scholarly journals Le genre des politiques du temps de travail : nouveaux enjeux non sans risques…

2002 ◽  
pp. 97-107 ◽  
Author(s):  
Rachel Silvera

Résumé Le contexte actuel de la réduction du temps de travail, par l'intermédiaire de la loi sur les 35 heures, nous incite à nous interroger sur les enjeux d'une telle mesure dans une perspective de genre. Jusqu'à la Loi Aubry II, les politiques du temps de travail se voulaient « neutres » du point de vue du genre, alors même que les choix opérés en vue « d'enrichir le contenu en emplois de la croissance » se sont traduits par de fortes discriminations à l'égard des femmes, via le temps partiel. La question de l'égalité apparaît plus explicitement dans la seconde loi adoptée en janvier 2000, mais cette intégration paraît surtout formelle. Cet article se propose de repérer les conséquences en termes de genre d'expériences menées en France, sur le plan des politiques publiques mais aussi au niveau des entreprises ayant procédé à des réductions et aménagements du temps de travail. Nos enquêtes révèlent, d'abord, que l'illusion des 35 heures comme moyen de mieux répartir les tâches dans et hors travail ne résiste pas à l'observation des réalités; en second lieu, le temps de travail renforce certaines discriminations entre les femmes elles-mêmes, selon leur situation familiale et professionnelle.

Author(s):  
Isabelle Hansez ◽  
Laurent Taskin ◽  
Jacques-François Thisse

Dans ce numéro spécial de Regards économiques, trois expertises dialoguent afin d’offrir une compréhension multidisciplinaire du «télétravail» aujourd’hui et demain : D’un point de vue économique, la question clé demeure celle de l’incidence d’une pratique intensive de télétravail à domicile sur la mobilité, les villes et l’économie dans son ensemble. Le gain espéré de productivité au travail sous-tend le développement du télétravail. Souvent déclaré, mais rarement mesuré de façon précise, des rares études montrent néanmoins une relation de cause à effet entre la pratique du travail à domicile et un surcroît de productivité au travail. Mais, qu’en sera-t-il demain sur le long terme ? Et quel impact une pratique plus forte du télétravail peut-elle avoir sur la demande et l’offre immobilières dans les villes et sur les marchés locaux du travail ? Ce sont quelques-unes des analyses développées par Jacques-François Thisse, professeur émérite d’économie à l’UCLouvain. Du point de vue des organisations et du management, la pratique du télétravail a conduit à revisiter les processus de régulation du rapport au travail (tels que le contrôle et l’autonomie au travail, les styles de management, l’identité au travail, la productivité et l’équilibre entre sphères privée et professionnelle). Autre enjeu pour les entreprises ? La gestion de la distance sur les comportements au travail (notamment l’hyper connexion ou l’invisibilisation). Selon Laurent Taskin, professeur en sciences de gestion à l’UCLouvain, le futur verra s’intensifier le télétravail. L’enjeu organisationnel et managérial clé de l’après-covid sera donc de réinventer de nouvelles routines de travail autour de la présence, là où c’était la distance qui était régulée avant la crise covid. C’est cette réflexion qui permettra de préserver et valoriser l’innovation, la créativité et la socialisation. Du point de vue des individus, les recherches sur le télétravail ont identifié de longue date des effets plutôt positifs en termes de satisfaction, de motivation, de bien-être ou de fidélisation, justifiant une demande, de la part des travailleurs, pour ce type d’arrangement. Se basant sur une enquête menée durant le premier confinement en Belgique, Isabelle Hansez, professeure de psychologie à l’ULiège, offre une perspective nuancée des conditions de la pratique du télétravail durant le confinement et des perspectives affichées par les personnes sondées. Plus que jamais, semble-t-il, la dimension du bien-être au travail semble clé dans la valorisation du télétravail par les individus et montre aussi les disparités de situations (familiale, professionnelle) qui amènent à apprécier différemment la flexibilité offerte par le télétravail.   Ces trois regards se complètent et permettent, in fine, d’identifier les équilibres et les tensions qui caractérisent le développement du télétravail. Et donner des pistes qui pourront satisfaire à la fois les travailleurs, les managers, les entreprises et les acteurs qui vivent de la présence des travailleurs sur leur lieu de travail (commerces, services, entretien…) ? Voici les principaux enseignements et recommandations des trois scientifiques : L’accroissement de productivité dû à la pratique du télétravail est lié à sa fréquence : au-delà de deux jours par semaine ou de 50% du temps de travail, l’impact sur la productivité s’atténue ; Le développement du télétravail peut potentiellement modifier la consommation d’espace de bureau (décroissance) et domestique (croissance), dans un mouvement qui risque de dévitaliser les centres urbains et d’affaires ; La pratique plus intensive du télétravail menace l’existence de communautés de travail au sein des organisations, au profit de liens plus formels et instrumentaux avec l’organisation et les collectifs de travail ; Pour les travailleurs, la pratique du télétravail est source de satisfactions (autonomie, flexibilité, par exemple) mais aussi d’inconfort (ergonomie, conflit privé-professionnel, ambiguïté des attentes, par exemple) ; Les politiques publiques doivent d’urgence proposer des solutions de mobilité afin de faciliter l’accès aux centres urbains, pour les travailleurs, et juguler une potentielle désertion de ceux-ci par les quartiers d’affaire—la mobilité étant le premier facteur de choix pour le télétravail ; Les employeurs doivent formaliser la possibilité de télétravail dans des accords collectifs négociés et permettre à leurs salariés d’être dans de bonnes conditions de travail à domicile, a fortiori si le télétravail fait l’objet d’une politique organisationnelle ou de gestion des ressources humaines ; Le management doit réguler la présence des équipes de travail en tenant compte de leurs réalités propres (activités, par exemple) afin de préserver les liens sociaux, garants d’une performance de long terme ; Les travailleurs sont invités à organiser leurs temps et leurs espaces privé et professionnel de sorte à permettre une conciliation harmonieuse.


2006 ◽  
pp. 13-23 ◽  
Author(s):  
Paul Bouffartigue

La perspective temporelle éclaire bien certaines dynamiques de la division sexuée des activités sociales. Après avoir rappelé les trois tendances convergentes relevées dans dix pays développés (légère augmentation du temps de travail rémunéré; convergence entre hommes et femmes; renversement de la relation positive entre temps de loisirs et niveau d’éducation), on nuance fortement les progrès féminins et on s’interroge sur les implications du processus de polarisation sociale des richesses et du temps pour la division sexuelle du travail domestique. On montre enfin combien les nouvelles formes de disponibilité temporelle professionnelle compliquent l’action collective et les politiques publiques en faveur d’une diminution effective du temps de travail.


2017 ◽  
Vol 7 (2) ◽  
pp. 34-69 ◽  
Author(s):  
Lauri Siitonen

This is a comparative study of development policy behavior, testing the Europeanization hypothesis and the idea of sub-regional identification. It examines development policies of three Benelux countries and four Nordic countries. The comparison was partly quantitative, drawing from OECD data, and partly qualitative, based on policy analysis of similarities and differences in development policies of the countries under examination. The examination provides some evidence in support of the Europeanization hypothesis as far as the EU goals towards growth in member states’ aid volume and commitment to policy coherence for development were concerned. The alternative explanation was found to be stronger in helping understand performance in multilateral aid and allocation of bilateral aid. Common to the countries under examination is that they approximate a corporatist type of political economy, which helps in understanding identification and norm diffusion within sub-regional schemes. Neither explanation proposed here succeeded in explaining commitment to donor coordination.Spanish abstract: Este estudio comparativo del comportamiento de la política pública de desarrollo prueba la hipótesis de Europeización y la idea de identifi cación subregional. Las políticas públicas de desarrollo de tres países de Benelux y cuatro países Nórdicos fueron examinadas. La comparación fue cuantitativa y cualitativa, basada en análisis de similitud de política pública y diferencias en las políticas de desarrollo. El examen provee evidencia que apoya la hipótesis de Europeización tan lejos como las metas de crecimiento de la UE en volumen de ayuda y compromiso de coherencia de política de desarrollo de los estados miembros eran considerados. Se encontró sólida en ayudar entender el desempeño de la cooperación multilateral y la asignación de cooperación bilateral. Los países bajo estudio aproximan un tipo corporativista de economía política, que ayuda entender la identifi cación y difusión de normas dentro de esquemas subregionales. Ninguna explicación propuestas explica el compromiso con la coordinación del donante.French abstract: Cett e étude comparative évalue l’hypothèse de l’européanisation et l’idée de l’identification sous-régionale. Elle examine les politiques de développement des pays membres de deux schémas européens sous-régionaux : les trois pays du Benelux et les quatre pays nordiques. La comparaison est en partie quantitative à partir des données de l’OCDE et en partie qualitative, car elle se fonde sur une analyse de politiques publiques des similarités et des différences dans les politiques de développement des pays étudiés. L’analyse apporte des éléments en faveur de l’hypothèse de l’européanisation dans la mesure où les objectifs de l’EU en matière d’augmentation du volume de l’aide et de l’engagement en faveur de la cohérence des politiques publiques pour le développement (CPD) sont concernés. Cependant, l’explication alternative est avérée car elle permet de comprendre la performance de l’aide multilatérale et l’allocation de l’aide bilatérale. Un point commun entre les pays étudiés est qu’ils s’approchent d’un modèle corporatiste d’économie politique qui aide à comprendre l’identification et la diffusion normative à l’intérieur de cadres sous-régionaux. Cependant, aucune des explications proposées ne réussit à expliquer l’engagement en matière de coordination des donateurs.


2004 ◽  
Vol 76 (1) ◽  
pp. 93-98 ◽  
Author(s):  
Danielle Boyer ◽  
Léa Crompagne ◽  
Catherine Vérité
Keyword(s):  

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