Résumé
Cet article reconstitue l’histoire de la distinction moderne privé/public dans la perspective de l’articulation entre l’État et la société civile. Cette distinction qui contraint continuellement le système politique organisé (l’espace « dit » public) à valider sa légitimité dans une autre sphère, tout aussi publique, mais « dite » privée (la société civile), est constitutive dans nos sociétés d’un espace politique pluraliste et démocratique. En rejetant la distinction moderne du privé et du public, autant le marxisme, la nouvelle gauche des années soixante, et plus récemment le féminisme et le postmodernisme, s’empêchent ainsi d’inscrire leur critique dans une conception démocratique pluraliste du politique. De fait est-il rappelé que ce procès intenté à la séparation du privé et du public repose souvent sur une conception erronée du sens attribué à cette distinction par les modernes.