Les juristes d’outre-mer entre orientalisme et anthropologie. « Étrangers assimilés aux indigènes » et « métis » dans le façonnage de l’ordre colonial (xixe-xxe siècles)

Author(s):  
Silvia Falconieri

Dès la deuxième moitié du xixe siècle, les juristes spécialistes du droit colonial semblent fort sensibles à l’intégration des savoirs extra-juridiques, émanant du milieu des sciences naturelles et sociales, dans leurs discours et pratiques. Cette attitude se manifeste de manière d’autant plus évidente dans la définition des rapports juridiques entre français et indigènes, lorsqu’il s’agit d’encadrer des cas hybrides ou limites. Comment les spécialistes du droit d’outre-mer sélectionnent-ils et utilisent-ils ces connaissances dans la pratique quotidienne du droit ? De quelle manière se construit-il le dialogue entre les juristes et les autres savants ? Quels sont les enjeux de l’usage de ces savoirs ? Cet article aborde ces problématiques, en se concentrant sur la mobilisation des études des orientalistes et de l’anthropologie physique dans la construction des catégories d’« étrangers assimilés aux indigènes » et de « métis ».

2002 ◽  
Vol 57 (3) ◽  
pp. 753-772
Author(s):  
James Turner ◽  
Eli Commins

RésuméLes historiens des États-Unis présument que le mot «science», au XIXe siècle, signifiait, implicitement, les sciences naturelles, tout comme au XXe siècle. Il en résulte qu’ils attribuent les changements profonds dans la vie intellectuelle à l’importance grandissante des sciences naturelles. Une lecture plus attentive montre que «science», avant 1900, avait un sens plus large, comprenant les sciences humaines tout autant que les sciences naturelles. Cette reconsidération de la carte épistémologique de l’Amérique du XIXe siècle apporte un éclairage nouveau sur les traits déterminants de la vie intellectuelle des années post-1900, tels que l’essor des sciences sociales, la formation des universités consacrées à la recherche et l’origine de la modernité séculaire elle-même.


Gesnerus ◽  
1992 ◽  
Vol 49 (1) ◽  
pp. 21-38
Author(s):  
Bernardino Fantini

Tout au long du XIXe siècle un grand nombre de théories étiologiques différentes et contradictoires sur le goitre et le crétinisme avait été proposé. La reconnaissance par le corps scientifique et médical du poids de la théorie microbienne des maladies infectieuses poussa à chercher un agent microbien pour tous les états pathologiques et on chercha longtemps un microbe responsable du goitre endémique. Cette attitude, associé à l’absence d’une théorie générale des maladies de carence, qui ne sera élaborée qu’au début du XXe siècle, résulta en un retard important dans les connaissances sur l’étiologie du goitre et du crétinisme. Toutefois, le développement de la théorie des germes a déterminé des effets positifs, en particulier la diffusion d’un modèle scientifique nouveau et la confiance dans la possibilité de lutter efficacement contre les endémies par des mesures simples de prophy laxie généralisée.


Arabica ◽  
2005 ◽  
Vol 52 (1) ◽  
pp. 1-42
Author(s):  
Rainer Brunner

AbstractPendant plusieurs siècles la question de la falsification du Coran (tahrif al-Qur "an) par les adversaires «sunnites» a été un sujet de polémique central au sein du chiisme duodécimain. Le corpus ancien des traditions imamites contient notamment de nombreuses données explicites selon lesquelles les rédacteurs de la « vulgate ' u δ m à nienne » auraient délibérément supprimé les passages désignant nommément ' Al ì comme le successeur du Prophète, masquant ainsi le rôle primordial des Imams chiites. Cette croyance, occultée à partir de la seconde moitié du Xe siècle par la critique rationaliste du corpus de hadith, connut un renouveau remarquable après l'émergence de l'École A ¢ b à r ì aux XVIIe et XVIIIe siècles. Même la victoire des U ßù l ì s nefit pas complètement disparaître la conviction de l'existence du tahrif. À la fin du XIXe siècle, le savant iranien Ó usain an-N ù r ì écrivit une imposante monographie pour défendre cette conviction. Ce ne fut qu'au XXe siècle et à cause de l'effet désastreux qu'eut l'ouvrage de N ù r ì dans les polémiques entre sunnites et chiites, que ces derniers essayèrent de s'unifier autour de la thèse de l'authenticité de « la vulgate ». Ne croyant pas à la sincérité de cette attitude, les sunnites continuent leurs polémiques de plus en plus intensément, faisant de la question du tahrif un des problèmes le plus épineux de la divergence entre les deux principales confessions musulmanes.


2009 ◽  
Vol 17 (2) ◽  
pp. 37-59
Author(s):  
Günther Haensch

Résumé Les premiers glossaires de l’espagnol américain publiés avant le XIXe siècle figurent dans des ouvrages historiques et géographiques. Au XIXe siècle sont publiés des « dictionnaires de provincialismes » (souvent aussi de « barbarismes » ou « incorrections ») qui, d’un côté, enregistrent des mots désignant des réalités américaines et de l’autre, stigmatisent comme « barbarismes » les mots désignant des choses universelles pour lesquels il existait déjà un mot dans l’espagnol péninsulaire. Cette attitude des lexicographes s’explique, en grande partie, par la tradition normative et puriste de la lexicographie espagnole (et en grande partie européenne). Un nouveau type de dictionnaire, le Diccionario general de americanismos apparaît au XXe siècle. Quant à la situation générale de la lexicographie de l’espagnol d’Amérique au XXe siècle, elle présente une production très inégale, du point de vue quantitatif et qualitatif, d’un pays à l’autre. Elle a certainement besoin d’une modernisation méthodologique. Quatre nouveaux projets de dictionnaires en cours d’élaboration marquent un grand progrès dans ce sens et il faut espérer que leur exemple sera suivi par d’autres lexicographes.


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