Dans cet article, je soutiens que la pénurie d’analgésiques dans le Sud global est due à une importante asymétrie qui incite à prioriser la santé des habitants des pays développés au détriment de celle des pays les plus pauvres. Je démontre également que suivre l’histoire des organismes légaux et des événements spécifiques ayant façonné la production mondiale d’opium – et celle de l’Inde, en particulier – permet de saisir la généalogie du déséquilibre et de l’inégalité qui caractérise l’offre de soin dans les Suds. En m’appuyant sur le cas de l’État du Kerala, j’analyse la manière dont les dimensions légales imprègnent les directives contemporaines en matière de soins palliatifs et affectent, par conséquent, l’offre et la qualité des soins. Un tel phénomène s’inscrit dans la longue histoire du contrôle de l’opium pour la croissance de l’industrie pharmaceutique mondiale – histoire au sein de laquelle l’Inde occupe une place unique.