Cet article fait l’étude du débat sur les enjeux religieux de la gestion scolaire au sein du milieu associatif franco-ontarien. Ce débat montre la persistance, du moins dans certains milieux, du rôle structurant du référent religieux dans l’institutionnalisation de la francophonie ontarienne après le désengagement public de l’Église et les bouleversements idéologiques de la Révolution tranquille. Ce phénomène a été largement négligé par l’historiographie. Dans les années 1980, l’espace public de la collectivité franco-ontarienne est de plus en plus caractérisé par un pluralisme idéologique, culturel et religieux qui ne conduit pas, néanmoins, à évacuer le catholicisme de la conscience identitaire d’une partie substantielle de la population francophone de la province. Dans ses revendications pour obtenir le contrôle de ses institutions scolaires, le réseau associatif réclame ainsi un double réseau de conseils scolaires de langue française, catholiques et publics, à la grandeur de la province, qu’il obtient finalement en 1998.