L’ennemi sous la langue – Perspectivisme amérindien et philosophie deleuzo-guattarienne du langage

Phantasia ◽  
2021 ◽  
Author(s):  
Gauthier Dierickx
Keyword(s):  

Dans le prolongement du perspectivisme amérindien d’Eduardo Viveiros de Castro, cet article ambitionne de dégager une théorie amazonienne du langage à partir de certains chants guerriers des Araweté, population indigène du Brésil oriental. Pour ce faire, nous mobiliserons la philosophie du langage développée par Deleuze et Guattari. En effet, en raison des nombreuses analogies entre la structure énonciative de ces chants et cette philosophie, cette dernière semble constituer un terreau favorable pour traduire cette structure dans notre matrice conceptuelle occidentale. Une telle traduction nous permettra non seulement de nous libérer de l’idéal de communication – si cher à certaines théories linguistiques – mais également de souligner l’intérêt pour notre philosophie du langage et de la littérature d’aborder des matériaux non occidentaux.

1994 ◽  
Vol 49 (4) ◽  
pp. 951-976 ◽  
Author(s):  
Henri Favre
Keyword(s):  

Inventer des traditions légitimatrices, trouver des raisons de vivre ensemble et définir un projet d'avenir commun, telles sont les tâches qui attendent les dirigeants de tout pays accédant à l'indépendance et cherchant à se constituer en nation. Ces tâches sont particulièrement difficiles dans un pays où l'héritage colonial a laissé une minorité d'origine européenne en présence d'une nombreuse population indigène. Elles deviennent encore plus complexes quand c'est cette minorité dominante qui a tranché le lien avec la métropole afin de reconduire la structure interne du pouvoir, comme au Mexique en 1821.


1978 ◽  
Vol 33 (5-6) ◽  
pp. 1126-1159 ◽  
Author(s):  
Nathan Wachtel

Dans l'aire andine, et même à l'échelle du continent sud-américain, les Urus constituent une véritable énigme, à la fois historique et ethnologique. Presque éteints de nos jours, ils occupaient au XVIe siècle une aire exceptionnellement vaste, le long de l'axe aquatique qui traverse le haut-plateau (rio Azangaro, lac Titicaca, Desaguadero, lac Poopo, rio Lacajahuira, lac Coipasa) : dans ce cadre, ils formaient le quart de la population indigène. Or selon une image traditionnelle, léguée par- les chroniqueurs, reprise par les voyageurs et les ethnologues, ce sont des Indiens grossiers, barbares, en un mot « primitifs », qui diffèrent de toutes les autres populations andines. Ils se distinguent par l'aspect physique (dolichocéphales, teint plus sombre), la langue, le vêtement, et surtout le mode de vie : tandis que leurs voisins Aymaras ont atteint (selon le schéma évolutionniste) le stade de l'élevage et de l'agriculture, les Urus, demeurés à un niveau inférieur, ne subsistent que de pêche, de chasse (d'oiseaux aquatiques), et de collecte. Aussi suscitent-ils un mépris violent, véritablement raciste, non seulement chez les autres Indiens, mais aussi chez les meilleurs auteurs, qui les rejettent aux marges de la bestialité : « Ces Urus sont de telles brutes, affirmait José de Acosta, qu'euxmêmes ne se considèrent pas comme des hommes.


Ethnologies ◽  
2018 ◽  
Vol 39 (1) ◽  
pp. 167-174

Cet entretien évoque la politique de « détatarisation » mise en oeuvre en Crimée au lendemain de la déportation des Tatars de Crimée au printemps 1944, alors que l’Union soviétique mène une lutte sans merci contre les armées d’Hitler. La détatarisation vise à effacer les traces les plus manifestes de l’ancienne présence des Tatars, jusqu’alors considérés comme la population indigène, et à transformer la péninsule en terre russe, poursuivant d’une certaine manière la politique lancée par Catherine II à la fin du XVIIIe siècle. La détatarisation soulève le problème du « patrimoine » à divers titres, qu’il s’agisse du patrimoine culturel comme du patrimoine mobilier et immobilier.


1985 ◽  
Vol 6 ◽  
pp. 315
Author(s):  
Σοφία ΠΑΤΟΥΡΑ

<span><span style="font-size: 11pt; color: black; font-family: 'Lucida Sans Unicode','sans-serif'"> </span></span><span style="font-size: 11pt; color: black; font-family: 'Lucida Sans Unicode','sans-serif'">  </span><span style="font-size: 11pt; color: black; font-family: 'Lucida Sans Unicode','sans-serif'"><p>Sophie Patoura</p><p>Contribution  à  l'histoire des provinces  nordiques  de l'Empire (IVe-VIe s.). Sources littéraires<em> </em></p><p>La différenciation ethnique et politique effectuée à la frontière nordique de l'Empire durant le septième siècle était le résultat d'une série d'évé­nements politiques et militaires qui s'étaient succedés dans la région du Bas-Danube pendant les trois siècles précédents. Dans cette étude, se fondant sur l'examen critique des sources littéraires, l'auteur procède à une présentation des invasions barbares à travers les âges (fin du IIIe-fin du VIe s.). On accorde une attention particulière aux événements qui ont exercé une influence substantielle sur l'évolution des conditions économiques et démographiques des provinces paradanubiennes (Scythia Minor, Moesia Secunda et Dacia Ripensis), conditions qui permirent d'abord l'infiltration graduelle et puis l'installation permanente des tribus slaves dans l'Empire.</p><p>Au IVe siècle l'activité guerrière des Goths et, après leur installation sur son territoire, leur hostilité envers l'Empire, a porté un coup dur à l'économie agraire et à la population des campagnes. Les invasions des Huns - peuple qui dominait les régions du Danube au Ve s. - et sur­tout leurs attaques organisées à l'époque d'Attila, ont eu des incidences graves sur les grandes villes et forteresses des provinces d'Illyricum et de Thrace. </p><p>Au VIe siècle, malgré l'oeuvre intensive de fortification de Justinien visant à la réconstitution du <em>limes </em>danubien, les invasions continuelles des tribus hunniques, slaves et bulgares d'une part, et d'autre part l'apparition dynamique des Avars et leur activité organisée pendant la deuxième moitié du siècle, ont paralysé la défense de la frontière nordi­que et ont causé des destructions irréparables, tant à la campagne qu'aux grandes villes et forteresses.</p><p>L'abandon de la campagne, la destruction des grandes centres civils et des forteresses, la diminution graduelle de la population indigène, la colonisation de plusieurs régions de l'Illyrie et de la Thrace avec des tri­bus ou des groupes barbares, la décadence de la vie économique et la différenciation de la composition ethnique de la population, ont été les facteurs fondamentaux qui ont mené à l'affaiblissement du <em>limes </em>danubien, le contrôle de la région échappant ainsi à l'Empire.</p></span>


1991 ◽  
Vol 15 (1) ◽  
pp. 25-42 ◽  
Author(s):  
Roger A. Peddie

SOMMAIRE "Prêts ou pas?" Le développement ď une politique linguistique en Nouvelle-Zélande On peut considérer que la politique linguistique d'un pays résulte d'une interaction entre les principes prônés par le gouvernement central et sa perception des exigences politiques et économiques du pays. On peut soutenir au'en Australie, par exemple, la décision d'adopter une politique linguistique a été le résultat d'une telle interaction, à la suite de quelques années d'enquêtes et de débats publics. Dans cet article, l'auteur suggère que la situation en Nouvelle-Zélande puisse s'avérer plus complexe. Ses recherches le portent à croire que la politique se fait peu à peu, sans suivre aucun plan central et sans se baser sur les données nécessaires au développement d'une politique judicieuse. Néanmoins, la pression politique exercée sur le gouvernement à la fois par la population indigène (les Maoris), et d'autres groupes pour qui les autres langues sont tout aussi importantes, paraît avoir eu une interaction positive avec les principes de communauté et d'égalité prônés par le gouvernement. Il est donc possible que cette interaction entraîne une politique nationale cohérente, que la Nouvelle-Zélande y soit préparée ou non. L'exemple de la Nouvelle-Zélande suggère qu'on a besoin d'une théorie plus complexe pour expliquer le développement des politiques linguistiques. RESUMO Ĉu ĝi venas -preta aǔ ne? Lingvopolitika evoluigo en Novzelando Lingva politiko, laŭ la kutima difino, ekestas el interagado de la valoroj de centra regsistemo kaj la bezonoj politikaj kaj ekonomiaj. En la kazo de Aüstralio, oni ja povas argumenti, ke decido pri politiko estis bazita sur precize tia interagado post pluraj jaroj da esplorado kaj publika debatado. La aŭtoro sugestas, ke la situacio en Novzelando estas pli komplika: La politiko ekaperas laŭpece, sen klara centra planado kaj sen granda parto de la donitajoj bezonataj por firma evoluigo de politiko. Tarnen, politika premado fare de la indigena maoria popolo kaj de komunumaj kaj aliaj interesogrupoj lingvaj sajnas interaginta pozitive kun akceptitaj registaraj valoroj pri partnereco kaj egaleca traktado. Tio eventuale ja kondukos al kohera nacia politiko, sendepende de la demando ĉu Novzelando pretas aŭ ne. La novzelanda kazo sugestas, ke oni eventuale devos tarnen ellabori pli komplikan teorion de lingvopolitika evoluigo.


Sign in / Sign up

Export Citation Format

Share Document