Regards économiques
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Published By Universite Catholique De Louvain

2033-3013

Author(s):  
Pierre Devolder
Keyword(s):  

Diverses études macroéconomiques ont été publiées ces derniers mois, relatives au deuxième pilier de pension en Belgique (pilier des pensions complémentaires formé des assurances de groupe et des fonds de pension), notamment de la part de la Cour des Comptes et du Bureau Fédéral du Plan. Un des objectifs de ces analyses a été de tenter d’évaluer le coût pour l’Etat des avantages fiscaux et parafiscaux accordés aux affiliés de ce deuxième pilier. En effet, le deuxième pilier jouit d’un traitement fiscal et parafiscal particulier visant notamment à encourager, dans le contexte du vieillissement bien connu, l’épargne retraite à long terme. Ces études ont aussi porté sur le caractère plus ou moins inégalitaire de ce deuxième pilier dans sa configuration actuelle. S’il faut saluer ces analyses qui manquaient jusqu’à présent, et qui enrichissent le débat sur les pensions, il n’est pas inutile par ailleurs d’en examiner la méthodologie et d’en discuter les principes. Ces études sont ainsi caractérisées par une approche budgétaire qui vise à comparer, une année donnée, les avantages accordés (principalement des cotisations sociales à taux réduit et la déductibilité des contributions versées) et les taxes prélevées (principalement la taxation des prestations obtenues à la retraite). Cette approche peut se comprendre dans une vision purement comptable mais elle ne prend pas en compte la dynamique de long terme intrinsèque à la constitution de pension : les contributions d’aujourd’hui payées pendant la durée d’activité sont le pendant des prestations de demain à la retraite, pas des prestations payées aujourd’hui ! Ce phénomène est d’autant plus marqué que le deuxième pilier belge est en pleine mutation depuis la loi de 2003 sur les pensions complémentaires. Un deuxième point d’attention est que ces évaluations ont été faites sur le seul deuxième pilier, sans prise en compte d’interactions avec le premier pilier. Notre étude vise à pallier à ces critiques; nous mesurons les avantages fiscaux et parafiscaux du deuxième pilier pour travailleurs salariés, d’une part tout au long du cycle de vie d’un individu et d’autre part en intégrant les liens avec le premier pilier. En particulier, nous avons voulu mettre en parallèle aux avantages accordés aux affiliés du deuxième pilier, la taxe implicite résultant du mode de financement particulier à la Belgique de nos pensions légales de premier pilier pour salariés. En effet, si, comme dans la plupart des pays, un plafond de rémunération existe pour la détermination de la pension légale (actuellement de l’ordre de 61.000 €), ce plafond ne joue pas en Belgique, contrairement aux autres pays, pour le calcul des cotisations sociales. Les salariés se voient ainsi prélever sur la partie de leur salaire au-dessus du plafond des cotisations sans aucune ouverture de droit. On pourrait ainsi dire, en regardant l’ensemble des pensions d’un salarié, que l’Etat donne d’une main par les avantages au deuxième pilier ce qu’il reprend de l’autre par cette taxe de premier pilier. L’étude chiffre ces effets sur la base de différentes hypothèses portant notamment sur le profil d ‘un affilié type et d’un plan de pension de référence; des études de sensibilité sont ensuite présentées. Ainsi, pour le profil individuel de référence choisi, le coût brut annuel moyen du seul deuxième pilier s’élève à 47 % des contributions de ce deuxième pilier. L’étude du Bureau du plan mettait en évidence un coût annuel du deuxième pilier des salariés de 2,1 milliards sur 3,988 milliards de contributions (soit 53 %). Si on tient compte des effets sur le premier pilier, principalement la taxe implicite mentionnée ci avant, le coût est diminué de plus de moitié, passant à 21 % des contributions. L’étude met également en évidence les effets de solidarité et illustre que si les avantages de deuxième pilier analysé isolément croissent avec le salaire, notre système global de pension premier et deuxième pilier reste bien largement solidaire du fait principalement de la présence de cette taxe implicite. télécharger l'annexe technique


Author(s):  
Gautier Attanasi ◽  
Arno Baurin ◽  
Vincent Bodart ◽  
François Courtoy ◽  
Guillaume Dallemagne ◽  
...  
Keyword(s):  
Il Y A ◽  

Après avoir connu un coup d’arrêt au dernier trimestre 2020, la reprise de l’économie belge apparaît à nouveau bien enclenchée depuis le début de l’année en cours.  Entre décembre 2020 et mars 2021, l’économie belge a progressé de 1 % et, selon nos prévisions, sa progression fut de 1,3 % au deuxième trimestre.   La croissance de l’économie belge devrait encore se renforcer durant la seconde partie de l’année.  L’environnement économique international est à nouveau dynamique, tandis que la couverture vaccinale a fortement augmenté en Belgique, autorisant la réouverture de la plupart des activités économiques qui, il y a peu, étaient encore sous le coup des restrictions sanitaires. Dans ce contexte, la confiance des ménages et des entreprises belges a connu un rebond spectaculaire au cours des derniers mois.  Pour autant que la situation sanitaire demeure sous contrôle, le redressement de l’économie belge se poursuivrait en 2022, mais à un rythme plus modéré.    Selon ces perspectives, l’économie belge progresserait de 5,8 % en 2021 et de 3,6 % en 2022.  Elle retrouverait son niveau d’avant crise au dernier trimestre 2021 mais, fin 2022, le niveau du PIB serait encore inférieur d’environ 1,5 % par rapport au niveau auquel il se serait situé sans l’éclatement de la crise économique et sanitaire. Des créations d’emplois significatives sont attendues sur la période de projection mais l’amélioration du chômage serait plus modeste. Résumé des prévisions pour la Belgique  L'économie belge devrait croître de 5,8% en 2021 et 3,6% en 2022.  L'emploi augmenterait d'environ 32.000 unités en 2021 et 18.000 unités en 2022.  Le nombre de demandeurs d'emploi diminuerait de 10.000 unités en 2021, mais il augmenterait de 9.000 unités en 2022.  L'inflation générale des prix à la consommation s'élèverait de 1,6% en 2021 et 2,0% en 2022.  Le déficit budgétaire des administrations publiques atteindrait 6,8% en 2021 et 3,8% en 2022. 


Author(s):  
Isabelle Hansez ◽  
Laurent Taskin ◽  
Jacques-François Thisse

Dans ce numéro spécial de Regards économiques, trois expertises dialoguent afin d’offrir une compréhension multidisciplinaire du «télétravail» aujourd’hui et demain : D’un point de vue économique, la question clé demeure celle de l’incidence d’une pratique intensive de télétravail à domicile sur la mobilité, les villes et l’économie dans son ensemble. Le gain espéré de productivité au travail sous-tend le développement du télétravail. Souvent déclaré, mais rarement mesuré de façon précise, des rares études montrent néanmoins une relation de cause à effet entre la pratique du travail à domicile et un surcroît de productivité au travail. Mais, qu’en sera-t-il demain sur le long terme ? Et quel impact une pratique plus forte du télétravail peut-elle avoir sur la demande et l’offre immobilières dans les villes et sur les marchés locaux du travail ? Ce sont quelques-unes des analyses développées par Jacques-François Thisse, professeur émérite d’économie à l’UCLouvain. Du point de vue des organisations et du management, la pratique du télétravail a conduit à revisiter les processus de régulation du rapport au travail (tels que le contrôle et l’autonomie au travail, les styles de management, l’identité au travail, la productivité et l’équilibre entre sphères privée et professionnelle). Autre enjeu pour les entreprises ? La gestion de la distance sur les comportements au travail (notamment l’hyper connexion ou l’invisibilisation). Selon Laurent Taskin, professeur en sciences de gestion à l’UCLouvain, le futur verra s’intensifier le télétravail. L’enjeu organisationnel et managérial clé de l’après-covid sera donc de réinventer de nouvelles routines de travail autour de la présence, là où c’était la distance qui était régulée avant la crise covid. C’est cette réflexion qui permettra de préserver et valoriser l’innovation, la créativité et la socialisation. Du point de vue des individus, les recherches sur le télétravail ont identifié de longue date des effets plutôt positifs en termes de satisfaction, de motivation, de bien-être ou de fidélisation, justifiant une demande, de la part des travailleurs, pour ce type d’arrangement. Se basant sur une enquête menée durant le premier confinement en Belgique, Isabelle Hansez, professeure de psychologie à l’ULiège, offre une perspective nuancée des conditions de la pratique du télétravail durant le confinement et des perspectives affichées par les personnes sondées. Plus que jamais, semble-t-il, la dimension du bien-être au travail semble clé dans la valorisation du télétravail par les individus et montre aussi les disparités de situations (familiale, professionnelle) qui amènent à apprécier différemment la flexibilité offerte par le télétravail.   Ces trois regards se complètent et permettent, in fine, d’identifier les équilibres et les tensions qui caractérisent le développement du télétravail. Et donner des pistes qui pourront satisfaire à la fois les travailleurs, les managers, les entreprises et les acteurs qui vivent de la présence des travailleurs sur leur lieu de travail (commerces, services, entretien…) ? Voici les principaux enseignements et recommandations des trois scientifiques : L’accroissement de productivité dû à la pratique du télétravail est lié à sa fréquence : au-delà de deux jours par semaine ou de 50% du temps de travail, l’impact sur la productivité s’atténue ; Le développement du télétravail peut potentiellement modifier la consommation d’espace de bureau (décroissance) et domestique (croissance), dans un mouvement qui risque de dévitaliser les centres urbains et d’affaires ; La pratique plus intensive du télétravail menace l’existence de communautés de travail au sein des organisations, au profit de liens plus formels et instrumentaux avec l’organisation et les collectifs de travail ; Pour les travailleurs, la pratique du télétravail est source de satisfactions (autonomie, flexibilité, par exemple) mais aussi d’inconfort (ergonomie, conflit privé-professionnel, ambiguïté des attentes, par exemple) ; Les politiques publiques doivent d’urgence proposer des solutions de mobilité afin de faciliter l’accès aux centres urbains, pour les travailleurs, et juguler une potentielle désertion de ceux-ci par les quartiers d’affaire—la mobilité étant le premier facteur de choix pour le télétravail ; Les employeurs doivent formaliser la possibilité de télétravail dans des accords collectifs négociés et permettre à leurs salariés d’être dans de bonnes conditions de travail à domicile, a fortiori si le télétravail fait l’objet d’une politique organisationnelle ou de gestion des ressources humaines ; Le management doit réguler la présence des équipes de travail en tenant compte de leurs réalités propres (activités, par exemple) afin de préserver les liens sociaux, garants d’une performance de long terme ; Les travailleurs sont invités à organiser leurs temps et leurs espaces privé et professionnel de sorte à permettre une conciliation harmonieuse.


Author(s):  
Jean Hindriks ◽  
Valerio Serse
Keyword(s):  

Le gouvernement belge a décidé que, du 8 mai au 30 septembre 2021, un taux réduit de TVA de 6% serait appliqué aux services de restaurant et de restauration, en ce compris les boissons. La question de la baisse de la TVA dans l’Horeca n’est pas nouvelle. Bien avant la crise du Covid-19, le 30 juin 2009, les trois fédérations ...   Texte sur la page en savoir plus (normalement c’est tout le texte du focus; comme il est long, a des notes de bas de page et des encadrés, je propose ne de retenir que l’intro): Le gouvernement belge a décidé que, du 8 mai au 30 septembre 2021, un taux réduit de TVA de 6% serait appliqué aux services de restaurant et de restauration, en ce compris les boissons. La question de la baisse de la TVA dans l’Horeca n’est pas nouvelle. Bien avant la crise du Covid-19, le 30 juin 2009, les trois fédérations Horeca de Belgique, soutenues par l'Union des Classes Moyennes (UCM) et l'UNIZO, avaient lancé un appel commun en vue d'une baisse de la TVA dans le secteur, de 21% à 6%. Cette demande était motivée par la décision prise en France à l’époque par le Gouvernement de François Fillon de faire passer la TVA sur la restauration en France du taux plein de 19,6% au taux réduit de 5,5%, en conformité avec la directive européenne en matière de TVA. Avant de s’interroger sur l’opportunité de cette baisse temporaire de la TVA en Belgique - dont il ne faut pas sous-estimer le coût budgétaire - une question qui se pose est de savoir qui va en profiter. La théorie nous enseigne que, contrairement à certaines intuitions trop rapides, la TVA n’est pas en général transmise intégralement dans les prix, mais elle est partiellement prise en charge par les vendeurs (y compris les employés au travers des salaires) en remontant parfois la chaîne des fournisseurs. Pour savoir si cette baisse de la TVA va effectivement profiter au secteur Horeca, il convient d’analyser son incidence sur les prix et les ventes. En particulier, si la baisse de la TVA est intégralement répercutée sur les prix des consommateurs, sans que le volume de vente augmente, cela sera sans effet pour le secteur. Le soutien espéré au secteur Horeca se transformera en définitive en un soutien aux clients qui accaparent la totalité de la baisse de la TVA.Dans sa réforme de la TVA, le gouvernement belge stipule que cette baisse de la TVA doit être temporaire avec un retour ultérieur au taux initial de 21%. Une question supplémentaire se pose alors : les effets de cette hausse de la TVA seront-ils répartis dans les mêmes proportions entre restaurateurs et consommateurs que l’auront été les effets de la baisse de la TVA ? Pour que la réforme de la TVA profite pleinement à l’Horeca, il faudrait que la baisse de la TVA conduise à une faible baisse des prix avec une forte hausse de la demande; et que la hausse ultérieure de la TVA soit principalement répercutée sur les prix avec un faible impact sur la demande. L’effet total sur les prix serait neutre en cas de symétrie de l’effet baisse et de l’effet hausse des prix. Pour se faire une idée sur toutes ces questions, il est utile de revenir sur les effets de la réforme française.


Author(s):  
Vincent Bodart ◽  
Alexandre Ounnas

Parmi les principaux indicateurs macroéconomiques, le chiffre de croissance trimestrielle du PIB permet d’évaluer l’évolution récente de la situation économique générale d’un pays. Pour cette raison, ce chiffre constitue une source d’information précieuse pour guider les choix des acteurs économiques, notamment en ce qui concerne les décisions de politiques budgétaires et monétaires. Il s’avère cependant que les données de croissance trimestrielle du PIB ne sont disponibles qu’avec un certain délai. Dans le cas de la Belgique, une estimation préliminaire (dite estimation «flash») de la croissance économique pour un trimestre donné est publiée par l’Institut des Comptes Nationaux (ICN) environ 30 jours après la fin de ce trimestre. Un chiffre plus définitif, basé sur des données plus tangibles, est ensuite publié 60 jours après la fin du trimestre. Du fait de ces délais de publication, des méthodes ont été développées dans le but de produire un estimateur de la croissance du PIB en temps réel, appelé dans le jargon estimateur «nowcasting», qui soit suffisamment précis pour être utile à la prise de décision des acteurs économiques. Ces méthodes de «prévision en temps réel» sont aujourd’hui largement utilisées pour produire des estimations très précoces du PIB. Ce numéro de Regards économiques présente ces méthodes, et en donne une application pour la zone euro, la Belgique et la Wallonie. Une application concrète concerne la prévision de croissance du PIB pour le premier trimestre 2021. Ainsi, sur base des statistiques disponibles à la fin mars, nous obtenons une prévision de la croissance trimestrielle du PIB de + 0,2 % pour la zone euro, de + 1,0 % pour la Belgique et de + 0,7 % pour la Wallonie. Dans le cas de la Wallonie, nous produisons à partir de ces méthodes des données trimestrielles de croissance du PIB, lesquelles n’existent pas pour l’instant. Ainsi, pour 2020, la croissance économique de la Wallonie est estimée à - 4,1 % au 1er trimestre, 12,6 % au 2ème trimestre, + 9,1 % au 3ème trimestre et + 0,1 % au 4ème trimestre. Pour la Belgique, les données de croissance correspondantes, lesquelles sont déjà disponibles, sont de - 3,4 % au 1er trimestre, - 11,8 % au 2ème trimestre, 11,6 % au 3ème trimestre et - 0,2 % au 4ème trimestre. La croissance annuelle de la Wallonie pour 2020 est estimée à - 8,8 %, un chiffre inférieur à celui publié pour la Belgique (- 6,3 %).  


Author(s):  
Marie Bertier ◽  
Jeroen Luyten ◽  
Sandy Tubeuf

La moyenne hebdomadaire des nouvelles admissions COVID des dernières semaines a conduit le SPF Santé Publique à suggérer un passage à la phase 1B du plan de Surge Capacity le 22 mars 2021. Selon cette phase 1B, les hôpitaux doivent reporter des soins non urgents afin de disposer d’une capacité hospitalière suffisante pour fournir les soins nécessaires aux patients COVID comme aux patients non-COVID. Le report et/ou le renoncement à des soins médicaux depuis le début de la crise sanitaire est devenu plus fréquent dans la population. Qu’il s’agisse d’un report de rendez-vous par les professionnels de santé ou un renoncement aux soins par les patients par crainte de contracter le coronavirus, ces soins médicaux non satisfaits pourraient conduire à une dégradation ultérieure de l’état de santé et donc directement ou indirectement à une surmortalité. Ce numéro de Regards économiques réalise un premier état des lieux de l’ampleur du renoncement aux soins durant le premier confinement à partir des données d’une enquête en ligne menée auprès de la population en Belgique au printemps 2020. L’analyse montre un important renoncement à des soins spécialistes et des examens médicaux dans la plupart des cas pour des raisons qui relèvent de l’offre de soins, notamment le fait que les hôpitaux ou les établissements de soins ont annulé ou reporté les rendez-vous médicaux ou que les professionnels de santé avaient fermé leur cabinet. Puisqu’ils sont nécessairement de plus grands utilisateurs de soins, ce sont les plus malades qui ont particulièrement renoncé à des soins médicaux. En revanche, dans le cas des soins dentaires, des disparités dans le renoncement s’observent majoritairement au détriment des plus pauvres. Une détérioration de l’état de santé de la population est donc à craindre du fait du renoncement à des soins médicaux durant le confinement et au-delà puisqu’une proportion non négligeable de personnes rapportent ne pas envisager d’aller consulter lors d’un futur besoin de soins. A partir de ces premiers résultats chiffrés de l’ampleur et les raisons du renoncement aux soins durant le premier confinement, nous formulons plusieurs points d’attention pour les décideurs politiques. Bien que nous ne soyons pas en mesure de comparer l’ampleur du renoncement aux soins au cours des confinements successifs, le maintien de l’offre de soins dans les confinements plus récents devrait permettre de limiter les externalités négatives sur les autres malades que les malades COVID-19. Le report de soins même jugés non urgents devrait être évité autant que possible. Alors que le profil des répondants à l’enquête est socialement plus avantagé que la population générale, nous avançons que ces résultats sont une borne inférieure de l’ampleur du renoncement aux soins dans la population belge et des conséquences futures sur la santé de la population. Les conséquences de soins médicaux non satisfaits sont susceptibles d’être encore plus importantes dans des sous-groupes de la population qui cumuleront non seulement un renoncement aux soins médicaux dû au confinement mais aussi un renoncement pour raisons financières s’ils subissent des pertes d’emploi ou de revenu accrues en raison de la COVID-19. Ces obstacles à l'accès aux soins de santé et les besoins insatisfaits ont mis en évidence la difficulté du système de santé à être suffisamment résilient pour absorber le choc d’une pandémie. Il sera donc important que les décideurs politiques envisagent des plans nationaux de santé publique de grande ampleur qui «ramènent» les patients vers les soins. Il s’agira non seulement d’encourager les patients dont le suivi s’est interrompu à reprendre leur traitement et à évaluer la détérioration de leur état de santé mais aussi d’encourager tous les patients qui ont manqué une opportunité de dépistage de ne pas perdre plus de temps dans l’identification potentielle de problèmes de santé sévères.


Author(s):  
Jean-François Carpantier
Keyword(s):  
De Se ◽  

L’or est étroitement mêlé à l’histoire des hommes, étant tour à tour chair des dieux égyptiens, matière des premières pièces de monnaie, promesse de liberté lors des ruées vers l'or et ancrage du système monétaire international. Aujourd’hui, alors qu’il ne joue plus de rôle officiel dans nos systèmes monétaires, l’or continue de susciter l’intérêt des investisseurs. En août 2020, le prix de l’or a atteint un nouveau sommet en dépassant ponctuellement les 2.000 dollars l’once. L’investissement est tentant. Les vertus présumées de l’or sont multiples. Certains y voient un refuge lorsque le climat économico-financier se dégrade, d’autres une couverture contre les fluctuations du dollar américain, d’autres un moyen de se protéger de l’inflation. Et justement, les craintes d'un retour de l'inflation ressurgissent, au vu des niveaux d'endettement de nos économies. Dans ce numéro de Regards économiques, nous testons la validité de cette dernière vertu : la propriété qu'aurait l'or de protéger contre l’inflation. L’originalité de notre approche est non pas d’évaluer la capacité propre de l’or à préserver le pouvoir d’achat, mais plutôt sa performance relative par rapport à d’autres matières premières que sont, par exemple, le pétrole, le cuivre ou le blé. En nous appuyant sur différentes techniques statistiques, nous montrons que la réputation de l'or est surfaite, l'or n'étant pas plus apte à protéger contre l’inflation que ne l’est le maïs, le nickel, le pétrole ou toute autre matière première.


Author(s):  
Bart Cockx

Ce numéro de Regards économiques analyse la question de la formation des demandeurs d’emploi en Belgique, du côté néerlandophone en particulier. Ces formations sont-elles efficaces pour améliorer l’insertion professionnelle des chômeurs et si oui, pour quels demandeurs d’emploi en particulier ? Pour mener cette étude, Bart Cockx, spécialiste des questions du marché de l’emploi, a travaillé en collaboration avec le VDAB (le service public de l’emploi flamand) et le professeur Michael Lechner (Université de Saint-Gall en Suisse). Ils ont utilisé les techniques d’analyse statistique des Big Data. Ils les ont appliquées à un grand ensemble de données administratives anonymisées sur des demandeurs d’emploi résidant en Flandre. Ces techniques permettent de prévoir le gain d’emploi qu’un chômeur peut espérer de sa participation à une formation donnée. Les trois résultats majeurs présentés dans cette étude sont les suivants : Quelles sont les formations les plus efficaces ? Parmi les types de formation étudiés (sessions d’orientation professionnelle, formation professionnelle de type court et formations de durée moyenne), ce sont les formations professionnelles courtes qui sont les plus efficaces; elles augmentent la durée moyenne passée en emploi des participants de 3,5 mois (soit + 21 %) par rapport à l’absence de participation. Pour quel profil de demandeur d’emploi les formations sont les plus efficaces ? Les formations ont le plus d’impact sur le retour à l’emploi des immigrés récents dont la connaissance du néerlandais est limitée. Comment améliorer l’efficacité des formations ? Si le VDAB attribuait les programmes de formation aux demandeurs d’emploi selon l’algorithme informatique développé par les chercheurs, on obtiendrait une augmentation de 20 % de la durée passée en emploi grâce aux formations. Cette étude démontre que les outils informatiques et statistiques peuvent apporter un soutien dans l’attribution des politiques d’aide à l’emploi pour les chômeurs mais également que les gains d’emploi peuvent être conséquents si on alloue les formations à celles et ceux qui en tirent le plus de bénéfices.


Author(s):  
Louis Larue

Les crypto-monnaies, comme le Bitcoin ou Ethereum, animent le débat public depuis au moins 10 ans. A leur avènement, les banques centrales se sont montrées pour le moins frileuses. Ainsi, dans un rapport publié en 2013, la Banque centrale européenne (BCE) avertissait que la nature non réglementée de ces monnaies pourrait exposer leurs utilisateurs à des risques élevés. Plusieurs années plus tard, les banquiers centraux reconnaissent maintenant leur potentiel. La Banque d'Angleterre, la Banque centrale suédoise et la BCE étudient toutes intensément la possibilité d'émettre leur propre monnaie numérique (ci-après dénommée «monnaie numérique de banque centrale» ou «central bank digital currencies» en anglais). Cet enthousiasme est-il justifié ? Les banques centrales devraient-elles créer leur propre monnaie numérique ? Ce focus de Regards économiques présente d’abord brièvement ce que sont ces monnaies. Il expose ensuite les raisons justifiant leur éventuelle introduction et détaille finalement les risques qu’elles pourraient poser. Notons tout d’abord que ces monnaies ne sont pas une copie «publique» des crypto-monnaies privées. Les banques centrales rejettent en effet la nature décentralisée et l’absence de gouvernance unifiée du Bitcoin et des crypto-monnaies similaires. Par ailleurs, la nature «numérique» de ces nouvelles monnaies n’est pas vraiment une innovation. La majorité de la masse monétaire prend déjà une forme numérique. A côté de la monnaie «physique» (pièces et billets), la plus grande partie de notre monnaie est constituée de dépôts bancaires privés et de dépôts à la banque centrale (la monnaie de réserve). Pour l'instant, seules les banques et certaines institutions financières ont accès aux réserves de la banque centrale. La véritable innovation au cœur des monnaies numériques de banque centrale serait de donner aux particuliers et aux entreprises la possibilité de détenir de l'argent sous forme de dépôts directement auprès de la banque centrale. En somme, les monnaies numériques de banques centrales, malgré leur nom, ne formeraient pas une nouvelle monnaie, mais plutôt un nouveau moyen de payement, labellisé en euros, et de valeur équivalente à l’euro. Pour quelles raisons une banque centrale pourrait-elle donner cette opportunité à toutes et tous ? Une première raison est liée à la dépendance des banques centrales vis-à-vis du système financier. Le système financier moderne est basé sur une certaine division du travail entre les banques commerciales qui sont chargées de prêter de l'argent au secteur productif, et les banques centrales qui supervisent les premières et tentent d'influencer l'économie par des interventions sur les marchés financiers. Schématiquement, ces dernières tentent de peser sur le comportement des premières de deux manières : soit en modifiant le taux d’intérêt auquel les acteurs financiers peuvent leur emprunter de l’argent, soit via l’achat ou la vente d’actifs financiers. Cela signifie que les banques centrales n'ont qu'une influence indirecte sur l'économie productive et qu'elles dépendent des banques commerciales pour canaliser la politique monétaire. Lors de la crise financière de 2007-2008, par exemple, la dépendance des banques centrales par rapport aux banques commerciales a conduit les premières à injecter des milliards d'euros et de dollars sur les marchés financiers, dans l'espoir que les banques commerciales utilisent cet argent pour des investissements productifs. Or, l’efficacité de ces politiques est loin d’être démontrée. D’aucuns s’effraient que cette situation ne génère des bulles spéculatives et ne privilégie indûment les banques commerciales, sans que ces dernières ne financent l’économie productive à la hauteur des espérances des banquiers centraux. La mise en œuvre de monnaies numériques de banque centrale à grande échelle pourrait modifier radicalement cette situation. Cela offrirait un système de paiement alternatif qui ne serait pas géré par le secteur bancaire commercial. Les citoyens pourraient également choisir de placer leurs économies sur un compte à la banque centrale qui, par définition, serait plus sûr qu’un compte dans une banque commerciale. En outre, l'introduction de ces monnaies réduirait la dépendance des banques centrales vis-à-vis des banques commerciales en permettant aux banques centrales de créditer directement les comptes des citoyens ou des entreprises, sans nécessairement recourir à des intermédiaires bancaires. Par conséquent, l'introduction de ces monnaies pourrait rendre la politique monétaire plus directe et plus simple. A première vue, donc, on pourrait se réjouir de la possibilité de limiter la dépendance des banques centrales par rapport aux banques commerciales. Il convient cependant de considérer plusieurs problèmes importants. Premièrement, si les particuliers et les entreprises décident de considérer leur banque centrale comme leur fournisseur de services bancaires, ne risque-t-on pas de rendre les banques commerciales obsolètes et superflues ? Dans ce cas extrême, ni les citoyens ni les banques centrales n'auraient plus besoin d'intermédiaires pour l’octroi de crédits et l’accueil de dépôts. Les banques commerciales garderaient sans doute le rôle d’intermédiaire sur les marchés financiers, mais manqueraient d'une source de financement appropriée (les dépôts des clients) et perdraient une de leurs principales activités (les prêts). La taille des marchés financiers pourrait se réduire considérablement. Cela pourrait fragiliser la santé économique des banques commerciales et celle des marchés financiers dans leur ensemble. Un deuxième problème concerne l’équilibre des pouvoirs entre gouvernements, banques centrales et banques commerciales. À la suite de la crise financière, les banques centrales ont déjà acquis d'énormes pouvoirs. La BCE a par exemple participé à la Troïka en Grèce et dicté des réformes économiques structurelles dans ce pays. La Réserve fédérale américaine (la Fed), la BCE et la Banque d'Angleterre ont également obtenu des pouvoirs supplémentaires de supervision du système bancaire. Et elles sont toutes intervenues massivement sur les marchés financiers, par l'achat massif d'obligations et de titres. L’introduction de monnaies numériques de banque centrale renforcerait ces tendances et accroîtrait le poids des banques centrales sur les marchés financiers, en leur donnant un accès direct aux comptes des citoyens et des entreprises, et en leur permettant de contourner les acteurs financiers commerciaux. Ce déséquilibre de pouvoir pourrait encore accroître le déficit démocratique dont souffrent les banques centrales. Par ailleurs, les banques centrales, si elles sont amenées à fournir des services bancaires et à alimenter l'économie productive par le crédit, pourraient être entraînées dans d’importants conflits d'intérêts. En effet, ces dernières deviendraient leur propre régulateur. En conclusion, il est certain que les monnaies numériques de banque centrale suscitent un débat intéressant sur le rôle des banques centrales dans le système financier. D’une part, elles pourraient constituer une piste de solution à la dépendance des banques centrales vis-à-vis des marchés financiers. Cependant, elles pourraient également conduire à accroître démesurément les pouvoirs des banques centrales et à fragiliser les marchés financiers en rendant le financement des banques commerciales plus complexe. L’enjeu, en définitive, est le partage du pouvoir financier entre banques commerciales et banques centrales – un débat qui dépasse de loin l’objectif de ce focus, et qu’il ne prétend pas trancher. Pour aller plus loin : Larue, L., Fontan, C. et Sandberg, J. (2020). The promises and perils of Central Bank Digital Currencies. Revue de la Régulation, Numéro 28.


Author(s):  
Gautier Attanasi ◽  
Arno Baurin ◽  
Vincent Bodart ◽  
François Courtoy ◽  
Guillaume Dallemagne ◽  
...  

En forte récession durant la première partie de l’année écoulée, l’économie belge a connu un rebond spectaculaire au troisième trimestre 2020, qui n’a cependant permis de récupérer que 2/3 des pertes de production enregistrées durant les deux trimestres précédents. Alors que dans notre étude de conjoncture d’il y a trois mois, nous anticipions le prolongement de la reprise économique au dernier trimestre 2020, le rebond de l’épidémie et le rétablissement d’un confinement partiel de l’économie ont balayé cette perspective. Il est ainsi plus que probable que l’économie belge se soit à nouveau contractée durant les trois derniers mois de 2020. En ce qui concerne les perspectives économiques pour 2021, il est ici fait l’hypothèse que les campagnes de vaccination qui ont débuté contribueront à contrôler la maladie. Il est dès lors envisagé le retour progressif de conditions normales d’activité au cours des prochains mois. Selon ce scénario, l’activité économique belge devrait retrouver une pente d’évolution positive à partir du premier trimestre 2021. Sa progression risque cependant d’être faible durant une bonne partie de l’année. D’une part, il est probable que des mesures de restriction de l’activité économique resteront en place encore plusieurs mois afin de maintenir l’épidémie sous contrôle. D’autre part, malgré les aides mises en place par les pouvoirs publics, la situation financière des ménages et des entreprises s’est dégradée en 2020. Ainsi, alors qu’il est attendu une contraction de l’économie belge de près de 7 % en 2020, la croissance économique prévue pour 2021 serait limitée à 3,4 % en base annuelle. Cette projection implique que, fin 2021, le niveau du PIB belge serait encore inférieur - d’environ 2 % - à ce qu’il était avant la crise. Résumé des prévisions pour la Belgique• L’économie belge devrait croître de 3,4 % en 2021.• L’emploi diminuerait d’environ 19.000 unités en 2021.• Le nombre de demandeurs d’emploi augmenterait de 52.600 unités en 2021.• L’inflation générale des prix à la consommation s’élèverait à 1,4 % en 2021.• Le déficit budgétaire des administrations publiques atteindrait 7,1 % en 2021.


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