Dans cet article, nous proposons l’étude d’une zone peu explorée par la recherche, à savoir les entretiens individuels entre les enseignant-e-s et les familles, analysés comme une facette constitutive du travail enseignant. Nous étudions le cas d’une école maternelle à Fribourg, Suisse, caractérisée par la diversité culturelle des familles. À partir d’une approche qui met en contraste les prescriptions sur l’entretien, les objectifs et contenus déclarés par les enseignantes et le travail réellement effectué, nous décrirons les dynamiques organisationnelles ainsi que les savoirs mobilisés par les enseignantes durant les entretiens auprès des familles. Les résultats d’analyse issus d’une collecte de données de type ethnographique permettent la mise au jour d’une hypothèse a posteriori : la nature de ces savoirs semble composite; ils sont affirmés et relativisés dans l’action, en se présentant comme un système articulé par des savoirs centraux (moins négociables, plus fortement ancrés), des savoirs périphériques (plus négociables, moins fortement ancrés) et des savoirs transversaux (partagés par les enseignantes et les familles). L’interaction entre ces savoirs permettrait l’actualisation, la mutation et la circulation des différentes catégories repérées.