour restreindre l’immigration était entamé depuis déjà plusieurs années et, à l’instar de plusieurs pays, le Canada n’adapta guère ses politiques d’immigration en fonction de ces circonstances tragiques. Les historiens ont cherché à comprendre les raisons de la fermeture du Canada aux réfugiés juifs et dans quelle mesure l’antisémitisme exerça une influence décisive sur cette situation. Si la Grande Dépression et la montée d’un sentiment d’hostilité envers les immigrants furent évoquées, plusieurs chercheurs ont conclu, également, à un manque d’empathie de la population et des hommes politiques pour les persécutions subies par les Juifs. Certains auteurs ont aussi fait référence au climat politique international tendu et radicalisé, marqué par l’ascension des idéologies comme le communisme et le fascisme. L’antisémitisme en vint ainsi à être considéré comme le principal facteur expliquant les politiques canadiennes d’immigration. Plus encore, on prêta au Québec une importante influence sur ces politiques et les Canadiens français furent désignés comme étant au mieux hostiles aux Juifs, sinon carrément antisémites. Alors que les opinions de nombreux acteurs furent étudiées dans ce contexte, le discours des responsables politiques eux-mêmes et spécialement les débats reconstitués de l’Assemblée législative du Québec furent peu explorés, en raison de leur récente disponibilité. Quels furent les propos et les positions des hommes politiques québécois à qui on attribua souvent un antisémitisme de facto ? Dans cet article, nous nous intéressons au discours des responsables politiques québécois sur les réfugiés juifs entre 1938 et 1945. À la lumière d’une mise en contexte du particularisme québécois et à l’aide d’une grille d’analyse du racisme et de sa terminologie, l’analyse de ces discours nous révèle un portrait plus complexe que l’historiographie ne l’a parfois laissé entendre.


2016 ◽  
Vol 18 (1) ◽  
pp. 65-85
Author(s):  
Alexandre Dumas
Keyword(s):  

Beaucoup d’attention a été donnée aux écrits antisémites des intellectuels catholiques canadiens-français. De Lionel Groulx au Devoir en passant par Jeune-Canada, les années 1930 présentent un contenu particulièrement riche pour qui s’intéresse à la question de l’antisémitisme dans le Québec catholique et les travaux sur cette période se sont multipliés. Bien que le catholicisme ait souvent été identifié comme un moteur de l’antisémitisme, on ne s’est pas encore arrêté sur le rôle de l’Église catholique comme institution. Cet article porte sur le regard de l’Église catholique sur l’antisémitisme et sur ses manifestations, plus particulièrement sur son rapport au Parti national social-chrétien d’Adrien Arcand. L’Église a-t-elle encouragé l’antisémitisme de ses fidèles, l’a-t-elle condamné ou était-elle au contraire passive sur la question ? Les évêques eux-mêmes nourrissaient-ils des préjugés, voire une certaine appréhension à l’endroit des Juifs ? Les archives récemment ouvertes des archevêchés de Québec et de Montréal permettent de démontrer qu’à défaut d’avoir tendu la main à la communauté juive et appelé ses fidèles à l’ouverture et à la compréhension, l’Église nourrissait une méfiance certaine à l’endroit du parti d’Arcand et goûtait peu son discours violent à l’endroit des Juifs. C’est ce qui sera démontré par un retour sur le débat sur les écoles juives de 1930, la relation entre l’Église québécoise et le Parti national social-chrétien et le discours antisémite de quelques prêtres du diocèse de Québec.


2016 ◽  
Vol 18 (1) ◽  
pp. 19-45
Author(s):  
Hugues Théorêt

Depuis une dizaine d’années, Adrien Arcand a fait l’objet de divers ouvrages sur ses écrits fascistes et antisémites et son mouvement qui a attiré quelques centaines d’adeptes au Québec au cours des années 1930. Peu de choses ont été écrites au sujet de son influence et son rayonnement international. Dans les années 1930, Adrien Arcand s’est forgé une solide réputation parmi les chantres de l’antisémitisme dans le monde en participant activement à la diffusion des Protocoles des Sages de Sion, et en publiant La Clé du Mystère, une brochure hautement antisémite qui vise à prouver l’authenticité des Protocoles des Sages de Sion. Arrêté en 1940, puis emprisonné durant toute la Seconde Guerre mondiale, Adrien Arcand recouvre la liberté en 1945. Il continue de correspondre avec les têtes de pont de l’antisémitisme dans le monde : Henry Hamilton Beamish, Arnold Spencer Leese, sir Barry Domville, Gerald Hamilton, Robert Edmundson et Henry Coston jusqu’à sa mort en 1967. Son plus illustre admirateur, le négationniste germano-canadien Ernst Zündel, qui a été libéré en mars 2010 après avoir purgé une peine de sept ans de prison en Allemagne pour avoir nié l’existence de l’Holocauste, voyait Arcand comme son mentor.


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