Le docteur Rieux d’Albert Camus : un mentor au Québec, de la réalité à la fiction cinématographique

2016 ◽  
Vol 18 (1) ◽  
pp. 211-226
Author(s):  
Sophie Bastien

Dans le roman La peste d’Albert Camus (1947), le docteur Bernard Rieux, protagoniste et narrateur, se voit confronté à une épidémie et mesure inéluctablement tout le poids des enjeux éthique et métaphysique qu’elle implique. Avec l’équipe qu’il met sur pied au service des pestiférés, il opte pour l’abnégation individuelle au profit du bien collectif. La solidarité exemplaire qu’il manifeste met en lumière la noblesse de son choix. Le Québec contemporain présente deux avatars de ce personnage aussi humble qu’héroïque. Le premier est un médecin réel, le docteur Réjean Thomas, qui dit admirer en Rieux un modèle de conduite. Il oeuvre auprès des sidatiques depuis plus de trente ans, c’est-à-dire depuis l’époque où leur maladie était épidémique, mortelle et encore peu connue, et où il faisait donc figure de pionnier. Le second avatar québécois de Rieux appartient, celui-là, au domaine de la fiction, plus précisément cinématographique : il s’agit de la docteure Jeanne Dion, protagoniste de deux longs métrages, La neuvaine (2005) et La donation (2009). Son auteur, Bernard Émond, reconnaît lui aussi en Camus une source puissante d’inspiration. Cet article rappelle d’abord les principaux traits du héros de La peste en faisant ressortir la dimension philosophique de la pratique médicale dans ce roman. Il met ensuite en relief les points communs avec le parcours du sidologue Réjean Thomas, avant d’explorer la pensée du cinéaste Bernard Émond et ses racines camusiennes. Il se penche alors successivement sur les films La neuvaine et La donation pour analyser le personnage de Jeanne Dion.

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