Autorité, sociabilité et passions - La philosophie de la famille de Thomas Hobbes à John Millar

Author(s):  
Justine Roulin

La famille a longtemps été considérée comme une unité sociale composée de trois relations simples : mari-femme, parent-enfant et maître-serviteur. Mais à la fin du dix-huitième siècle, la dimension affective de la famille devient prépondérante, ce qui en exclut progressivement les serviteurs. Cette étude se penche sur le moment crucial de l’histoire des idées où le paradigme familial est en train de changer, en s’intéressant aux discours sur la famille d’une série de penseurs issus de la tradition du droit naturel moderne et des Lumières écossaises. Dans un effort constant de replacer chaque relation analysée dans le cadre de la famille, et la famille dans l’argument politique et philosophique plus général défendu par ces auteurs, cette étude montre que la famille, loin d’être une question subsidiaire, joue un rôle important dans la compréhension des rapports sociaux à cette époque.

2019 ◽  
Vol 58 (2) ◽  
pp. 143-150
Author(s):  
Pascale Molinier

La psychodynamique du travail a étendu les conditions sociales de la sublimation au travail ordinaire et à la dynamique de la reconnaissance. Selon Christophe Dejours, la reconnaissance porte sur le faire mais elle se capitalise dans le registre de l’être. Or ce que les femmes font est généralement confondu avec ce qu’elles sont. D’où un déficit chronique de reconnaissance de leurs contributions, bien sûr aggravé par les rapports sociaux de domination (voir l’effet Mathilda dans les sciences). Ce constat sera ici principalement argumenté à partir des analyses psychodynamiques du travail féminisé (les activités de care) qui se caractérisent par leur discrétion. De la sous-estimation du travail féminin, il résulte de nombreuses conséquences, tant sur le plan théorique que clinique : la sublimation dépend-elle nécessairement de la reconnaissance ? – on déplacera cette question autour de l’expressivité et de la voix.


1982 ◽  
Vol 37 (2) ◽  
pp. 246-254 ◽  
Author(s):  
Janusz Tazbir

M'étant interrogé, il y a quelques années, sur l'accueil réservé aux œuvres de Thomas More et sur leur diffusion en Pologne, j'ai tenté de définir les raisons pour lesquelles les utopies classiques n'avaient pas trouvé de résonance parmi les citoyens de la République nobiliaire. Elles sont multiples. Ainsi, presque toutes les représentations de la société idéale, depuis la Politique de Platon, les visions de More ou de Campanella, jusqu'aux utopies du siècle des Lumières, préconisent une ingérence très poussée dans la vie privée des citoyens, un contrôle continu exercé sur eux par des censeurs spécialement institués à cette fin, la soumission à des normes très rigoureuses de discipline sociale — en un mot, un fonctionnement de l'État qui est en contradiction flagrante avec les institutions de la Pologne des xvie-xviie siècles. Comme le remarque à juste titre Claude Backvis, l'utopie naît dans des conditions où elle ne peut en aucune mesure être réalisée. Elle réclame tout parce qu'elle n'est en mesure de rien obtenir ; son maximalisme vient de ce qu'on pense impossible de modifier, de quelque façon que ce soit, les rapports sociaux et politiques existants. C'est la raison pour laquelle la noblesse polonaise qui, à l'époque de la Renaissance, avait largement les moyens de transformer l'État, ne recherchait pas de compensation dans la création imaginaire d'un monde idéal, utopique. Plus tard, le conservatisme de l'État polonais, son hostilité déclarée à tout changement, s'opposèrent efficacement tant à la création de variantes polonaises qu'à la réception des versions étrangères de l'utopie.


2017 ◽  
Vol 124 (1) ◽  
pp. 33-42
Author(s):  
Anne Roulin-Perriard ◽  
Jean-Pierre Tabin
Keyword(s):  

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