Rapports sociaux au travail et pratiques professionnelles. Le cas des techniciennes de l'Assurance Maladie

2011 ◽  
Vol 178 (1) ◽  
pp. 59-70
Author(s):  
Sacha Leduc
Author(s):  
Béatrice Jacques

Cadre de la recherche :L’article présenté est issu d’une enquête réalisée en 2010-2013 (financement IRESP-INSERM), dont le questionnement central a porté sur l’accès aux soins en santé génésique et reproductive de femmes dites « précaires » ou migrantes d’un territoire français.Objectifs :Nous souhaitons montrer comment des mères intègrent des dispositifs institutionnels et analyser comment les professionnels produisent des familles types.Méthodologie :Pour la partie sociologique de l’enquête, nous avons réalisé cinquante-sept entretiens semi-directifs auprès de professionnels médicaux, d’intervenants sociaux et de femmes en situation de précarité, et effectué des observations au domicile des patientes et auprès des professionnels de structures socio-sanitaires.Résultats :Nous décrirons d’abord comment les femmes suivies par les services de la protection maternelle et infantile1sont identifiées selon des indicateurs de « qualité » de la parentalité. Puis, nous nous interrogerons sur les « techniques d’entrée » des professionnels dans les familles et ferons le constat que les bénéficiaires observé(e)s ont souvent compris qu’elles ne correspondaient pas parfaitement au modèle attendu par l’institution.Conclusions :Ce travail permet de saisir la manière dont les parentalités « à risque » sont accompagnées par la mise en place d’une relation de confiance qui peut venir brouiller la réalité du suivi social. Par ailleurs, l’accompagnement des femmes dévoile des rapports sociaux de genre et de classe. Nous notons aussi que les pratiques professionnelles dépassent largement le cadre de la santé et s’imposent plus largement aux champs de la famille, du travail et du logement, intervenant même parfois dans la sphère privée et sur l’estime de soi.Contribution :En nous intéressant à des professionnels de la santé, nous souhaitons interroger la similarité des pratiques de ce milieu avec les pratiques de soutien à la parentalité, déjà décrites par d’autres auteurs, chez des professionnels du social.


Author(s):  
Anne Perriard

Cadre de la recherche : Cet article cherche à saisir les processus de catégorisation et de hiérarchisation à l’œuvre dans des politiques sociales spécifiques Objectifs : En analysant la formulation et la mise en œuvre de politiques de l’emploi dans un canton suisse en direction de trois catégories de parcours de vie que le politique nomme les « jeunes adultes en difficulté », les « familles pauvres » ou les « chômeurs âgés », cet article propose d’explorer l’articulation des rapports sociaux d’âge et de genre qui participent à produire des figures de la dépendance problématique. Méthodologie : La recherche, conduite au sein de Pôle de recherche LIVES, s’appuie sur l’analyse de discours de deux groupes d’agent·e·s : d’une part les élu·e·s chargé·e·s d’élaborer les lois et d’autre part le personnel du travail social mettant en œuvre ces lois dans ses pratiques professionnelles. Il a été demandé aux personnes interviewées de décrire trois situations qui leur paraissaient emblématiques de leur travail auprès des trois catégories cibles de politiques sociales. Cette méthodologie a l’avantage de faire apparaître des catégories sociales absentes de la formulation des politiques. Résultats : L’analyse met en lumière que les formes de dépendance à l’État ne sont pas toutes perçues comme problématiques, certaines étant normalisées en fonction de leur conformité aux normes du parcours de vie traditionnel constitué de la triade formation-emploi-retraite. Conclusions : L’analyse montre que les significations données aux notions d’autonomie et d’indépendance varient en fonction de l’âge et du genre. Contribution : L’originalité de cet article réside dans le fait de réunir et de comparer trois catégories de l’intervention sociale qui représentent trois étapes du parcours de vie traditionnel.


2017 ◽  
Vol 29 (2) ◽  
pp. 245-263 ◽  
Author(s):  
Anne-Sophie Gobeil

L’auteure examine les pratiques professionnelles genrées des journalistes québécoises correspondantes à l’étranger. Dans une démarche constructiviste alliant théorie du point de vue et analyse de discours, elle considère les rapports sociaux de sexe dans l’expérience des correspondantes. Au pays, affectations et attentes genrées, harcèlement sexuel, système « à deux poids, deux mesures » et valorisation de comportements « masculins » les désavantagent. Plus sympathiques et moins menaçantes, à l’étranger, elles accèdent à davantage de sources, mais elles sont aux prises avec le harcèlement sexuel. Malgré un malaise à l’idée d’un journalisme « féminin », leur vision du métier semble porter humanité, équité et complexité.


2021 ◽  
Vol 29 (1) ◽  
pp. 52-69
Author(s):  
Vincent Lang

Après avoir rappelé les caractéristiques sociographiques des corps enseignants en France et les principales transformations de l’appareil éducatif et du contexte sociétal de l’exercice professionnel, on examine d’abord les évolutions des conditions de recrutement et les transformations des formations initiales du groupe professionnel en s’interrogeant sur ce qu’elles mettent en cause des statuts et professionnalités anciennes. Si d’autre part les enquêtes montrent, à un niveau général, une stabilité des pratiques professionnelles, les approches de type ethnographique révèlent la complexité des adaptations aux conditions locales d’exercice et la diversité des mobilisations professionnelles. S’il y a permanence de la mission d’enseignement, on observe un éclatement de l’unité postulée des corps enseignants, accompagnée d’un travail de réélaboration du sens du métier, travail dont la temporalité est en décalage par rapport aux transformations de la scolarisation et aux attentes de l’institution. Qui sont les enseignants en France aujourd’hui? Héritiers d’une longue tradition, sont-ils porteurs des cultures professionnelles et des valeurs qui les ont socialement constituées dans le passé? Le développement d’une scolarité longue, les mutations du public scolarisé, les transformations des rapports sociaux, des conditions de vie, de l’accès à l’information ou les incertitudes quant aux valeurs éducatives ont nécessairement des effets sur l’exercice professionnel et les manières d’être au métier. On se demandera ici essentiellement comment comprendre une apparente stabilité des pratiques et des identités professionnelles, vite assimilée à l’immobilisme d’un groupe protégé, alors que celui-ci a vu sa composition transformée, ses conditions d’exercice bouleversées, ses missions redéfinies.


2019 ◽  
Vol 58 (2) ◽  
pp. 143-150
Author(s):  
Pascale Molinier

La psychodynamique du travail a étendu les conditions sociales de la sublimation au travail ordinaire et à la dynamique de la reconnaissance. Selon Christophe Dejours, la reconnaissance porte sur le faire mais elle se capitalise dans le registre de l’être. Or ce que les femmes font est généralement confondu avec ce qu’elles sont. D’où un déficit chronique de reconnaissance de leurs contributions, bien sûr aggravé par les rapports sociaux de domination (voir l’effet Mathilda dans les sciences). Ce constat sera ici principalement argumenté à partir des analyses psychodynamiques du travail féminisé (les activités de care) qui se caractérisent par leur discrétion. De la sous-estimation du travail féminin, il résulte de nombreuses conséquences, tant sur le plan théorique que clinique : la sublimation dépend-elle nécessairement de la reconnaissance ? – on déplacera cette question autour de l’expressivité et de la voix.


Author(s):  
T. Pavlovsky ◽  
B. Tache ◽  
E. Casalino ◽  
D.A. Ghazali

Introduction : En traumatologie, la ceinture pelvienne stabilise le bassin en réduisant le volume pelvien, ce qui permet de tamponner l’hémorragie. L’objectif principal de l’étude était d’évaluer le respect des indications théoriques de pose de ceinture pelvienne dans la prise en charge des traumatisés sévères en préhospitalier. Méthode : Une étude rétrospective, monocentrique, observationnelle a été réalisée en 2017–2018 afin d’évaluer les pratiques professionnelles en termes de respect des indications d’immobilisation et la fiabilité de l’évaluation clinique. Les critères d’inclusion étaient les interventions prenant en charge des patients pour accident de la route ou chute. L’analyse de la concordance entre pose de ceinture pelvienne et indication théorique a été réalisée avec un test du kappa de Cohen. L’intensité de la liaison entre cette évaluation et la confirmation d’une fracture par tomodensitométrie a été analysée par le coefficient Q de Yule. Résultats : Cent soixante-seize dossiers ont été analysés, dont 98 ont été inclus dans l’étude. La ceinture a été posée chez 26 % d’entre eux. Le coefficient d’agrément kappa de Cohen était de à 0,08, avec un pourcentage d’agrément de 57 %. L’intensité de la liaison entre l’évaluation clinique et la présence d’une fracture à la tomodensitométrie était très forte avec un coefficient de Q de Yule calculé à 0,92. Conclusion : Il n’y avait pas d’agrément entre l’indication théorique et la décision de poser la ceinture démontrant un recours insuffisant à la contention pelvienne lors de la prise en charge des patients traumatisés sévères en préhospitalier.


1982 ◽  
Vol 37 (2) ◽  
pp. 246-254 ◽  
Author(s):  
Janusz Tazbir

M'étant interrogé, il y a quelques années, sur l'accueil réservé aux œuvres de Thomas More et sur leur diffusion en Pologne, j'ai tenté de définir les raisons pour lesquelles les utopies classiques n'avaient pas trouvé de résonance parmi les citoyens de la République nobiliaire. Elles sont multiples. Ainsi, presque toutes les représentations de la société idéale, depuis la Politique de Platon, les visions de More ou de Campanella, jusqu'aux utopies du siècle des Lumières, préconisent une ingérence très poussée dans la vie privée des citoyens, un contrôle continu exercé sur eux par des censeurs spécialement institués à cette fin, la soumission à des normes très rigoureuses de discipline sociale — en un mot, un fonctionnement de l'État qui est en contradiction flagrante avec les institutions de la Pologne des xvie-xviie siècles. Comme le remarque à juste titre Claude Backvis, l'utopie naît dans des conditions où elle ne peut en aucune mesure être réalisée. Elle réclame tout parce qu'elle n'est en mesure de rien obtenir ; son maximalisme vient de ce qu'on pense impossible de modifier, de quelque façon que ce soit, les rapports sociaux et politiques existants. C'est la raison pour laquelle la noblesse polonaise qui, à l'époque de la Renaissance, avait largement les moyens de transformer l'État, ne recherchait pas de compensation dans la création imaginaire d'un monde idéal, utopique. Plus tard, le conservatisme de l'État polonais, son hostilité déclarée à tout changement, s'opposèrent efficacement tant à la création de variantes polonaises qu'à la réception des versions étrangères de l'utopie.


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