scholarly journals Numéro 102 - mars 2013

Author(s):  
Vincent Bodart ◽  
Jean Hindriks

Ce numéro de Regards économiques montre qu'il existe en Belgique une inégalité d'inflation entre les ménages de niveaux de revenu et d'âges différents. Ainsi, nous montrons que l'inflation est la plus élevée pour les ménages à faible revenu et pour les ménages âgés, ce qui suggère que notre système d'indexation protège moins bien les ménages les plus vulnérables. Nous trouvons également que, sur la période étudiée (2001-2011), les inégalités d'inflation ont augmenté, principalement en raison de la forte hausse des prix de l'énergie entre 2004 et 2008. Un mécanisme de protection comme les chèques mazout semble donc tout à fait justifié. Dans cette étude, nous tentons de calculer l'inflation par groupe de ménages en distinguant les ménages selon leur revenu et selon leur âge. Pour mesurer l'inflation au plus juste, il ne s'agit pas seulement de suivre les prix et leurs évolutions, mais aussi les tendances en matière de consommation des différents groupes de ménage. Dans la mesure où les profils de consommation changent avec le revenu et avec l'âge, on doit s'attendre à ce que l'inflation soit différente pour chaque catégorie de ménage. Notre analyse porte sur la période 2001-2011. Les ménages sont regroupés, d'une part, selon dix catégories de revenu pour mesurer l'inflation selon le revenu et, d'autre part, par catégorie d'âge pour mesurer l'inflation selon l'âge. Dans le premier cas, nous montrons que l'inflation était décroissante avec le revenu. Les ménages de la 1re catégorie de revenu (les plus pauvres) ont une inflation totale sur la période 2001-2011 qui est proche de 32 % alors que l'inflation totale supportée par les ménages de la 10e catégorie (les plus riches) sur la même période est de 26 %. Dans le second cas, pour ce qui concerne l'âge, nous montrons que l'inflation est d'abord décroissante avec l'âge pour ensuite remonter avec l'âge à partir de 55 ans. L'inflation supportée entre 2001 et 2011 par les ménages de 70 ans et plus atteint 32 % contre une inflation de 25 % pour les ménages entre 25-34 ans. Nous analysons ensuite la contribution de chaque groupe de produits à ces écarts d'inflation entre les différentes catégories de ménage. Pour les écarts selon le revenu, les dépenses liées au logement sont la principale raison d'un surcroît d'inflation pour les bas revenus. Pour les écarts selon l'âge, les dépenses d'alimentation sont la principale source du surcroît d'inflation pour les ménages plus âgés (et non les dépenses de santé contrairement à ce que l'on aurait pu penser). Nous comparons aussi l'inflation des ménages à la croissance de l'indice santé qui est utilisé pour l'indexation des salaires, des traitements et des allocations sociales. Nous montrons que sur la période 2001-2011, l'indexation (mesurée par l'indice santé) est de 24 % ce qui signifie une perte de pouvoir d'achat potentielle de 9 % en dix ans pour les ménages les plus pauvres et les ménages de 70 ans et plus. Notre système d'indexation semble donc moins bien protéger les ménages les plus vulnérables. Enfin, nos résultats tendent à montrer que les fortes hausses des prix de l'énergie entre 2004 et 2008, mais aussi plus récemment depuis 2010, ont contribué à creuser les inégalités d'inflation. Notre analyse suggère donc qu'il est extrêmement judicieux de mettre en place des systèmes tels que «les chèques mazout» pour protéger le pouvoir d'achat des plus vulnérables contre les hausses des prix de l'énergie.

Author(s):  
Vincent Bodart ◽  
Jean Hindriks

Ce numéro de Regards économiques montre qu'il existe en Belgique une inégalité d'inflation entre les ménages de niveaux de revenu et d'âges différents. Ainsi, nous montrons que l'inflation est la plus élevée pour les ménages à faible revenu et pour les ménages âgés, ce qui suggère que notre système d'indexation protège moins bien les ménages les plus vulnérables. Nous trouvons également que, sur la période étudiée (2001-2011), les inégalités d'inflation ont augmenté, principalement en raison de la forte hausse des prix de l'énergie entre 2004 et 2008. Un mécanisme de protection comme les chèques mazout semble donc tout à fait justifié. Dans cette étude, nous tentons de calculer l'inflation par groupe de ménages en distinguant les ménages selon leur revenu et selon leur âge. Pour mesurer l'inflation au plus juste, il ne s'agit pas seulement de suivre les prix et leurs évolutions, mais aussi les tendances en matière de consommation des différents groupes de ménage. Dans la mesure où les profils de consommation changent avec le revenu et avec l'âge, on doit s'attendre à ce que l'inflation soit différente pour chaque catégorie de ménage. Notre analyse porte sur la période 2001-2011. Les ménages sont regroupés, d'une part, selon dix catégories de revenu pour mesurer l'inflation selon le revenu et, d'autre part, par catégorie d'âge pour mesurer l'inflation selon l'âge. Dans le premier cas, nous montrons que l'inflation était décroissante avec le revenu. Les ménages de la 1re catégorie de revenu (les plus pauvres) ont une inflation totale sur la période 2001-2011 qui est proche de 32 % alors que l'inflation totale supportée par les ménages de la 10e catégorie (les plus riches) sur la même période est de 26 %. Dans le second cas, pour ce qui concerne l'âge, nous montrons que l'inflation est d'abord décroissante avec l'âge pour ensuite remonter avec l'âge à partir de 55 ans. L'inflation supportée entre 2001 et 2011 par les ménages de 70 ans et plus atteint 32 % contre une inflation de 25 % pour les ménages entre 25-34 ans. Nous analysons ensuite la contribution de chaque groupe de produits à ces écarts d'inflation entre les différentes catégories de ménage. Pour les écarts selon le revenu, les dépenses liées au logement sont la principale raison d'un surcroît d'inflation pour les bas revenus. Pour les écarts selon l'âge, les dépenses d'alimentation sont la principale source du surcroît d'inflation pour les ménages plus âgés (et non les dépenses de santé contrairement à ce que l'on aurait pu penser). Nous comparons aussi l'inflation des ménages à la croissance de l'indice santé qui est utilisé pour l'indexation des salaires, des traitements et des allocations sociales. Nous montrons que sur la période 2001-2011, l'indexation (mesurée par l'indice santé) est de 24 % ce qui signifie une perte de pouvoir d'achat potentielle de 9 % en dix ans pour les ménages les plus pauvres et les ménages de 70 ans et plus. Notre système d'indexation semble donc moins bien protéger les ménages les plus vulnérables. Enfin, nos résultats tendent à montrer que les fortes hausses des prix de l'énergie entre 2004 et 2008, mais aussi plus récemment depuis 2010, ont contribué à creuser les inégalités d'inflation. Notre analyse suggère donc qu'il est extrêmement judicieux de mettre en place des systèmes tels que «les chèques mazout» pour protéger le pouvoir d'achat des plus vulnérables contre les hausses des prix de l'énergie.


Author(s):  
Susan McDaniel ◽  
Amber Gazso

RÉSUMÉLe vieillissement, à travers la lentille de l'individualisation, démontre des changements, tant dans la composition de la famille et le sens de la famille et du soutien. Les familles à faible revenu qui – pour survivre – aussi choisissent parfois de nouvelles relations flexibles de soutien social, y compris les parents et non-parents : celles sont les familles vieillissantes par choix. En appliquant le concept de liminalité (états transitoires de l’être), créé par l’individualisation, nous avons exploré les expériences de liens étroits dans les familles à faible revenu constitutées de parents et membres non-parents vieillissants. Des entretiens qualitatifs avec des répondants représentant deux ou trois générations de familles vieillissantes par choix ont montré comment ces familles perçoivent les sens de la famille et du soutien social. Nous trouvons que la reciprocité est moins essentielle aux rapports entre les plus vieux et les plus jeunes dans les réseaux familiaux que l’on pourrait s’attendre. La liminalité façonne les sens et les échanges dans les familles vieillissantes à faible revenu par choix, de sorte que n’importe la façon dont les relations soient-elles ténues, elles procurent un sentiment d’appartenance et de la signification.


2018 ◽  
Vol 20 (2) ◽  
pp. 134-156
Author(s):  
Nicolas BOITOUT ◽  
Fabrice HERVÉ ◽  
Mohamed ZOUAOUI
Keyword(s):  

Dans cet article, nous développons une nouvelle mesure du sentiment des investisseurs en Europe à partir d’une analyse de contenus d’articles issus du Financial Times. Dans la lignée des travaux de finance comportementale, nous trouvons que notre mesure du sentiment influence la performance boursière des entreprises difficiles à évaluer et à arbitrer. Par ailleurs, nous montrons que la culture nationale influence le lien entre sentiment des investisseurs et rentabilités boursières. L’impact du sentiment se révèle plus prononcé pour les pays les plus culturellement enclins à des comportements de sur-réaction ou grégaires.


Author(s):  
Vincent Bodart ◽  
Jean Hindriks
Keyword(s):  
Il Y A ◽  

Selon les résultats d’une étude présentée il y a plusieurs mois par le Centre de recherche et d’information des organisations de consommateurs (CRIOC) et l’Observatoire du crédit et de l’endettement (OCE), le pouvoir d’achat des fonctionnaires a, au cours des dix dernières années, diminué de 2,28 %, celui des salariés de 2,08 % et celui des ménages défavorisés comptant deux adultes et deux enfants de 3,2 %. Durant cette même décennie, les prix ont progressé de 19 %. «La plupart des biens alimentaires et de consommation courante ont connu une augmentation de prix supérieure à la moyenne», indiquent le CRIOC et l’Observatoire. Par exemple, le prix des pommes de terre a augmenté de 76 %, celui du poisson de 29 %, les fruits frais de 26 %, le pain de 24 % et la viande de 19 %. Entre 1995 et 2005, pour un chef de ménage bénéficiant d’une allocation de chômage, le prix du mazout a augmenté huit fois plus vite que son revenu. Selon le CRIOC et l’OCE, depuis plusieurs années, la liaison des salaires à l’index (l’indice des prix à la consommation) ne serait plus un rempart contre la flambée des prix. La principale conclusion de l’étude est que l’inflation au cours des dernières années a provoqué des pertes de pouvoir d’achat, lesquelles ont été les plus fortes pour les individus ou les ménages avec peu de revenu. En Belgique, comme dans de nombreux pays, l’indice général des prix à la consommation est l’outil «officiel» qui sert à mesurer l’évolution du coût de la vie. Une critique souvent adressée à l’encontre de ce type d’indice, qui est en fait celle du CRIOC et l’OCE, est de considérer que cet indice ne rend pas compte correctement de l’évolution du coût de la vie supporté réellement par chaque individu ou chaque ménage, dans la mesure où cet indice est calculé pour un ménage représentatif. Ainsi, comme le suggèrent le CRIOC et l’OCE, il créerait notamment un biais dans la mesure de l’inflation des plus pauvres par rapport à celle des plus riches. De fait, l’indice général des prix à la consommation est construit de façon telle qu’il reflète davantage l’évolution du coût de la vie des plus riches que celle des plus pauvres. C’est pourquoi, dans la littérature économique, on qualifie cet indice de «plutocratique». Dans les numéros 45 et 46 de Regards Economiques, nous montrons toutefois que la critique qui vient d’être mentionnée se révèle, dans les faits, excessive. Nous montrons dans Regards économiques 46 que l’évolution du coût de la vie a été relativement similaire pour les différentes classes de revenu sur la période 1998-2005, et ceci alors que l’on observe effectivement des différences sensibles dans la composition de la consommation en fonction du niveau de revenu. Durant cette période, le coût de la vie, mesuré par l’indice général des prix, a ainsi augmenté de 14,6 % pour les ménages à faible revenu et il a augmenté de 13,8 % pour les ménages à plus haut revenu. L’indexation des salaires sur un indice général des prix à la consommation n’aurait donc pas été préjudiciable au maintien du pouvoir d’achat des ménages à faible revenu. Ce résultat, qui est en profond désaccord avec l’étude publiée à grand bruit par le CRIOC, s’explique de la façon suivante. D’une part, il est dû au fait que le prix de nombreux produits, qui représentent une proportion importante des biens et services achetés par les ménages, augmente à des rythmes de croissance assez proches. A titre d’exemple, de 2004 à 2005, le prix de la moitié des 78 produits retenus pour notre analyse a augmenté à un taux compris entre 1 % et 3 %. D’autre part, il s’explique par des «effets de compensation»: par exemple, en 2005, les faibles revenus ont surtout souffert de l’impact de la hausse des charges d’habitation (loyers, chauffage, ..) tandis que les hauts revenus ont souffert de la hausse du prix des biens culturels et de loisirs.


2009 ◽  
Vol 84 (1) ◽  
pp. 5-46 ◽  
Author(s):  
Jean-Yves Duclos ◽  
Bernard Fortin ◽  
Andrée-Anne Fournier
Keyword(s):  

Résumé Cet article dresse un portrait de la situation des taux marginaux effectifs d’imposition (TMEI) sur le revenu de travail au Québec. Il vise à permettre une meilleure compréhension de l’impact des politiques gouvernementales sur le comportement des agents économiques sur le marché de la main-d’oeuvre. À l’aide d’un modèle de microsimulation comptable reproduisant les systèmes d’impôts et de transferts au Québec pour 2002, nous mesurons les TMEI qui résultent de l’interaction des mécanismes de perception et de redistribution. En outre, nous en évaluons la répartition au sein de la population. L’analyse de ces taux démontre, entre autres, que la politique familiale du gouvernement, dont l’aide est ciblée vers les familles à faible revenu, engendre des TMEI élevés attribuables à la réduction généralement rapide des transferts avec le revenu de travail Ainsi, plus du quart des chefs de famille monoparentale ont un TMEI pouvant atteindre, et même excéder, 80 %. Quant aux familles biparentales, elles font majoritairement face à un TMEI qui approche 50 %. Nous montrons l’importance de tenir compte de l’hétérogénéité, à la fois selon les types de familles et selon les niveaux de revenu, de manière à bien évaluer la variabilité des TMEI à travers la population.


Author(s):  
Serge Wibaut

Dans ce numéro de Regards économiques, nous montrons comment la crise des prêts hypothécaires (crise des subprimes) aux Etats-Unis a ébranlé l’ensemble du système financier international. L’octroi des créances à des ménages à faible revenu s’est déroulé dans un paysage fortement modifié depuis la fin des années 80. Le secteur financier devenu fortement endetté, encouragé en cela par des taux d’intérêt bas, un immense accroissement de liquidités sur les marchés et une réglementation parfois trop laxiste, s’est en outre souvent appuyé sur des montage financiers complexes, que ce soit via des produits dérivés ou des opérations de titrisation, pour améliorer sa rentabilité. L’introduction de techniques mathématiques sophistiquées pour mesurer leurs risques a probablement aussi donné aux financiers un faux sentiment de sécurité, diminuant en cela l’aversion au risque. Enfin, de nouveaux acteurs, les hedge funds, agissant en-dehors de toute réglementation, ont eu tendance à spéculer fortement sur les marchés au cours des 20 dernières années exacerbant toute tendance fondamentale sur les marchés financiers. La crise des subprimes démarre dans le courant de l’année 2006 et se déroule tout au long de l’année 2007 pour atteindre son paroxysme à l’automne 2008 où de nombreuses banques tombent en faillite ou doivent faire appel à leur Etat respectif pour renflouer leurs fonds propres. Différentes leçons peuvent être tirées de cette crise (qui n’a pas encore connu son épilogue) : il faut revoir la réglementation bancaire que ce soit sur le niveau d’endettement des banques (que l’on doit limiter) ou sur leurs ratios de liquidité. Trop de banques n’ont pas suivi des règles de gestion bilantaire élémentaires et de simple bon sens : il faut donc les limiter dans les excès qu’elles peuvent commettre; au-delà d’une meilleure coordination internationale entre les contrôleurs prudentiels des institutions financières, la manière de travailler de ceux-ci doit être revue. Ils se sont trop souvent tenus très éloignés de la réalité du terrain ou laissés apaiser par les discours lénifiant de certains banquiers; il faut absolument mettre en place un contrôle des hedges funds et, à tout le moins, vis-à-vis de ceux suffisamment grands que pour faire courir un risque systémique au monde financier; la composition des conseils d’administration de certaines banques a trop souvent été inadéquate : ne faudrait-il pas imposer des spécialistes de la gestion des risques sur ces conseils ?; certaines règles comptables doivent être revues, en particulier celles qui concernent l’évaluation des instruments s’échangeant sur des marchés très peu liquides. Ces règles sont actuellement trop rigides et poussent les banques à afficher des pertes qui ne se matérialiseront peut-être pas; il faut revoir la législation en matière de conglomérats financiers : le rapprochement de banques de détail, de banques d’affaires, d’assurance et de gestionnaire d’actifs au sein d’une même enseigne ne sert pas au mieux les intérêts des clients et peut faire courir des risques similaires à ceux que le monde a couru pendant la crise des années 30; les agences de rating (ou agences de notation), qui portent une lourde part de responsabilité dans la crise actuelle, doivent devenir plus transparentes dans leurs méthodes de travail et leur système de rémunération devrait être réexaminé.


Author(s):  
Serge Wibaut

Dans ce numéro de Regards économiques, nous montrons comment la crise des prêts hypothécaires (crise des subprimes) aux Etats-Unis a ébranlé l’ensemble du système financier international. L’octroi des créances à des ménages à faible revenu s’est déroulé dans un paysage fortement modifié depuis la fin des années 80. Le secteur financier devenu fortement endetté, encouragé en cela par des taux d’intérêt bas, un immense accroissement de liquidités sur les marchés et une réglementation parfois trop laxiste, s’est en outre souvent appuyé sur des montage financiers complexes, que ce soit via des produits dérivés ou des opérations de titrisation, pour améliorer sa rentabilité. L’introduction de techniques mathématiques sophistiquées pour mesurer leurs risques a probablement aussi donné aux financiers un faux sentiment de sécurité, diminuant en cela l’aversion au risque. Enfin, de nouveaux acteurs, les hedge funds, agissant en-dehors de toute réglementation, ont eu tendance à spéculer fortement sur les marchés au cours des 20 dernières années exacerbant toute tendance fondamentale sur les marchés financiers. La crise des subprimes démarre dans le courant de l’année 2006 et se déroule tout au long de l’année 2007 pour atteindre son paroxysme à l’automne 2008 où de nombreuses banques tombent en faillite ou doivent faire appel à leur Etat respectif pour renflouer leurs fonds propres. Différentes leçons peuvent être tirées de cette crise (qui n’a pas encore connu son épilogue) : il faut revoir la réglementation bancaire que ce soit sur le niveau d’endettement des banques (que l’on doit limiter) ou sur leurs ratios de liquidité. Trop de banques n’ont pas suivi des règles de gestion bilantaire élémentaires et de simple bon sens : il faut donc les limiter dans les excès qu’elles peuvent commettre; au-delà d’une meilleure coordination internationale entre les contrôleurs prudentiels des institutions financières, la manière de travailler de ceux-ci doit être revue. Ils se sont trop souvent tenus très éloignés de la réalité du terrain ou laissés apaiser par les discours lénifiant de certains banquiers; il faut absolument mettre en place un contrôle des hedges funds et, à tout le moins, vis-à-vis de ceux suffisamment grands que pour faire courir un risque systémique au monde financier; la composition des conseils d’administration de certaines banques a trop souvent été inadéquate : ne faudrait-il pas imposer des spécialistes de la gestion des risques sur ces conseils ?; certaines règles comptables doivent être revues, en particulier celles qui concernent l’évaluation des instruments s’échangeant sur des marchés très peu liquides. Ces règles sont actuellement trop rigides et poussent les banques à afficher des pertes qui ne se matérialiseront peut-être pas; il faut revoir la législation en matière de conglomérats financiers : le rapprochement de banques de détail, de banques d’affaires, d’assurance et de gestionnaire d’actifs au sein d’une même enseigne ne sert pas au mieux les intérêts des clients et peut faire courir des risques similaires à ceux que le monde a couru pendant la crise des années 30; les agences de rating (ou agences de notation), qui portent une lourde part de responsabilité dans la crise actuelle, doivent devenir plus transparentes dans leurs méthodes de travail et leur système de rémunération devrait être réexaminé.


Author(s):  
Vincent Bodart ◽  
Jean Hindriks
Keyword(s):  
Il Y A ◽  

Selon les résultats d’une étude présentée il y a plusieurs mois par le Centre de recherche et d’information des organisations de consommateurs (CRIOC) et l’Observatoire du crédit et de l’endettement (OCE), le pouvoir d’achat des fonctionnaires a, au cours des dix dernières années, diminué de 2,28 %, celui des salariés de 2,08 % et celui des ménages défavorisés comptant deux adultes et deux enfants de 3,2 %. Durant cette même décennie, les prix ont progressé de 19 %. «La plupart des biens alimentaires et de consommation courante ont connu une augmentation de prix supérieure à la moyenne», indiquent le CRIOC et l’Observatoire. Par exemple, le prix des pommes de terre a augmenté de 76 %, celui du poisson de 29 %, les fruits frais de 26 %, le pain de 24 % et la viande de 19 %. Entre 1995 et 2005, pour un chef de ménage bénéficiant d’une allocation de chômage, le prix du mazout a augmenté huit fois plus vite que son revenu. Selon le CRIOC et l’OCE, depuis plusieurs années, la liaison des salaires à l’index (l’indice des prix à la consommation) ne serait plus un rempart contre la flambée des prix. La principale conclusion de l’étude est que l’inflation au cours des dernières années a provoqué des pertes de pouvoir d’achat, lesquelles ont été les plus fortes pour les individus ou les ménages avec peu de revenu. En Belgique, comme dans de nombreux pays, l’indice général des prix à la consommation est l’outil «officiel» qui sert à mesurer l’évolution du coût de la vie. Une critique souvent adressée à l’encontre de ce type d’indice, qui est en fait celle du CRIOC et l’OCE, est de considérer que cet indice ne rend pas compte correctement de l’évolution du coût de la vie supporté réellement par chaque individu ou chaque ménage, dans la mesure où cet indice est calculé pour un ménage représentatif. Ainsi, comme le suggèrent le CRIOC et l’OCE, il créerait notamment un biais dans la mesure de l’inflation des plus pauvres par rapport à celle des plus riches. De fait, l’indice général des prix à la consommation est construit de façon telle qu’il reflète davantage l’évolution du coût de la vie des plus riches que celle des plus pauvres. C’est pourquoi, dans la littérature économique, on qualifie cet indice de «plutocratique». Dans les numéros 45 et 46 de Regards Economiques, nous montrons toutefois que la critique qui vient d’être mentionnée se révèle, dans les faits, excessive. Nous montrons dans Regards économiques 46 que l’évolution du coût de la vie a été relativement similaire pour les différentes classes de revenu sur la période 1998-2005, et ceci alors que l’on observe effectivement des différences sensibles dans la composition de la consommation en fonction du niveau de revenu. Durant cette période, le coût de la vie, mesuré par l’indice général des prix, a ainsi augmenté de 14,6 % pour les ménages à faible revenu et il a augmenté de 13,8 % pour les ménages à plus haut revenu. L’indexation des salaires sur un indice général des prix à la consommation n’aurait donc pas été préjudiciable au maintien du pouvoir d’achat des ménages à faible revenu. Ce résultat, qui est en profond désaccord avec l’étude publiée à grand bruit par le CRIOC, s’explique de la façon suivante. D’une part, il est dû au fait que le prix de nombreux produits, qui représentent une proportion importante des biens et services achetés par les ménages, augmente à des rythmes de croissance assez proches. A titre d’exemple, de 2004 à 2005, le prix de la moitié des 78 produits retenus pour notre analyse a augmenté à un taux compris entre 1 % et 3 %. D’autre part, il s’explique par des «effets de compensation»: par exemple, en 2005, les faibles revenus ont surtout souffert de l’impact de la hausse des charges d’habitation (loyers, chauffage, ..) tandis que les hauts revenus ont souffert de la hausse du prix des biens culturels et de loisirs.


Author(s):  
Vincent Bodart ◽  
Jean Hindriks
Keyword(s):  
Il Y A ◽  

Selon les résultats d’une étude présentée il y a plusieurs mois par le Centre de recherche et d’information des organisations de consommateurs (CRIOC) et l’Observatoire du crédit et de l’endettement (OCE), le pouvoir d’achat des fonctionnaires a, au cours des dix dernières années, diminué de 2,28 %, celui des salariés de 2,08 % et celui des ménages défavorisés comptant deux adultes et deux enfants de 3,2 %. Durant cette même décennie, les prix ont progressé de 19 %. «La plupart des biens alimentaires et de consommation courante ont connu une augmentation de prix supérieure à la moyenne», indiquent le CRIOC et l’Observatoire. Par exemple, le prix des pommes de terre a augmenté de 76 %, celui du poisson de 29 %, les fruits frais de 26 %, le pain de 24 % et la viande de 19 %. Entre 1995 et 2005, pour un chef de ménage bénéficiant d’une allocation de chômage, le prix du mazout a augmenté huit fois plus vite que son revenu. Selon le CRIOC et l’OCE, depuis plusieurs années, la liaison des salaires à l’index (l’indice des prix à la consommation) ne serait plus un rempart contre la flambée des prix. La principale conclusion de l’étude est que l’inflation au cours des dernières années a provoqué des pertes de pouvoir d’achat, lesquelles ont été les plus fortes pour les individus ou les ménages avec peu de revenu. En Belgique, comme dans de nombreux pays, l’indice général des prix à la consommation est l’outil «officiel» qui sert à mesurer l’évolution du coût de la vie. Une critique souvent adressée à l’encontre de ce type d’indice, qui est en fait celle du CRIOC et l’OCE, est de considérer que cet indice ne rend pas compte correctement de l’évolution du coût de la vie supporté réellement par chaque individu ou chaque ménage, dans la mesure où cet indice est calculé pour un ménage représentatif. Ainsi, comme le suggèrent le CRIOC et l’OCE, il créerait notamment un biais dans la mesure de l’inflation des plus pauvres par rapport à celle des plus riches. De fait, l’indice général des prix à la consommation est construit de façon telle qu’il reflète davantage l’évolution du coût de la vie des plus riches que celle des plus pauvres. C’est pourquoi, dans la littérature économique, on qualifie cet indice de «plutocratique». Dans les numéros 45 et 46 de Regards Economiques, nous montrons toutefois que la critique qui vient d’être mentionnée se révèle, dans les faits, excessive. Nous montrons dans Regards économiques 46 que l’évolution du coût de la vie a été relativement similaire pour les différentes classes de revenu sur la période 1998-2005, et ceci alors que l’on observe effectivement des différences sensibles dans la composition de la consommation en fonction du niveau de revenu. Durant cette période, le coût de la vie, mesuré par l’indice général des prix, a ainsi augmenté de 14,6 % pour les ménages à faible revenu et il a augmenté de 13,8 % pour les ménages à plus haut revenu. L’indexation des salaires sur un indice général des prix à la consommation n’aurait donc pas été préjudiciable au maintien du pouvoir d’achat des ménages à faible revenu. Ce résultat, qui est en profond désaccord avec l’étude publiée à grand bruit par le CRIOC, s’explique de la façon suivante. D’une part, il est dû au fait que le prix de nombreux produits, qui représentent une proportion importante des biens et services achetés par les ménages, augmente à des rythmes de croissance assez proches. A titre d’exemple, de 2004 à 2005, le prix de la moitié des 78 produits retenus pour notre analyse a augmenté à un taux compris entre 1 % et 3 %. D’autre part, il s’explique par des «effets de compensation»: par exemple, en 2005, les faibles revenus ont surtout souffert de l’impact de la hausse des charges d’habitation (loyers, chauffage, ..) tandis que les hauts revenus ont souffert de la hausse du prix des biens culturels et de loisirs.


Author(s):  
Vincent Bodart ◽  
Jean Hindriks
Keyword(s):  
Il Y A ◽  

Selon les résultats d’une étude présentée il y a plusieurs mois par le Centre de recherche et d’information des organisations de consommateurs (CRIOC) et l’Observatoire du crédit et de l’endettement (OCE), le pouvoir d’achat des fonctionnaires a, au cours des dix dernières années, diminué de 2,28 %, celui des salariés de 2,08 % et celui des ménages défavorisés comptant deux adultes et deux enfants de 3,2 %. Durant cette même décennie, les prix ont progressé de 19 %. «La plupart des biens alimentaires et de consommation courante ont connu une augmentation de prix supérieure à la moyenne», indiquent le CRIOC et l’Observatoire. Par exemple, le prix des pommes de terre a augmenté de 76 %, celui du poisson de 29 %, les fruits frais de 26 %, le pain de 24 % et la viande de 19 %. Entre 1995 et 2005, pour un chef de ménage bénéficiant d’une allocation de chômage, le prix du mazout a augmenté huit fois plus vite que son revenu. Selon le CRIOC et l’OCE, depuis plusieurs années, la liaison des salaires à l’index (l’indice des prix à la consommation) ne serait plus un rempart contre la flambée des prix. La principale conclusion de l’étude est que l’inflation au cours des dernières années a provoqué des pertes de pouvoir d’achat, lesquelles ont été les plus fortes pour les individus ou les ménages avec peu de revenu. En Belgique, comme dans de nombreux pays, l’indice général des prix à la consommation est l’outil «officiel» qui sert à mesurer l’évolution du coût de la vie. Une critique souvent adressée à l’encontre de ce type d’indice, qui est en fait celle du CRIOC et l’OCE, est de considérer que cet indice ne rend pas compte correctement de l’évolution du coût de la vie supporté réellement par chaque individu ou chaque ménage, dans la mesure où cet indice est calculé pour un ménage représentatif. Ainsi, comme le suggèrent le CRIOC et l’OCE, il créerait notamment un biais dans la mesure de l’inflation des plus pauvres par rapport à celle des plus riches. De fait, l’indice général des prix à la consommation est construit de façon telle qu’il reflète davantage l’évolution du coût de la vie des plus riches que celle des plus pauvres. C’est pourquoi, dans la littérature économique, on qualifie cet indice de «plutocratique». Dans les numéros 45 et 46 de Regards Economiques, nous montrons toutefois que la critique qui vient d’être mentionnée se révèle, dans les faits, excessive. Nous montrons dans Regards économiques 46 que l’évolution du coût de la vie a été relativement similaire pour les différentes classes de revenu sur la période 1998-2005, et ceci alors que l’on observe effectivement des différences sensibles dans la composition de la consommation en fonction du niveau de revenu. Durant cette période, le coût de la vie, mesuré par l’indice général des prix, a ainsi augmenté de 14,6 % pour les ménages à faible revenu et il a augmenté de 13,8 % pour les ménages à plus haut revenu. L’indexation des salaires sur un indice général des prix à la consommation n’aurait donc pas été préjudiciable au maintien du pouvoir d’achat des ménages à faible revenu. Ce résultat, qui est en profond désaccord avec l’étude publiée à grand bruit par le CRIOC, s’explique de la façon suivante. D’une part, il est dû au fait que le prix de nombreux produits, qui représentent une proportion importante des biens et services achetés par les ménages, augmente à des rythmes de croissance assez proches. A titre d’exemple, de 2004 à 2005, le prix de la moitié des 78 produits retenus pour notre analyse a augmenté à un taux compris entre 1 % et 3 %. D’autre part, il s’explique par des «effets de compensation»: par exemple, en 2005, les faibles revenus ont surtout souffert de l’impact de la hausse des charges d’habitation (loyers, chauffage, ..) tandis que les hauts revenus ont souffert de la hausse du prix des biens culturels et de loisirs.


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