Recherche de compromis entre efficience, équité et protection des sols : un cas d’étude tunisien
Dans l’objectif de réduire l’érosion et d’améliorer le revenu de la population locale, un programme d'aménagement intégré comportant des ouvrages anti-érosifs et de collecte des eaux de ruissellement est actuellement mis en oeuvre à l’amont du bassin versant de Merguellil, situé au centre de la Tunisie et fermé par le barrage d’El Houareb. À l’aval du bassin se développe un large périmètre irrigué à partir d’une nappe d’eau souterraine alimentée par les écoulements provenant de l’amont et stockés par le barrage. Ce programme a entraîné une nouvelle distribution spatiale de la ressource en eau à l'échelle du bassin, en augmentant sa disponibilité à l'amont et en la réduisant à l'aval. Il en résulte que le revenu économique tiré de l’agriculture irriguée a été fortement affecté, ce qui conduit à la nécessité de cibler le niveau de réduction de l’érosion des sols. En utilisant le modèle Target MOTAD, ce travail a simulé l’impact de différents scénarios de réduction de l’érosion à l’amont sur l'amélioration du revenu social de la population locale et l’évolution du revenu économique des agriculteurs dans la plaine. Les scénarios simulés consistent à réduire l’érosion de 25 %, 50 % et 75 %.Les résultats obtenus montrent que tous les scénarios entraînent des gains de revenu pour la population de l’amont. Par contre, ils se traduisent par une perte du revenu des agriculteurs à la plaine qui devient particulièrement considérable au-delà du scénario de 50 %. Le revenu global dégagé à l’échelle du bassin (amont et aval) décroît lui aussi avec le niveau de la protection des sols, ce qui signifie que les gains obtenus à l’amont n’ont compensé que partiellement les pertes subies à l’aval.