Tant de Souvenirs renaissent en moi. J'aurai été, sans prétention, un des quelques rares à le bien connaître pendant de nombreuses années, à Strasbourg d'abord, puis à Paris, et, partant, à mieux apprécier aussi ce qu'il y avait en lui de discrétion et de pudeur, de sentiments secrets, derrière les boutades, les foucades de sa parole, de ses écrits, publics et plus encore privés, au point qu'on n'écrira bien sur sa personne et son œuvre qu'une fois dépouillée sa correspondance, abondante mais fort dispersée à travers le monde ; car il a beaucoup écrit de lettres : révélatrices de son tempérament, elles ressuscitent vraiment pour le destinataire privilégié cette Présence de Lucien Febvre, selon le titre des pages les plus délicates inspirées par l'affection à Fernand Braudel, son successeur au Collège de France d'abord, et, depuis, à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes, au seuil même de l'Hommage qu'avait essayé d'être pour ses 75 ans (en 1954) l'Eventail de l'histoire vivante.