L’article s’attarde sur une origine méconnue de la gouvernance, la palabre africaine, afin de compléter les deux autres origines souvent citées, à savoir la corporate governance et la multi‐level governance. La palabre, en tant que lieu de rencontre et de discussion publique sans fin, remplit toutes les conditions pour être analysée comme le meilleur outil de politique publique utilisé dans les sociétés africaines traditionnelles. Cette pratique regroupe les acteurs venant de différents horizons, et couvre presque tous les domaines de la vie : tous les sujets sont publiquement discutés. La volonté générale qui se dégage des échanges est imposée aux parties. En Afrique, la palabre est l’équivalent de l’ « espace public » en Occident (voir Jürgen Habermas) ou encore de l’ « espace participatif ». Dans ce lieu, la vérité ne vient pas de l’autorité, mais elle résulte de la palabre qui met en scène le pouvoir et qui donne du sens au langage. Sans arrogance et sans mépris, l’un va à la rencontre de l’autre pour (r)établir la vérité afin de consolider les liens sociaux et l’unité. Ce texte se limite à présenter les manifestations de la palabre en Afrique subsaharienne dans ses rapports avec la gouvernance moderne.