Ce texte a comme objectif de mettre en lumière l’identité sociale des enseignants, forgée dans des processus de socialisation familiale, scolaire et professionnelle. Il s’agit de présenter, à partir d’histoires de vie d’institutrices, les significations attribuées à la profession dans des contextes de sélection sociale et scolaire. En s’appuyant sur des contributions de la sociologie, cette recherche a exploré la constitution de l’habitus chez les enseignants et enseignantes, les stratégies développées au sein de trajectoires ayant comme but la conquête de titres scolaires, les entrées informelles dans la profession, ainsi que le poids de la formation initiale et de l’école, en tant que locus de travail, dans la façon dont les enseignants et enseignantes vivent leur travail. En tenant compte du fait que la représentation sociale de l’enseignement, au moment de l’émergence d’une école de masse, a été modifiée, mettant ainsi en évidence des processus de déqualification des enseignants et enseignantes, cette étude remet en question les images de passivité, de négligence et d’incompétence technique qui leur sont attribuées par le pouvoir public et l’université. Elle suggère aussi qu’il est possible de travailler la dimension de la personne de l’enseignant, celle de l’organisation scolaire et celle de la profession comme étant une dimension collective, et ce, par la voie de politiques publiques répondant davantage aux besoins concrets du corps enseignant.