xixe siècle
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17
(FIVE YEARS 1)

2021 ◽  
pp. 99-122
Author(s):  
Philippe Chavasse

Dans les dernières années du XIXe siècle, l’écrivain belge Camille Lemonnier publie trois romans, L’Île vierge, Adam et Ève, et Au cœur frais de la forêt, qui véhiculent le rêve de voir l’humanité libérée du carcan imposé par une société qui asservit l’homme et la femme et dénature leur instinct. Le Belge Georges Eekhoud publie en 1912 Les Libertins d’Anvers, qui retrace l’histoire des hérésies chrétiennes à Anvers du XIIe siècle jusqu’à leur répression par la Réforme protestante et la Contre-réforme. Nourris par les mêmes préoccupations identitaires, Lemonnier et Eekhoud proposent des modèles de communautés utopiques qui s’inspirent à la fois du paganisme et de l’évangélisme chrétien. Les deux écrivains font l’apologie de la charité et du respect du prochain et de la nature. Toutefois, ils diffèrent dans l’intérêt qu’ils accordent au couple et à la famille comme fondement social, Lemonnier appliquant les leçons du naturisme, tandis qu’Eekhoud se situe davantage dans un courant de la pensée anarchiste représenté notamment par Charles Fourier, Raoul Vaneigem et Michel Onfray.


2021 ◽  
pp. 76-86
Author(s):  
Tessa Ashlin Nunn

Durant le premier XIXe siècle, la contredanse, constituée de déplacements et d’interactions entre tous les danseurs n’importe leur place de départ, abolit les contraintes d’une société divisée en classes. Dans Édouard (1825), Claire de Duras compare le moment des contredanses, pendant un bal parisien de l’Ancien Régime, à une échappée vers l’Angleterre, où l’ascension sociale semble réalisable. De plus, la danse crée un espace où l’héroïne peut franchir les barrières entravant les membres de son sexe et empêchant le mariage par amour. George Sand, dans Le Compagnon du Tour de France (1840), contraste la possibilité de l’amour entre des personnages de classes différentes lors des contredanses avec l’impossibilité de ces unions dans la vie quotidienne. En établissant un non-lieu, les contredanses de ces romans produisent des moments éphémères où l’égalité et la liberté règnent, pourtant, hors de la danse, les hiérarchies sociales demeurent rigides.


2021 ◽  
pp. 60-75
Author(s):  
Françoise Sylvos

Cet article oppose les textes de propagande positive et ouvrière en vers français du XIXe siècle (Du Camp) à la prose lyrique et visionnaire des saint-simoniens (Duveyrier). À partir du jugement de Baudelaire sur l’incompatibilité entre poésie et didactisme, on s’interroge sur le statut et l’artialité de la poésie sociale. Du côté de la poésie ouvrière (Cent et une petites misères, Œuvre sociale), on découvre la verdeur de la langue populaire, la vis comica et la fantaisie tandis que la fable socialiste (Lachambeaudie) est remarquable par la compassion. Sous la plume des prophètes du progrès (Enfantin), les disciplines – religion, architecture, poésie, mathématiques – loin d’être cloisonnées, sont objets analogues et langages convertibles. Le poème, l’image et la cité idéale elle-même changent leurs caractéristiques et se correspondent. L’innovation sociale ne peut se dire qu’à travers la forme novatrice du poème en prose urbain et la Révolution industrielle appelle une révolution des formes poétiques. La poéticité de ces textes, inversement proportionnelle au réalisme et à la spécialisation du lexique employé, tient à un art de la suggestion et à l’essor d’un imaginaire renouvelé par la modernité technique, citadine et scientifique.


2021 ◽  
pp. 123-133
Author(s):  
Laurent Portes
Keyword(s):  

Dans la presse française du XIXe siècle abondent les nouvelles de courte ampleur à caractère utopique. À l’examen, ces « courtes utopies » aux auteurs souvent méconnus ou demeurés anonymes (mais aussi parfois dues à des journalistes célèbres usant de pseudonymes), se révèlent des témoins de la pensée politique du moment : tantôt reflets de courants utopiques majeurs, tantôt extravagantes, parfois encore contre-pieds de la situation politique imposé par des régimes autoritaires, leur diversité doit interroger. Leur fréquente présence dans des almanachs populaires, leur parution dans la presse de pure distraction ou satirique (Le Charivari, Le journal amusant et Le journal pour rire en recèlent de riches gisements), leur juxtaposition fréquente à des illustrations amusantes sans visée politique, ou au contraire leur présence jusque dans la presse quotidienne politique les font légitimement entrer dans ce que l’on a appelé « la civilisation du journal ». 


2021 ◽  
pp. 87-98
Author(s):  
Nicolas Mary

Le monde tel qu’il sera en l’an 3000, écrit par Émile Souvestre en 1845, est volontiers considéré comme la première dystopie française. Il inaugure en effet cette pratique qui consiste à projeter dans le futur une situation contemporaine exacerbée de manière à lui donner valeur d’alarme. Or, ce voyage dans le temps participe d’une tradition qui voit utopies et dystopies s’interpeller et se poser en interlocutrices des sciences sociales et politiques. Le monde tel qu’il sera… peut ainsi être appréhendé comme une réponse aux constructions doctrinales qui manifestent une foi inébranlable en l’avenir. Car, comme Saint-Simon, Souvestre considère que le progrès technique ne peut mener à l’avènement de la cité idéale que s’il est conjugué à un progrès moral, auquel il entend contribuer en montrant à ses contemporains les conséquences désastreuses à long terme de la doxa providentialiste qui domine ce milieu du XIXe siècle.


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