Cet article examine le concept d’indécidabilité de Jacques Derrida dans la traduction automatique et dans la traduction humaine. Définie comme la condition même de toute possibilité d’action et de décision (Caputo 1997 : 137), l’indécidabilité est la composante structurelle de toute décision. S’appuyant sur le concept de Derrida pour penser la complexité des processus décisionnels à l’oeuvre dans l’acte traductif, cet article explore les zones d’indécidabilité dans les traductions d’un extrait de Traduire au xxie siècle d’Henri Meschonnic (2008). Délibérément choisi pour sa résonance directe avec la notion d’indécidabilité, le commentaire de Meschonnic soutient que, mis à part les traductions automatiques, aucune pratique de la traduction n’est possible sans prise de décision réflexive (Meschonnic 2008 : 60). Les observations traitées dans cet article remettent en question l’opposition homme-machine en traduction en montrant que la programmabilité et l’indécidabilité sont des caractéristiques communes à la traduction automatique et à la traduction humaine. Cette étude semble ainsi indiquer que, comme condition préalable à toute prise de décision éthique, l’incertitude doit être développée au sein même des systèmes de traduction automatique et qu’une formation approfondie des traducteurs aux technologies de la traduction est indispensable pour un usage responsable de la traduction automatique.