La littérature contemporaine des femmes est truffée de personnages féminins qui se
placent en porte à faux avec les attentes écrites pour elles dans les contes traditionnels
et cessent de « prendre soin » d’elles-mêmes comme des autres (pères, maris, enfants, ami.es
et étrangers). Leurs identités se fondent sur une tension, sorte de dialectique constante
entre le care et la violence (symbolique ou physique ; métaphorique ou réelle), qui
trouve ses racines dans les archétypes des contes de fées. Les écrits contemporains des
femmes, à travers l’exploration des thèmes comme les relations amoureuses, les relations
familiales, la maternité, la sexualité et les usages de la drogue, présentent une violence
qui, parfois tournée vers l’autre, parfois tournée vers soi, se comprend mieux une fois
observée sous le prisme d’une éthique de la responsabilité puis du « prendre soin » que le
discours sous-tend. Cet article démontre comment le care devient violence. Il
s’agira de comprendre une certaine limite du care : le cas qui implique de briser
la dynamique, de rompre avec le « prendre soin », violemment, et de rejeter une moralité
cristallisée par les contes traditionnels. Sont ainsi analysés Les sangs
d’Audrée Wilhelmy et Demoiselles-cactus de Clara B.-Turcotte, qui s’inspirent des
codes du conte pour mieux marquer le moment où ils sont fracassés, afin de comprendre les
racines de ce mouvement de révolte à l’égard de certains motifs du conte.