Dire l'indicible. Remarques sur la catégorie du nefandum du XIIe au XVe siècle

1990 ◽  
Vol 45 (2) ◽  
pp. 289-324 ◽  
Author(s):  
Jacques Chiffoleau
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En septembre 1307, dans l'ordre d'arrestation des templiers, les officiers du roi de France, malgré la redondance extrême de leur discours, n'arrivent pas à dire l'horreur d'un crime que bientôt pourtant les accusés, eux, finissent par dire, mais sous la torture et dans le secret :Une chose amère, une chose déplorable, une chose assurément horrible à penser, terrible à entendre, un crime détestable, un forfait exécrable, un acte abominable, une infamie affreuse, une chose tout à fait inhumaine, bien plus, étrangère à toute humanité, a, grâce au rapport de plusieurs personnes dignes de foi, retenti à nos oreilles, non sans nous frapper d'une grande stupeur et nous faire frémir d'une violente horreur.C'est que la faute des moines-chevaliers est à proprement parler indicible, nefandissima. Si l'on cherche à préciser le statut de la parole de l'accusé en cette fin du Moyen Age, il n'est donc pas sans intérêt de s'interroger sur cette catégorie étrange du nefandum, et d'explorer une situation limite, paradoxale : celle précisément où l'accusé dit ce qui est impossible à dire.

2009 ◽  
Vol 3 ◽  
pp. 155
Author(s):  
Teresa Cristina Alves de Melo
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<p>Dans cet article, nous présentons quelques aspects historiques du manuscrit médieval du <em>Livre d’Isaac </em>(cod. lat. 14891 de la B.N.F.), dont l’édition paléographique et lexique est menée dans notre recherche doctoralle au “Pós-Lin” de la Faculdade de Letras de l’UFMG. Nous présentons, aussi, l’édition interpretative du premier chapitre du <em>Livre d’Isaac</em>. Le manuscrit est une traduction en français médiéval, probablement faite à partir d’une version latine du texte d’Isaac le Syrien. Ce texte a eu grande circulation au Moyen Âge, en raison de son importance comme texte fondamental pour l’orientation des moines.</p>


Author(s):  
Merete Geert Andersen
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Merete Geert Andersen: Le manuscrit de Justin de la Bibliothèque royale du Danemark, GKS 450 2º. Sur les traces de son scriptorium   Quand on fait référence au XIIe siècle, on parle également de “la renaissance du XIIe siècle”. C’était une période de relance artistique et culturelle et de renouveau pour les classiques latins qui furent largement copiés au XIIe siècle. Des testaments nous ont appris que les auteurs classiques étaient appréciés et étudiés dans le Danemark du Moyen-âge. L’introduction de la Réforme luthérienne en 1536 a néanmoins balayé les auteurs classiques, dont les ouvrages furent convertis en feu d’artifice ou en reliure pour des dossiers d’archive. Nous avons toutefois la chance qu’un ouvrage d’auteur classique ait survécu à la Réforme, à savoir la copie manuscrite d’un texte de l’historien romain Justin comprenant l’Epitoma historiarum Philippicarum Pompei Trogi. Daté paléographiquement du XIIe siècle, le manuscrit est conservé à la Bibliothèque royale à Copenhague sous la cote GKS 450 2º. Il est d’autant plus passionnant qu’il servit à l‘historien danois Saxo Grammaticus lors de son élaboration de l’Histoire des Danois (Gesta Danorum) datant de l’année 1200 environ.   Pendant des siècles, les chercheurs se sont divisés sur la question de savoir si la copie fut réalisée en France ou au Danemark. Dans mon article, j’argumente en faveur d’une élaboration dans un scriptorium cistercien. La couleur du parchemin et la remarquable qualité calligraphique indiquent que le manuscrit n’a pas été copié au Danemark, mais à l’étranger. Cîteaux et Clairvaux entrent en ligne de mire. En 1144, l’archevêque Eskil de Lund fît venir des moines cisterciens de l’abbaye de Cîteaux à l’abbaye de Herrevad en Scanie. Puis en 1151, l’abbaye bénédictine d’Esrum dans le Nord du Seeland fut transformée en abbaye cistercienne habitée par des moines de Clairvaux.   Le main de GKS 450 2º ne ressemble pourtant à aucune main datée et associée au scriptorium de Clairvaux au XIIe siècle. En revanche, elle rappelle fortement des écritures de copies provenant du scriptorium de Cîteaux du XIIe siècle, et plus particulièrement le main de Dijon, Bibliothèque Municipale, 77, ms. 41, datant du milieu du XIIe siècle. Étant donné que le rédacteur de la copie de Justin utilise l’esperluette et la note tironienne à la place de la ligature du “e” et du “t”, il convient probablement de dater le manuscrit GKS 450 2º de 1175–1200.  


Traditio ◽  
1978 ◽  
Vol 34 ◽  
pp. 416-427 ◽  
Author(s):  
Dominique Urvoy
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L'idée de la nécessité pour un missionnaire de connaître la langue de ceux qu'il évangélise nous apparaît aujourd'hui comme une évidence. En fait, cette idée ne s'est imposée que tardivement. En Occident, l'évangélisation a d'abord suivi les cadres géographiques de la domination romaine et a, par suite, bénéficié de la langue du pouvoir. Seules les tentatives — d'ailleurs fructueuses — des moines irlandais dans le monde germanique constituaient une approche d'un monde totalement nouveau, quoique déjà pénétré d'influences méditerranéennes. L'Empire d'Occident et le triomphe de la Papauté au IXe siècle imposent l'idée d'une ‘Chrétienlé’ souveraine. En Méditerranée orientale, nous voyons les Byzanlins partagés entre le complexe de supériorité des Grecs envers tout ce qui est ‘barbare’ et le désir de convertir les hordes slaves, désir qui aboutira à la formalion de l'alphabet cyrillique et à tout un effort de traduction de textes d'abord, d'adaptation musicale ensuite, etc. Mais, ce faisant, les Byzantins se sont liés à tout un mécanisme politique d'influence et de prédominance entre Églises sœurs mais rivales. L'idée d'ouverture aux non-chrétiens comme tels ne sera reprise qu'au XIVe siècle par des moines russes suivant la colonisation du Nord-Est, notamment avec la formation d'une ériture ziriane par Saint Étienne de Perm.


2018 ◽  
Vol 73 (3) ◽  
pp. 387-397
Author(s):  
Marc Dumas
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Si la liste des huit mauvaises pensées des moines du désert (Évagre) devient vers la fin de l’Antiquité ou au début du Moyen Âge la liste des sept péchés capitaux (pape Grégoire le Grand), les Réformes déplacent le curseur concernant les péchés du pluriel vers le singulier : vers le péché. Les péchés capitaux, dont la paresse, pointent vers un état de rupture relationnelle avec Dieu ou d’aliénation, pour reprendre Paul Tillich dans sa Théologie systématique. Mais les bouleversements engendrés par la modernité n’ont-ils pas contribué à un oubli des péchés capitaux en faveur d’une réappropriation plus séculière de ces thèmes anthropologico-théologiques ? En effet, la « paresse » sous certains de ces accents ne pourrait-elle pas devenir, dans un siècle particulièrement marqué par la vitesse et l’instantanéité, un contrepoids pour garder un équilibre et éviter ainsi une déshumanisation, voire une zombification de notre humanité ?


2009 ◽  
Vol 3 ◽  
pp. 155-173
Author(s):  
Teresa Cristina Alves de Melo
Keyword(s):  

Dans cet article, nous présentons quelques aspects historiques du manuscrit médieval du Livre d’Isaac (cod. lat. 14891 de la B.N.F.), dont l’édition paléographique et lexique est menée dans notre recherche doctoralle au “Pós-Lin” de la Faculdade de Letras de l’UFMG. Nous présentons, aussi, l’édition interpretative du premier chapitre du Livre d’Isaac. Le manuscrit est une traduction en français médiéval, probablement faite à partir d’une version latine du texte d’Isaac le Syrien. Ce texte a eu grande circulation au Moyen Âge, en raison de son importance comme texte fondamental pour l’orientation des moines.


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