Une littérature de passage. La science-fiction et le fantastique franco-ontariens de 1885 à nos jours

Author(s):  
Jean-Louis Trudel

La production SF et fantastique en Ontario est essentiellement le fait d’écrivains de passage. Avec la seconde moitié du XIXe siècle, Ottawa constitue un foyer culturel important pour la francophonie canadienne, qui a su profiter de l’éloignement de l’institution littéraire québécoise. D’horizons divers, les écrivains utilisent surtout l’écriture pour se délasser ou pour contribuer à la culture littéraire du Canada français, d’où la domination du fantastique sur les formes science-fictionnelles. Cette liberté institutionnelle se transforme en position marginale au XXe siècle, avec la constitution d’une littérature franco-ontarienne moderne, bien qu’on y trouve des textes majeurs.

Author(s):  
Jean Levasseur

Le Canada français littéraire du XIXe siècle compte des œuvres relevant de l’utopie et de la science-fiction. Rémi Tremblay, Franco-Américain d’adoption, présente avec Un revenant (1884) une œuvre unique. Huit ans avant Jules Verne dans son Château des Carpathes (1892), Tremblay introduit la fantasmagorie dans la fiction. La science permet de véhiculer des idées libérales, dans le sillage de l’idéologie démocratique américaine. Par ailleurs, l’originalité du texte se trouve aussi dans le traitement fictionnel de la lanterne magique, qui fait se confronter deux philosophies scientifiques du XXe siècle, la relativité d’Einstein et la théorie quantique.


2005 ◽  
Vol 3 (1-2) ◽  
pp. 25-26
Author(s):  
Marcel Trudel

Que savons-nous au juste de notre XIXe siècle ? L'historien qui désire répondre à une telle question se voit confronté à un certain nombre de difficultés. Ainsi, qui peut prétendre avoir seulement parcouru toute la production historique relative au siècle dernier ? Qu'il s'agisse de l'évolution économique, sociale, démographique, politique ou religieuse, l'historien dispose maintenant d'un assez large éventail de travaux susceptibles de lui fournir une vue d'ensemble de cette époque troublée. Évidemment, parmi les historiens, des figures dominantes se dégagent d'emblée, tels Garneau, David, Suite, Chapais, Groulx, Maheux, Bruchési, Christie, Dent, l'équipe de Canada and ils Provinces, Creighton, Lower, Mclnnis, Wade, Morton et Easterbrook, qui non seulement ont réalisé un effort considérable de synthèse mais qui ont aussi pour plusieurs influencé d'une façon décisive l'orientation de la recherche. Ces quelques noms ne font pas oublier les nombreux auteurs d'études spécialisées, les biographes, les fabricants de monographies paroissiales ou régionales et, enfin, les généalogistes. Suffit-il de s'être familiarisé avec les études les plus marquantes pour être en mesure de porter un jugement valable sur une masse aussi imposante de travaux ? Il faut de plus avoir pris contact avec l'ensemble des problèmes que soulève l'évolution globale du Canada français depuis l'introduction du parlementarisme jusqu'à la prise du pouvoir par Laurier. Tout cela constitue une sérieuse invitation à la prudence. Deux principaux courants parallèles et, en très grande partie, autonomes ont marqué le développement de l'historiographie canadienne depuis Garneau jusqu'à la seconde guerre mondiale. L'un, d'inspiration essentiellement nationaliste, reflète l'unanimité idéologique des historiens canadiens-français et l'autre, d'origine anglo-saxonne, se révèle depuis la fin du XIXe siècle plus ouvert à la diversité et plus soucieux de s'appuyer sur des méthodes scientifiques. Ce n'est pas qu'une certaine influence réciproque ne se soit fait sentir — les œuvres de Chapais, De Celles, Bruchési, Lower et Mason Wade en témoignent — mais il reste que, d'une façon générale, les échanges de points de vue ont été plutôt limités. Tout cela tend à donner l'impression d'une double construction historique étroitement cloisonnée.


2005 ◽  
Vol 10 (2-3) ◽  
pp. 373-387
Author(s):  
Christine Piette-Samson

L'étude des idéologies au XIXe siècle revêt un intérêt particulier en raison de l'affrontement violent qui oppose libéraux et ultramontains. La révolution française voit s'épanouir en Europe un courant de liberté face auquel nous retrouvons les adversaires du progrès vite appuyés par les autorités religieuses. Les catholiques de partout se tournent alors vers Rome et se regroupent dans le mouvement ultramontain, partisan d'un retour en arrière. À l'autre pôle, champions de la liberté politique et individuelle : les libéraux. La lutte idéologique qui s'engage touche l'Europe entière et passe, presque intégralement, en Amérique. Au Canada français, en effet, se retrouvent les mêmes tendances. En tète de l'une, l'évêque de Montréal, Mgr Bourget, avec à sa suite la majorité du clergé et de la population s'opposent au petit groupe libéral formé autour de l'Institut canadien en 1844 et du journal l'Avenir en 1847. De ce noyau Louis-Antoine Dessaulles est certainement l'un des types les plus représentatifs. Le but de cette étude est la présentation de l'idéologie de Louis-Antoine Dessaulles, dont la carrière est une excellente illustration du libéralisme canadien-français pour lequel il lutta en tant qu'homme politique, journaliste et polémiste. Une brève évocation de cette carrière sera suivie de la présentation de l'idéologie elle-même regroupée autour de deux thèmes émanant du libéralisme lui-même : libertés individuelles et libertés publiques. Dans ces deux domaines, nous tenterons de dégager les principes de Dessaulles inséparables de ses polémiques. Nous limitons cependant cette étude à la pensée de Dessaulles au moment où il est rédacteur du journal le Pays, du 1er mars 1861 au 24 décembre 1863.


2005 ◽  
Vol 40 (111) ◽  
pp. 341-362 ◽  
Author(s):  
Lynda Villeneuve

Les représentations du paysage charlevoisien au cours du XIX e siècle font une large place aux normes dictées par l'art du paysage européen, britannique en particulier. Le mouvement esthétique romantique interpréta les signes du paysage charlevoisien en référence à une idéologie agriculturiste et anti-urbaine présente à partir de la décennie 1840 en particulier. Le paysage fut intégré à l'idéologie nationale canadienne dans la seconde moitié du XIXe siècle par les artistes torontois qui recherchaient, à cette époque, l'authenticité des paysages ruraux du Canada. Le paysage charlevoisien fut alors représenté comme un paysage rural authentique du Canada français, ayant su préserver la beauté de son milieu naturel et le mode de vie typique de ses habitants. Ces représentations picturales, en raison des idéologies conservatrices qui les sous-tendent, accordaient peu d'importance au vécu territorial d'une région en mutation rapide au cours de la période 1831-1871, sous l'impulsion de la nouvelle économie urbaine industrielle.


2006 ◽  
Vol 32 (3) ◽  
pp. 61-76 ◽  
Author(s):  
Réjean Beaudoin

Résumé De 1867 jusqu'à la fin du XIXe siècle, des ouvrages canadiens rédigés en anglais mentionnent la production littéraire du Canada français. Ces textes ne sont pas très nombreux et paraissent surtout au cours de la décennie 1880. La démarche vise à « construire » le corpus de ces études à la fois rares et méconnues. Certains lieux communs se remarquent autour de la notion de littérature canadienne, idée qui pourrait tenir lieu de structure à cet ensemble textuel.


2005 ◽  
Vol 23 (1-2) ◽  
pp. 125-137
Author(s):  
Nive Voisine

Malgré l'étude de Louis Rousseau sur les Sulpiciens de Montréal, l'histoire de la prédication au Canada français est peu connue et encore moins étudiée. Les textes épiscopaux officiels en parlent de temps en temps, dans des lettres personnelles des évêques sentent le besoin de rabrouer des curés pour leur négligence à prêcher, la plupart des communautés religieuses d'hommes y préparent leurs membres et leur transmettent des règles et un style éprouvés. Mais ces documents disparates ont été peu exploités jusqu'à maintenant ; et encore moins à propos de ce qu'on peut appeler la prédication populaire, c'est-à-dire celle qui «cherche ce qui convient communément à tous les hommes ». Mon propos ne veut éclairer qu'une tranche minime de ce territoireinexploré de l'histoire religieuse. Il se borne simplement à livrer quelques réflexions sur la prédication populaire au XIXe siècle, vue à partir des jubilés, de l'exemple de Mgr de Forbin-Janson et des missions paroissiales.


2006 ◽  
Vol 26 (2) ◽  
pp. 339-358
Author(s):  
Véronique Roy

Résumé Pour l'abbé Henri-Raymond Casgrain, comme pour ses contemporains, le désir de fonder une littérature nationale, au Canada français, s'assortit d'une volonté d'appréciation des oeuvres littéraires, conformément à l'idéologie ultramontaine véhiculée par les instances ecclésiastiques de l'époque. Le roman de Pierre-Joseph-Olivier Chauveau, Charles Guérin, a contribué à cette effervescence littéraire qui marqua le tournant de la seconde moitié du XIXe siècle, en plus de susciter un vaste mouvement d'intérêt auprès de la critique littéraire. Cet article propose donc une lecture de la réception critique de Charles Guérin afin de déceler les normes esthétiques qui prévalent lors de l'évaluation de la production littéraire dans le contexte d'une littérature en émergence.


2005 ◽  
Vol 4 (1) ◽  
pp. 91-105
Author(s):  
André Renaud

Le Canada, comme les États-Unis et tous les pays des deux Amériques, a été constitué par des immigrants. Exception faite des Indiens et des Esquimaux, lesquels à l'origine vinrent aussi d'ailleurs, la population canadienne est issue d'ancêtres anciens ou récents qui, à un moment ou l'autre des trois derniers siècles, émigrèrent d'Europe. Les premiers colons du pays vinrent de France, surtout des provinces de l'Ouest, et prirent racine le long des rives du Saint-Laurent jusqu'au-delà des Grands Lacs. Ils constituèrent un groupe homogène, vite considérable, intimement identifié au milieu canadien. Ils conservèrent une culture propre qui intégrait plusieurs traits fondamentaux de la culture du peuple français de l'Ancien Régime. Toutefois, il ne faut pas oublier qu'il y a, au Canada, deux groupements ethniques d'origine française : les Canadiens français proprement dits, qui occupent le Québec et l'est de l'Ontario ; les Acadiens des provinces atlantiques. Frères et non jumeaux identiques, les deux groupements ont étendu leurs rameaux partout au Canada. C'est en particulier le cas des Canadiens français dont on retrouve les paroisses, les écoles, les collèges et d'autres institutions dans toutes les provinces à l'ouest du Québec. L'expansion acadienne est plus récente et ne s'est pas encore clairement diversifiée de la prolifération strictement canadienne-française. Après la conquête de l'Acadie et de la Nouvelle-France par l'Angleterre, des immigrants de langue anglaise montèrent des colonies américaines, plus particulièrement après la révolution de 1776, et formèrent le loyal noyau autour duquel s'est constituée la collectivité canadienne d'expression anglaise. Cette dernière n'a jamais cessé par la suite de recevoir de nouvelles recrues venant directement de la Grande-Bretagne et des deux Mondes. La collectivité d'origine française et la collectivité d'expression anglaise se sont accrues dans leurs zones respectives d'occupation initiale, chacune projetant des ramifications sur le territoire de l'autre. Les groupements de langue anglaise à l'intérieur du Canada français ont cependant toujours joui d'une position privilégiée que leurs équivalents français dans le Canada anglais n'ont jamais connue. Cent ans après la conquête, les Canadiens français du Québec et les Canadiens anglais de l'Ontario et du reste du pays acquéraient le contrôle politique de leur développement communautaire respectif en formant des États semi-autonomes. Ceux-ci, en 1867, furent unis en une confédération qui devait s'acheminer rapidement et pacifiquement vers la souveraineté complète. Le peuplement du Canada par des groupes ethniques territorialement localisés se continua durant tout le XIXe siècle. Canadiens français et Canadiens anglais, colons français et colons britanniques, envahirent les plaines de l'Ouest. Les pionniers de langue anglaise devinrent vite numériquement majoritaires et assumèrent la direction politique de trois nouvelles entités provinciales, qui se formèrent dans cette vaste région du pays, nonobstant les efforts des Métis d'expression française à la Rivière Rouge et dans le district de Batoche. D'autres colons européens vinrent à leur tour, par groupes, dans les mêmes territoires, et y formèrent des communautés homogènes d'origine allemande, ukrainienne, polonaise, etc. Bien que dans le Canada de langue française comme dans le Canada de langue anglaise soient apparues assez tôt des villes à population homogène, dont quelques-unes existent encore, l'industrialisation du pays favorisa la croissance d'agglomérations urbaines qui devinrent vite cosmopolites par suite de l'invasion de populations appartenant aux divers groupes ethniques qui se sont dirigés vers le Canada au cours des derniers cent ans. Dans les villes en formation, ces vagues d'immigrants se regroupèrent selon leurs affinités culturelles et leur appartenance ethnique. En définitive, le territoire canadien a vu la formation et l'évolution de trois types principaux de communautés ethniques : 1° les deux grands groupements de base, anglais et français, structurés parallèlement, mais non d'une façon étanche, dans tous les domaines de l'organisation sociale et coopérant à titre de partenaires dans la formation d'un Etat souverain ; 2° les communautés ethniques homogènes localisées dans les régions rurales et intégrées dans les structures provinciales ; 3° enfin, les concentrations ethniques à l'intérieur des grandes agglomérations urbaines. Nous nous arrêterons principalement à ces deux dernières catégories, en nous référant à la première seulement dans la mesure où elle permet d'éclairer et d'interpréter celles-ci.


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