scholarly journals Louis-Antoine Dessaulles, journaliste libéral

2005 ◽  
Vol 10 (2-3) ◽  
pp. 373-387
Author(s):  
Christine Piette-Samson

L'étude des idéologies au XIXe siècle revêt un intérêt particulier en raison de l'affrontement violent qui oppose libéraux et ultramontains. La révolution française voit s'épanouir en Europe un courant de liberté face auquel nous retrouvons les adversaires du progrès vite appuyés par les autorités religieuses. Les catholiques de partout se tournent alors vers Rome et se regroupent dans le mouvement ultramontain, partisan d'un retour en arrière. À l'autre pôle, champions de la liberté politique et individuelle : les libéraux. La lutte idéologique qui s'engage touche l'Europe entière et passe, presque intégralement, en Amérique. Au Canada français, en effet, se retrouvent les mêmes tendances. En tète de l'une, l'évêque de Montréal, Mgr Bourget, avec à sa suite la majorité du clergé et de la population s'opposent au petit groupe libéral formé autour de l'Institut canadien en 1844 et du journal l'Avenir en 1847. De ce noyau Louis-Antoine Dessaulles est certainement l'un des types les plus représentatifs. Le but de cette étude est la présentation de l'idéologie de Louis-Antoine Dessaulles, dont la carrière est une excellente illustration du libéralisme canadien-français pour lequel il lutta en tant qu'homme politique, journaliste et polémiste. Une brève évocation de cette carrière sera suivie de la présentation de l'idéologie elle-même regroupée autour de deux thèmes émanant du libéralisme lui-même : libertés individuelles et libertés publiques. Dans ces deux domaines, nous tenterons de dégager les principes de Dessaulles inséparables de ses polémiques. Nous limitons cependant cette étude à la pensée de Dessaulles au moment où il est rédacteur du journal le Pays, du 1er mars 1861 au 24 décembre 1863.

2005 ◽  
Vol 8 (3) ◽  
pp. 275-297 ◽  
Author(s):  
Philippe Sylvain

Le dix-neuvième siècle est le siècle du libéralisme. Sous sa forme laïciste, le libéralisme dérive directement de la Révolution française qui a d'abord reconnu la non-confessionnalité de l'État, puis laïcisé les services publics et, enfin, proclamé la séparation de l'État et des Églises. En dépit de l'opposition acharnée de l'Église catholique, ces mouvements allaient se répercuter, à des dates et à des degrés différents suivant les pays, dans les nations qui, jusque-là, avaient vécu en un climat de chrétienté. C'est ce que André Latreille exprime par ces lignes d'une rare densité : « Il y a eu, écrit l'éminent historien, entre 1789 et 1799, une nation, la France, où ils ont en quelque sorte explosé tous à la fois, de sorte qu'en l'espace de cinq ou six années seulement on a passé à un régime de totale laïcisation. (...) À ces trois mouvements (...), l'Église s'est opposée avec une persévérance, avec une sorte d'intransigeance passionnée, dès 1789 et pendant tout le XIXe siècle, — le moment le plus dramatique du conflit avec les sociétés « modernes » se situant sous le pontificat de Pie IX, entre 1850 et 1880. » Cette lutte qui dressa l'Église contre les libéraux européens et sud-américains ne fut pas moins violente au Canada français. C'est une histoire qui reste à écrire. Pour l'instant, je m'en tiendrai aux années qui vont de 1848 à 1862, étape cardinale durant laquelle ultramontains et libéraux définissent leurs positions et engagent un combat à outrance dont les péripéties se succéderont à un rythme passionné tout le reste du siècle.


2005 ◽  
Vol 3 (1-2) ◽  
pp. 25-26
Author(s):  
Marcel Trudel

Que savons-nous au juste de notre XIXe siècle ? L'historien qui désire répondre à une telle question se voit confronté à un certain nombre de difficultés. Ainsi, qui peut prétendre avoir seulement parcouru toute la production historique relative au siècle dernier ? Qu'il s'agisse de l'évolution économique, sociale, démographique, politique ou religieuse, l'historien dispose maintenant d'un assez large éventail de travaux susceptibles de lui fournir une vue d'ensemble de cette époque troublée. Évidemment, parmi les historiens, des figures dominantes se dégagent d'emblée, tels Garneau, David, Suite, Chapais, Groulx, Maheux, Bruchési, Christie, Dent, l'équipe de Canada and ils Provinces, Creighton, Lower, Mclnnis, Wade, Morton et Easterbrook, qui non seulement ont réalisé un effort considérable de synthèse mais qui ont aussi pour plusieurs influencé d'une façon décisive l'orientation de la recherche. Ces quelques noms ne font pas oublier les nombreux auteurs d'études spécialisées, les biographes, les fabricants de monographies paroissiales ou régionales et, enfin, les généalogistes. Suffit-il de s'être familiarisé avec les études les plus marquantes pour être en mesure de porter un jugement valable sur une masse aussi imposante de travaux ? Il faut de plus avoir pris contact avec l'ensemble des problèmes que soulève l'évolution globale du Canada français depuis l'introduction du parlementarisme jusqu'à la prise du pouvoir par Laurier. Tout cela constitue une sérieuse invitation à la prudence. Deux principaux courants parallèles et, en très grande partie, autonomes ont marqué le développement de l'historiographie canadienne depuis Garneau jusqu'à la seconde guerre mondiale. L'un, d'inspiration essentiellement nationaliste, reflète l'unanimité idéologique des historiens canadiens-français et l'autre, d'origine anglo-saxonne, se révèle depuis la fin du XIXe siècle plus ouvert à la diversité et plus soucieux de s'appuyer sur des méthodes scientifiques. Ce n'est pas qu'une certaine influence réciproque ne se soit fait sentir — les œuvres de Chapais, De Celles, Bruchési, Lower et Mason Wade en témoignent — mais il reste que, d'une façon générale, les échanges de points de vue ont été plutôt limités. Tout cela tend à donner l'impression d'une double construction historique étroitement cloisonnée.


2005 ◽  
Vol 40 (111) ◽  
pp. 341-362 ◽  
Author(s):  
Lynda Villeneuve

Les représentations du paysage charlevoisien au cours du XIX e siècle font une large place aux normes dictées par l'art du paysage européen, britannique en particulier. Le mouvement esthétique romantique interpréta les signes du paysage charlevoisien en référence à une idéologie agriculturiste et anti-urbaine présente à partir de la décennie 1840 en particulier. Le paysage fut intégré à l'idéologie nationale canadienne dans la seconde moitié du XIXe siècle par les artistes torontois qui recherchaient, à cette époque, l'authenticité des paysages ruraux du Canada. Le paysage charlevoisien fut alors représenté comme un paysage rural authentique du Canada français, ayant su préserver la beauté de son milieu naturel et le mode de vie typique de ses habitants. Ces représentations picturales, en raison des idéologies conservatrices qui les sous-tendent, accordaient peu d'importance au vécu territorial d'une région en mutation rapide au cours de la période 1831-1871, sous l'impulsion de la nouvelle économie urbaine industrielle.


2002 ◽  
Vol 57 (6) ◽  
pp. 1521-1557 ◽  
Author(s):  
Alain Cottereau

RésuméL’émancipation ouvrière, à la suite de la Révolution française, loin d’être une formule creuse, a donné lieu à des exigences efficaces de bon droit et s’est traduite en pratiques jurisprudentielles locales. L’article décrit un double phénomène: la mise en œuvre de cette émancipation, puis sa dénégation soudaine durant les années 1880-1890, un « coup de force dogmatique » tenant pour nulles et non avenues neuf décennies de droit des ouvriers, pour lui substituer le « droit du travail ». Au lieu du principe de bilatéralité des volontés libres, s’instaura un principe de protection en contrepartie d’une subordination industrielle impérative.


2003 ◽  
Vol 20 (2) ◽  
pp. 59-83 ◽  
Author(s):  
Fanny Colonna

Résumé Un regard aveuglé Anticléricalisme par excès d'humanisme universaliste en Algérie II s'agit ici de réfléchir sur l'extrême difficulté, qui semble particulière au champ français, à penser l'islam, depuis sa rencontre en Algérie, au début du XIXe siècle. L'hypothèse centrale de cette confrontation est que le statut singulier de la religion en France depuis la Révolution française, plus précisément les liens très complexes que la naissance des sciences sociales au XIXe siècle entretient avec elle, obscurcit la vision de l'islam depuis ce moment et jusqu'à aujourd'hui. On s'est concentré plus particulièrement sur un modèle qui paraît rendre compte des oscillations du savoir/non-savoir sur l'islam, depuis le premier tiers du XIXe siècle : euphémiser, minimiser (ou éradiquer) l'islam en Afrique du Nord fut plutôt le projet bien intentionné des républicains et des indigènophiles que celui des colons ou de la droite. On retrouve un surgeon de cela durant la guerre d'Algérie : le mythe d'un FLN laïque ne fut-il pas d'abord le produit d'une relation en miroir entre celui-ci et une gauche (chrétienne) encore marquée par son histoire récente avec le PCF (1940-1945). On a tenté de montrer que les racines de cette méconnaissance répétitive se trouvaient sans doute dans un anticléricalisme tenace, de nature plus cognitive qu'idéologique, qui renvoie à trois peurs : le rejet de l'Ancien Régime ; les périls que la religion ferait encourir à l'État ; le refus enfin de la croyance, de l'émotion et du non-rationnel en général, qui fonde la tyrannie du positivisme scientifique. Mots clés : Colonna, anticléricalisme, islam, chrétiens de gauche, acteurs


Author(s):  
Jean Levasseur

Le Canada français littéraire du XIXe siècle compte des œuvres relevant de l’utopie et de la science-fiction. Rémi Tremblay, Franco-Américain d’adoption, présente avec Un revenant (1884) une œuvre unique. Huit ans avant Jules Verne dans son Château des Carpathes (1892), Tremblay introduit la fantasmagorie dans la fiction. La science permet de véhiculer des idées libérales, dans le sillage de l’idéologie démocratique américaine. Par ailleurs, l’originalité du texte se trouve aussi dans le traitement fictionnel de la lanterne magique, qui fait se confronter deux philosophies scientifiques du XXe siècle, la relativité d’Einstein et la théorie quantique.


1968 ◽  
Vol 23 (5) ◽  
pp. 965-986 ◽  
Author(s):  
Albert Soboul

Pour éclairer le débat qui s'est instauré sur la nature de la société d'Ancien Régime (société d'ordres ou société de classes ?), et donc sur la signification profonde de la Révolution française, il ne nous paraît pas inutile d'aborder le problème des survivances féodales dans la société rurale française au XIXe siècle.La féodalité abolie totalement et définitivement par le décret de la Convention du 17 juillet 1793, des survivances persistèrent cependant durant le premier XIXe siècle, parfois jusqu'à l'aube du xxe . Elles affectèrent essentiellement les pays de petite culture et de métayage, France de l'Ouest et du Sud-Ouest, où la « révolution agricole » s'affirmait difficilement.


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