scholarly journals Les « progrès » de la prévention

Author(s):  
Gilbert Renaud

La prévention est entrée dans les moeurs étatiques et elle s’harmonise avec le chant technocratique de la rationalisation, de la planification, de la programmation et de la participation communautaire. À travers ce dispositif s’opère la modernisation de la société québécoise qui accentue sa capacité d’intervention sur elle-même. Ce faisant, la prévention devient un enjeu pour des acteurs sociaux en lutte autour du contrôle du système ainsi constitué. La prévention procède ainsi de la modernisation technocratique qui ouvre la voie à la construction d’un « social » où s’organise, à travers des rapports sociaux de domination, le développement. Mais, contradiction et paradoxe : ce qui se donne sous le couvert d’une modernisation, d’un progrès rendant possible un fonctionnement social plus rationnel dont les ramifications étendent désormais le champ d’action de nos sociétés, ouvre aussi la voie d’une mort sociale. En effet, parce qu’elle relève du dispositif étatico-rationnel de domestication des passions humaines et de gestion sociale, la prévention nourrit une destruction des régulations spontanées de la vie communautaire. Il apparaît ainsi qu’elle s’inscrit dans un double registre : elle contribue à l’édification d’un « social-étatique » dont le progrès dévore le social organique.

2019 ◽  
Vol 58 (2) ◽  
pp. 143-150
Author(s):  
Pascale Molinier

La psychodynamique du travail a étendu les conditions sociales de la sublimation au travail ordinaire et à la dynamique de la reconnaissance. Selon Christophe Dejours, la reconnaissance porte sur le faire mais elle se capitalise dans le registre de l’être. Or ce que les femmes font est généralement confondu avec ce qu’elles sont. D’où un déficit chronique de reconnaissance de leurs contributions, bien sûr aggravé par les rapports sociaux de domination (voir l’effet Mathilda dans les sciences). Ce constat sera ici principalement argumenté à partir des analyses psychodynamiques du travail féminisé (les activités de care) qui se caractérisent par leur discrétion. De la sous-estimation du travail féminin, il résulte de nombreuses conséquences, tant sur le plan théorique que clinique : la sublimation dépend-elle nécessairement de la reconnaissance ? – on déplacera cette question autour de l’expressivité et de la voix.


1982 ◽  
Vol 37 (2) ◽  
pp. 246-254 ◽  
Author(s):  
Janusz Tazbir

M'étant interrogé, il y a quelques années, sur l'accueil réservé aux œuvres de Thomas More et sur leur diffusion en Pologne, j'ai tenté de définir les raisons pour lesquelles les utopies classiques n'avaient pas trouvé de résonance parmi les citoyens de la République nobiliaire. Elles sont multiples. Ainsi, presque toutes les représentations de la société idéale, depuis la Politique de Platon, les visions de More ou de Campanella, jusqu'aux utopies du siècle des Lumières, préconisent une ingérence très poussée dans la vie privée des citoyens, un contrôle continu exercé sur eux par des censeurs spécialement institués à cette fin, la soumission à des normes très rigoureuses de discipline sociale — en un mot, un fonctionnement de l'État qui est en contradiction flagrante avec les institutions de la Pologne des xvie-xviie siècles. Comme le remarque à juste titre Claude Backvis, l'utopie naît dans des conditions où elle ne peut en aucune mesure être réalisée. Elle réclame tout parce qu'elle n'est en mesure de rien obtenir ; son maximalisme vient de ce qu'on pense impossible de modifier, de quelque façon que ce soit, les rapports sociaux et politiques existants. C'est la raison pour laquelle la noblesse polonaise qui, à l'époque de la Renaissance, avait largement les moyens de transformer l'État, ne recherchait pas de compensation dans la création imaginaire d'un monde idéal, utopique. Plus tard, le conservatisme de l'État polonais, son hostilité déclarée à tout changement, s'opposèrent efficacement tant à la création de variantes polonaises qu'à la réception des versions étrangères de l'utopie.


2017 ◽  
Vol 124 (1) ◽  
pp. 33-42
Author(s):  
Anne Roulin-Perriard ◽  
Jean-Pierre Tabin
Keyword(s):  

Quaderni ◽  
1995 ◽  
Vol 26 (1) ◽  
pp. 11-31 ◽  
Author(s):  
Pierre Bélanger ◽  
Serge Proulx ◽  
Jocelyne Voisin
Keyword(s):  

1981 ◽  
Vol 23 (3) ◽  
pp. 308-324 ◽  
Author(s):  
Jacques Palard
Keyword(s):  

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