Gestalt, subjectivité, négativité : l'interprétation heideggerienne du Surhomme et sa critique de la morphologie des cultures chez Spengler
RÉSUMÉ Notre article traite de l’interprétation heideggerienne du Surhomme ( Ubermensch ) chez Nietzsche en prenant en considération tout particulièrement sa désignation comme forme ( Gestalt ) dans les cours de 1939-1946 qui constituent, sous plusieurs aspects, la culmination du « différend » ( Auseinandersetzung ) avec lui. En effet, si anthropomorphie et subjectivité s'appartiennent mutuellement dans la métaphysique moderne, cette coappartenance trouve son achèvement chez le Surhomme. Elle indique par ailleurs la forclusion du sujet nietzschéen dans la logique de la négation, témoignage de la tentative heideggerienne pour « dialectiser » Nietzsche. C’est ainsi qu’une continuité s'établit entre sa position métaphysique et la dialectique hégélienne. Par ailleurs, nous nous efforçons de projeter cette interprétation réductrice sur la critique par Heidegger d’une des figures majeures du néohégélianisme au tournant du siècle, à savoir Oswald Spengler, telle qu’elle a lieu dans ses cours de l’herméneutique de la facticité (1919-1923). Notre stratégie interprétative est fidèle au principe interprétatif qui consiste à dire que le Heidegger d’avant Être et Temps , nous offre les outils nécessaires pour aborder certains motifs essentiels du développement ultérieur de sa pensée dont notamment sa confrontation avec la métaphysique.