scholarly journals Identités masculines, expression corporelle et éducation physique en France entre 1967 et 1985

2021 ◽  
Vol 37 ◽  
Author(s):  
Nicolas Iffrig ◽  
Jean Saint-Martin

RÉSUMÉ Au cœur de la France des années 1970 marquée par une vague de bouleversements idéologiques et culturels, l’expression corporelle constitue une expérience novatrice et unique en Education Physique et Sportive (EPS) face à l’hégémonie du sport en EPS. Par son approche dérégulée, personnelle et émancipatrice, l’expression corporelle marque une rupture dans la gestion du corps des enfants scolarisés. Par son intermédiaire, les élèves ont ainsi accès à de nouvelles pratiques sollicitant le sensible et l’expressif. Cette conception de l’EPS bouleverse en outre la représentation de l’identité masculine de cette époque. Dominant, courageux, autoritaire et principalement reproduit par l’enseignement du sport, l’idéal masculin se trouve alors redéfini et remis en question. En dénonçant le caractère reproductif et inégalitaire du sport, les promoteurs de l’expression corporelle masculine visent non seulement à désacraliser le modèle patriarcal mais recherchent aussi l’émergence d’un nouvel idéal masculin, tourné vers plus d’émancipation et d’épanouissement. Au demeurant, les auteurs constatent l’émergence de nouvelles masculinités qu’ils qualifient de subordonnées voire marginalisées, et qui trouvent dans l’enseignement de l’expression corporelle un terrain inédit de prédilection. L’analyse exhaustive des revues professionnelles (Cahiers du GREC, Revue Esprit, Revue EP.S) et les entretiens de divers acteurs de l’expression corporelle (notamment JB. Bonange) permettent de mettre en évidence une prédominance des rapports sociaux de classe sur les rapports sociaux de genre, dans la mesure où l’expression corporelle émerge essentiellement en France dans les milieux favorisés tels que les universités, et ne parvient pas à se diffuser dans les milieux populaires, lieux de résistances d’une masculinité hégémonique traditionnelle.

2019 ◽  
Vol 58 (2) ◽  
pp. 143-150
Author(s):  
Pascale Molinier

La psychodynamique du travail a étendu les conditions sociales de la sublimation au travail ordinaire et à la dynamique de la reconnaissance. Selon Christophe Dejours, la reconnaissance porte sur le faire mais elle se capitalise dans le registre de l’être. Or ce que les femmes font est généralement confondu avec ce qu’elles sont. D’où un déficit chronique de reconnaissance de leurs contributions, bien sûr aggravé par les rapports sociaux de domination (voir l’effet Mathilda dans les sciences). Ce constat sera ici principalement argumenté à partir des analyses psychodynamiques du travail féminisé (les activités de care) qui se caractérisent par leur discrétion. De la sous-estimation du travail féminin, il résulte de nombreuses conséquences, tant sur le plan théorique que clinique : la sublimation dépend-elle nécessairement de la reconnaissance ? – on déplacera cette question autour de l’expressivité et de la voix.


1982 ◽  
Vol 37 (2) ◽  
pp. 246-254 ◽  
Author(s):  
Janusz Tazbir

M'étant interrogé, il y a quelques années, sur l'accueil réservé aux œuvres de Thomas More et sur leur diffusion en Pologne, j'ai tenté de définir les raisons pour lesquelles les utopies classiques n'avaient pas trouvé de résonance parmi les citoyens de la République nobiliaire. Elles sont multiples. Ainsi, presque toutes les représentations de la société idéale, depuis la Politique de Platon, les visions de More ou de Campanella, jusqu'aux utopies du siècle des Lumières, préconisent une ingérence très poussée dans la vie privée des citoyens, un contrôle continu exercé sur eux par des censeurs spécialement institués à cette fin, la soumission à des normes très rigoureuses de discipline sociale — en un mot, un fonctionnement de l'État qui est en contradiction flagrante avec les institutions de la Pologne des xvie-xviie siècles. Comme le remarque à juste titre Claude Backvis, l'utopie naît dans des conditions où elle ne peut en aucune mesure être réalisée. Elle réclame tout parce qu'elle n'est en mesure de rien obtenir ; son maximalisme vient de ce qu'on pense impossible de modifier, de quelque façon que ce soit, les rapports sociaux et politiques existants. C'est la raison pour laquelle la noblesse polonaise qui, à l'époque de la Renaissance, avait largement les moyens de transformer l'État, ne recherchait pas de compensation dans la création imaginaire d'un monde idéal, utopique. Plus tard, le conservatisme de l'État polonais, son hostilité déclarée à tout changement, s'opposèrent efficacement tant à la création de variantes polonaises qu'à la réception des versions étrangères de l'utopie.


2017 ◽  
Vol 124 (1) ◽  
pp. 33-42
Author(s):  
Anne Roulin-Perriard ◽  
Jean-Pierre Tabin
Keyword(s):  

Quaderni ◽  
1995 ◽  
Vol 26 (1) ◽  
pp. 11-31 ◽  
Author(s):  
Pierre Bélanger ◽  
Serge Proulx ◽  
Jocelyne Voisin
Keyword(s):  

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