Introduction
La surveillance des tendances de l’incidence du cancer chez les enfants
peut éclairer la recherche, les politiques et les programmes en matière d’étiologie. Cette
étude donne lieu au premier rapport sur les variations démographiques et géographiques
des tendances de l’incidence de groupes diagnostiques détaillés chez les enfants de la
population générale au Canada.
Méthodologie
Les données du Registre canadien du cancer ont servi à calculer les taux
d’incidence normalisés selon l’âge (TINA) annuels de 1992 à 2010 chez les enfants de
moins de 15 ans selon le sexe, l’âge et la région pour les 12 principaux groupes et certains
sous‑groupes diagnostiques de la 3e édition de la Classification internationale du cancer
chez les enfants (CICE). Les tendances temporelles ont été examinées à partir des variations
annuelles en pourcentage (VAP) au moyen d’une régression Joinpoint.
Résultats
Les TINA annuels du cancer chez les enfants ont augmenté de 0,5 % (intervalle
de confiance [IC] à 95 % = 0,2 à 0,9) chez les garçons chaque année entre 1992 et
2010, tandis que l’incidence chez les filles a augmenté de 3,2 % (IC = 0,4 à 6,2) chaque
année depuis 2004 après une stabilisation initiale. L’augmentation globale la plus importante
a été observée chez les enfants de 1 à 4 ans (VAP = 0,9 %, IC = 0,4 à 1,3). Par
région, c’est en Ontario entre 2006 et 2010 que les taux globaux ont le plus augmenté
(VAP = 5,9 %, IC = 1,9 à 10,1) et ils ont augmenté de façon non significative dans les
autres régions entre 1992 et 2010. On a mesuré en 2006-2010 les TINA annuels moyens de
tous les cancers confondus les plus faibles dans les Prairies (149,4 pour 1 million) et les
plus élevés en Ontario (170,1 pour 1 million). Les TINA des leucémies, du mélanome, des
carcinomes, du cancer de la thyroïde, des épendymomes et de l’hépatoblastome ont augmenté
dans tous les groupes d’âge, et les TINA du neuroblastome ont augmenté chez les
enfants de 1 à 4 ans. L’incidence de l’astrocytome a diminué chez les enfants de 10 à
14 ans (VAP = −2,1 %, IC = −3,7 à −0,5) ainsi que chez les garçons (VAP = −2,4 %,
IC = −4,6 à −0,2) et les filles (VAP = −3,7 %, IC = −5,8 à −1,6) en Ontario au cours
de la période étudiée.
Conclusion
Les tendances à la hausse de l’incidence de tous les cancers confondus et de
certaines tumeurs malignes correspondent aux tendances signalées dans d’autres pays
développés. Elles sont explicables par des variations démographiques, par des variations
de l’exposition aux facteurs étiologiques ou par des changements apportés aux méthodes
de codification, de diagnostic et de déclaration du cancer. Une baisse significative de la
tendance de l’astrocytome chez les 10 à 14 ans a été observée pour la première fois.