L’Anthropocène est un concept socialement vif, porteur d’enjeux scientifiques, politiques, sociaux et éthiques. Cet article développe une analyse socioépistémique des modes de publicisation du concept. Cette analyse porte sur : (1) les origines du concept sur le plan épistémologique et (2) l’analyse de la couverture médiatique de l’Anthropocène, à l’occasion de la publicisation du congrès international de géologie à Cap Town, en Afrique du Sud, fin 2016. Elle ouvre un espace de réflexion et permet d’en déduire qu’une éducation au développement durable qui mobiliserait le concept d’Anthropocène suppose une vigilance épistémologique et axiologique, l’objet « anthropocène » étant soumis à des impératifs contradictoires. Si l’Anthropocène peut accompagner un programme d’éducation au développement durable, à travers l’analyse des impacts des activités humaines sur l’écosystème terrestre, il semble nécessaire de prendre en compte les controverses expertes à son sujet, en développant alors une éducation à la nature des sciences, à l’esprit critique, aux médias et à l’information. Ces éducations, dont les finalités sont probablement le débat démocratique, la prise de décision et un engagement citoyen éclairés, supposent une culture du doute méthodique, une analyse des jeux d’acteurs et d’arguments ainsi que l’acceptation d’ignorances et d’incertitudes inhérentes à l’évaluation des risques socioenvironnementaux.