La radio est, au Québec, marquée par les circonstances de sa naissance. En effet, les
premiers postes de radio commerciaux sont la propriété d’entreprises de presse et
rapidement, une forme de synergie émerge de la relation entre ces deux médias, d’autant que
la radiophonie est associée à des représentations fortement utopiques de la vie collective.
La page consacrée à la programmation radiophonique remplit deux fonctions : d’une part
populariser et rendre accessible la technologie radiophonique auprès d’un public déjà gagné
aux médias de masse que sont les journaux, d’autre part inciter les auditeurs à effectuer
des choix judicieux par la consultation du détail des programmations proposées par les
postes canadiens et américains, tout en mettant plus particulièrement en valeur les
émissions locales auxquelles les journaux sont associés. Comme nous ne disposons pas
d’archives sonores pour l’entre-deux guerres, ces pages radiophoniques sont précieuses. Les
travaux de Marie-Thérèse Lefebvre permettent de recomposer la programmation et de saisir
quelle fut la contribution de la radio à la vie culturelle de l’époque. Parallèlement, la
recherche dans la presse peut permettre de retrouver les traces de pièces jouées, de
conférences, de poèmes lus, mais aussi de saisir le statut de la radiophonie, à travers la
publicité et les articles savants, et l’usage qui en est fait dans l’information
journalistique. Bref, les travaux qui croisent presse et radio invitent à organiser
autrement les archives dont nous disposons et même, à imaginer la création d’archives
radiophoniques sans la présence du son.