Le guichet du HCR, entre standardisation bureaucratique et ethos humanitaire
Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) est devenu ces dernières années un des acteurs les plus importants des procédures de détermination du statut de réfugié (DSR). Face à la recrudescence de cette action de catégorisation, l’organisation tente d’harmoniser les pratiques de ses agents dans ses 70 bureaux impliqués dans des activités de DSR. En dépit de ces manoeuvres de systématisation des procédures administratives, effectuées à partir de Genève en coopération avec les bureaux locaux, les pratiques de DSR, telles qu’observées depuis le bureau du HCR-Caire, se caractérisent par leur impossible standardisation. D’une part, les contextes politiques, économiques et sociaux dans lesquels elles prennent place et au sein desquels les politiques des gouvernements des pays hôtes jouent un rôle conséquent, contraignent à amender les règles établies à Genève dans un sens politiquement conforme aux configurations locales. D’autre part, les agents d’éligibilité du HCR – théoriquement engagés dans une mission « humanitaire » mais astreints à un travail très administratif – jouent souvent de leur pouvoir discrétionnaire pour rendre leur travail de DSR plus conforme à leur engagement particulier. Ainsi, après avoir souligné les enjeux propres à l’ethnographie d’une pratique administrative au sein d’une bureaucratie transnationale, il s’agira de discuter des moyens utilisés par le HCR pour normaliser ses procédures administratives, dans la perspective d’améliorer à la fois l’efficacité et la rapidité du traitement des demandes d’asile. Ces tentatives de rationalisation seront enfin analysées à l’aune du pouvoir discrétionnaire inhérent au « guichet de l’asile », relatif aux enjeux globaux et locaux auxquels le HCR doit faire face simultanément, tout comme à l’engagement humanitaire de ses agents.