Trouble bipolaire et parentalité. Exploration des caractéristiques cliniques des enfants de parents bipolaires

2015 ◽  
Vol 30 (S2) ◽  
pp. S133-S133
Author(s):  
F. Pupier ◽  
R. Scappaticci

La question de l’influence des troubles psychiatriques des parents sur la santé mentale des enfants a pris un nouvel essor grâce au développement de l’épidémiologie, de la génétique et des études interactions gènes–environnement. Des études de cohorte de grande ampleur ont montré qu’avoir un parent avec trouble bipolaire augmente le risque de psychopathologie par 2,7 pour leur enfant en particulier pour les troubles du comportement, le trouble déficit de l’attention et les troubles de l’humeur. Malgré la vulnérabilité de cette population, il n’existe pas à notre connaissance de données descriptives ni de soins dédiés en France. Dans le cadre de l’évaluation de l’efficacité d’un programme de prévention offert aux enfants et adolescents de parents bipolaires , 25 familles ont été recrutées à Montpellier, avec la collaboration du Centre Expert Bipolaire. Les critères d’inclusion étaient : un âge compris entre 6 et 16 ans, un parent biologique diagnostiqué pour le trouble bipolaire, un niveau de sévérité psychopathologique mesurée par le Child Behavior CheckList (CBCL) supérieur à 60, un accord des parents pour participer au programme. 2 enfants ont été exclus du fait de troubles sévères nécessitant des soins en hospitalisation. Nous présenterons les caractéristiques cliniques de cet échantillon particulier et les comparerons aux données des études de cohorte. Les résultats confirment la nécessité de monter des filières de soins permettant un adressage facilité des enfants de parents bipolaires vers un centre de dépistage et de prise en charge en pédopsychiatrie.

2015 ◽  
Vol 30 (S2) ◽  
pp. S52-S52
Author(s):  
P. Hardy ◽  
A.L. Penchaud ◽  
B. Lavigne ◽  
M. Lardinois

L’internat est une période de stress chronique élevé pour les étudiants en médecine qui doivent relever le défi d’apprendre à travailler en équipe, de devenir des médecins compétents, responsables et empathiques, dans un climat parfois compétitif. Les premières études analysant la prévalence des troubles psychiatriques chez les internes dans les années 1960 retrouvaient une prévalence de la dépression d’environ 30 %. Des travaux récents retrouvent des taux identiques ainsi qu’une augmentation significative de la prévalence du burn-out et des symptômes anxieux au cours de l’internat . Cependant, il semblerait que les internes souffrant de troubles psychiatriques se tournent peu vers les professionnels de santé , alors même que l’aggravation des symptômes retentit sur leur fonctionnement, notamment professionnel. Actuellement, il n’existe pas en France de recommandation claire quant à la prise en charge médicale et universitaire des internes en souffrance psychique, malgré des résultats encourageant d’interventions individuelles ou groupales . L’Association française fédérative des étudiants en psychiatrie a donc mené une enquête auprès des représentants des internes en psychiatrie de chaque subdivision et des coordonnateurs locaux du diplôme d’études spécialisées (DES) de psychiatrie. Ce travail, présenté pour la première fois, a pour but de décrire les dispositions médicales et universitaires prises pour les internes en souffrance et celles souhaitées. L’objectif final de cette étude est d’élaborer des recommandations nationales et consensuelles aidant à la prise en charge spécifique de ces étudiants. Le professeur Hardy apportera son regard avec sa double expertise de coordonnateur du DES de psychiatrie de Paris-IDF et de psychiatre intéressé par les troubles affectifs et les facteurs de risques psychosociaux. L’approche sociologique de Madame Penchaud viendra enrichir cette session où elle présentera une revue de la littérature en sciences sociales sur les motivations présidant au choix de la filière psychiatrique et proposera une analyse compréhensive de l’expérience et l’apprentissage professionnel des internes en psychiatrie.


2013 ◽  
Vol 28 (S2) ◽  
pp. 69-69
Author(s):  
A. Harbaoui ◽  
S. Benalaya ◽  
W. Homri ◽  
A. Bannour ◽  
R. Labbene

IntroductionLa question d’une transmission ou d’une influence des troubles mentaux des parents sur la santé mentale de leurs enfants, a pris un essor considérable en raison du développement de la génétique et des notions de vulnérabilité ou d’interactions gène–environnement. Les interactions précoces mère–enfant influencent de façon directe le développement psychoaffectif de l’enfant. Les troubles mentaux de l’enfant sont à leur tour générateur ou parfois révélateur d’une pathologie psychiatrique chez les parents, surtout la mère. Cette « boucle » dans laquelle la santé mentale de l’enfant et de la mère sont en perpétuelle interaction, nécessite une intervention spécialisée aussi bien sur l’un et l’autre mais aussi sur la dyade. Objectif.–Le but de ce travail est de faire le lien entre les troubles retrouvés des enfants suivis en pédopsychiatrie et leurs mères qui bénéficient d’une prise en charge en psychiatrie. Décrire le profil des mères dont les enfants sont suivis à la consultation de pédopsychiatrie de l’hôpital Razi et qui sont elles-mêmes suivies pour un trouble psychiatrique. Le recueil de données s’est fait à partir des dossiers médicaux des patientes.RésultatsNous avons recueilli dix dossiers de patientes suivies à la consultation de psychiatrie. Sur nos résultats préliminaires, la dépression maternelle est le trouble le plus fréquemment observé. Le travail est en cours de réalisation. Nous prévoyons d’élargir la population d’étude.ConclusionLa mise en place d’une guidance parentale repose sur le dépistage des troubles psychiatriques chez les parents et surtout la mère. Ce travail est une ébauche d’une perspective de collaboration entre psychiatres et pédopsychiatres.


2015 ◽  
Vol 30 (S2) ◽  
pp. S5-S5
Author(s):  
M. Willard

Les problèmes psychosociaux dans le monde de l’entreprise sont de plus en plus fréquents et de plus en plus graves. L’augmentation continue du nombre de suicides au travail, dont les médias se font régulièrement l’écho, en témoigne. La France est l’un des pays les plus touchés. Pourtant, les réponses proposées dans le monde de l’entreprise restent limitées à la gestion du stress, semblant ignorer l’existence de réels troubles de l’humeur d’origine professionnelle. Il est vrai que la plupart des intervenants au sein des entreprises n’ont pas de formation psychiatrique. Il existe d’authentiques dépressions professionnelles qui surviennent suite à des difficultés dans le monde du travail et s’expriment principalement au travail. Ces dépressions représentent la majeure partie des dépenses médicales occasionnées par les problèmes de santé mentale. La dépression des dirigeants d’entreprise, souvent méconnue, est un facteur causal de certaines faillites. La sémiologie est spécifique, les éléments de prise en charge et de prévention primaire, sont très différents de ceux du stress professionnel. De la même façon, le cadre législatif est surprenant. La dépression n’existe pas dans le tableau des maladies professionnelles, et sa reconnaissance hors tableau est difficile, avec en particulier, une absence de présomption d’origine. Au contraire, le suicide est désormais fréquemment reconnu comme accident du travail. Notre intervention, après avoir rappelé la sémiologie spécifique des troubles de l’humeur d’origine professionnelle, fera le point sur les aspects de prévention spécifique et sur les éléments de prise en charge. Nous présenterons, pour conclure, la prise en charge que nous avons mise en place dans un établissement bancaire français.


2015 ◽  
Vol 30 (S2) ◽  
pp. S76-S76 ◽  
Author(s):  
C. Hingray ◽  
A. Biraben

Les comorbidités psychiatriques des épilepsies sont nombreuses et fréquentes. Un patient épileptique sur trois présente au cours de sa vie une pathologie psychiatrique (contre une personne sur cinq en population générale). Les études retrouvent des prévalences augmentées chez les patients épileptiques, en particulier pour les troubles de l’humeur, les troubles anxieux et les troubles psychotiques. Les troubles psychiatriques précèdent, accompagnent ou compliquent les différentes formes d’épilepsie. On sait, de plus, aujourd’hui que l’existence d’un trouble de l’humeur ou d’un trouble psychotique chez un sujet non épileptique augmente significativement le risque ultérieur de développer une épilepsie. Ces comorbidités ont un impact considérable, non seulement en termes de souffrance psychique et de qualité de vie, mais également sur le contrôle des crises épileptiques et sur l’efficacité et la tolérance des traitements antiépileptiques. De toute évidence, le lien qui unit épilepsie et troubles mentaux n’est pas celui d’une causalité unidirectionnelle où les troubles mentaux se réduiraient aux conséquences de l’épilepsie sur la santé mentale. En réalité, il s’agit moins d’une causalité que d’une association ; la relation entre pathologies épileptiques et psychiatriques est bidirectionnelle, voire triangulaire – certains facteurs physiopathologiques exposant les sujets à la fois à la survenue de troubles épileptiques et psychiatriques. L’usage des critères diagnostiques issus du DSM s’avère souvent problématique dans le cas des comorbidités psychiatriques de l’épilepsie. En effet, bon nombre de patients épileptiques présentent des symptômes psychiatriques sévères et invalidants mais atypiques, spécifiques qui ne réunissent pas l’ensemble des critères nécessaires au diagnostic d’un trouble particulier. Une attention particulière doit être notamment portée aux rapports temporels entre les crises d’épilepsie et l’apparition des symptômes psychiatriques. On distingue ainsi les troubles psychiatriques péri-ictaux (pré-ictaux, ictaux, postictaux) des troubles psychiatriques interictaux. Nous détaillerons, en outre, le syndrome dysphorique interictal, la psychose postictale et les crises non épileptiques psychogènes.


2013 ◽  
Vol 33 (2) ◽  
pp. 93-100
Author(s):  
P Zelkowitz ◽  
KJ Looper ◽  
SS Mustafa ◽  
M Purden ◽  
M Baron ◽  
...  

Introduction Dans cette étude, nous examinons l'association entre les effets caractéristiques de l'arthrite inflammatoire et les perceptions de patients atteints d'arthrite inflammatoire débutante à propos de leur santé mentale, de leur incapacité parentale, de leur stress parental et du comportement de leurs enfants. Méthodologie Le recrutement de patients dont l'arthrite inflammatoire était en phase initiale (survenue depuis plus de 6 semaines et moins de 18 mois) a été effectué à partir d'un registre de cas d'arthrite inflammatoire débutante fournissant des caractéristiques personnelles ainsi que des mesures de la douleur, du fonctionnement physique et de l'activité de la maladie. Les patients ont auto-évalué leur incapacité parentale, leur stress parental, leur tendance à la dépression et les problèmes de comportement de leurs enfants à l'aide, respectivement, de l'Indice d'incapacité parentale, de l'Indice de stress parental, du questionnaire Center for Epidemiologic Studies – Depression Mood Scale [Échelle d'évaluation de l'état dépressif et de l'humeur du Center for Epidemiologic Studies] et de la Child Behavior Checklist [Liste de contrôle du comportement des enfants]. Résultats La douleur, le dysfonctionnement physique, le nombre d'articulations douloureuses et l'évaluation médicale globale de l'activité de la maladie étaient associés à l'incapacité parentale. Les mesures autodéclarées de l'incapacité parentale étaient associées à celles de la dépression et du stress parental. Le stress parental était associé à la déclaration de problèmes de comportement d'intériorisation et d'extériorisation de l'enfant, tandis que l'incapacité parentale était associée à la déclaration de problèmes de comportement d'extériorisation de l'enfant. Conclusion Cette étude souligne la possibilité d'une relation réciproque entre les aspects physiques de l'activité de la maladie, l'incapacité parentale et la détresse du parent et de l'enfant chez les patients atteints d'arthrite inflammatoire débutante.


2013 ◽  
Vol 28 (S2) ◽  
pp. 87-87
Author(s):  
J.P. Fagot ◽  
S. Samson ◽  
J. Merlière ◽  
P. Gabach ◽  
A. Fagot

Introduction.Les fréquences des pathologies somatiques chez les adultes atteints de maladies psychiatriques sont peu documentées.Méthodes.Les bénéficiaires du régime général de l’Assurance Maladie en 2010, âgés d’au moins 18 ans, pris en charge pour troubles psychiatriques ont été identifiés dans le SNIIRAM à partir des diagnostics liés aux :– affections de longue durée ;– hospitalisations (PMSI-MCO, SSR, RIM-P) ;– arrêts de travail et invalidité [1].Les maladies somatiques ont été déterminées à partir des diagnostics liés aux affections de longue durée et aux hospitalisations [1]. Les prévalences ont été standardisées sur âge et sexe pour comparaison à celles observées en population générale.Résultats.En 2010, près de 2,1 millions d’adultes (5 %) avaient un trouble psychiatrique retrouvé dans le SNIIRAM, et 44 % d’entre eux avaient également une pathologie somatique retrouvée. Les pathologies somatiques les plus fréquemment retrouvées étaient les maladies cardiovasculaires (15 %), les affections respiratoires (11 %), le diabète (10 %) et les cancers (9,3 %). Par rapport à la population générale, une maladie cardiovasculaire était moins fréquemment retrouvée en cas de schizophrénie (fréquence brute : 5 %, ratio standardisé : 0,9), mais plus souvent en cas d’autres pathologies psychiatriques (16 %, ratio : 1,8 en cas d’épisode dépressif ou troubles de l’humeur). Un cancer était également moins souvent retrouvé que dans la population générale en cas de schizophrénie (3,3 %, ratio : 0,8), mais plus souvent en cas d’addictions (10,7 %, ratio : 2,1) ou de troubles anxieux (12 %, ratio : 1,6).Discussion.Par rapport à la population générale, certaines pathologies somatiques sont plus fréquemment retrouvées en présence de troubles psychiatriques, sauf en cas de schizophrénie. La connaissance de ces associations peut permettre aux soignants d’améliorer la prise en charge des pathologies somatiques comme des pathologies psychiatriques.


2014 ◽  
Vol 29 (S3) ◽  
pp. 611-611
Author(s):  
M. Dugnat

La World Association for Infant Mental Heath (Association Internationale pour la Santé Mentale du Bébé) contribue au développement et à la transmission des connaissances, et à la promotion d’actions cliniques et thérapeutiques en faveur du bébé et de ses parents. Le groupe WAIMH-Francophone, fondé en 1994 par Serge Lebovici et Bernard Golse, insiste sur les aspects psychopathologiques, stimule un réseau francophone de différentes équipes impliquées en psychiatrie périnatale, aide à faire le point sur les travaux en cours et promouvoir un certain nombre de recherches. Plusieurs membres se sont récemment engagés sur les TCA et l’interaction. Les TCA maternels (recherche à la maternité de Port-Royal (APHP) dans le cadre d’un réseau de prise en charge) : Pendant la gestation, la femme change corporellement comme psychiquement. Sous l’effet d’une attention particulière à l‘alimentation des « réactivations » sont possibles lorsqu’elles ont un passé ou un présent de TCA. Une trentaine ont été rencontrées lors des entretiens semi-structurés anténataux puis revues au cours d’un repas avec leur enfant à trois mois, et comparées à d’autres mères sans antécédents. Des résultats préliminaires seront présentés. Les TCA du nourrisson : Après la naissance, l’alimentation est une des préoccupations premières de la mère, les recherches épidémiologiques récentes montrent en clinique pédiatrique ordinaire qu’un quart à un tiers des bébés sont sujets à des difficultés d’alimentation restrictive qui peuvent se transformer en trouble du comportement alimentaire (2 %). Une réflexion sur étiologie et facteurs de chronicisation des TCA précoces contribuant à l’amélioration des modalités de prise en charge pédiatrique, psychologique et rééducative conduira à la présentation d’une consultation conjointe pédiatre/psychologue depuis 4 ans au CHU Toulouse. Les troubles interactionnels : Chez les mères borderlines ou à pathologie des liens, les réponses orales incohérentes lors des pleurs, les réveils intempestifs à motifs alimentaires etc. font de l’alimentation un enjeu crucial de la négligence et de l’interaction pathologique.


2008 ◽  
Vol 33 (6) ◽  
pp. 1257-1258
Author(s):  
Jean-Philippe Chaput

La mondialisation des marchés impose une pression accrue envers la performance, la productivité et la profitabilité des entreprises. Cette nouvelle réalité se traduit, entre autres, par une accentuation du travail du savoir ainsi que par une diminution du temps passé au lit. De plus, l’activité physique peut être considérée à juste titre comme une composante du mode de vie qui a été malheureusement laissée de côté et qui doit être minimalement réinsérée dans les activités de tous les jours. En effet, l’activité physique est porteuse d’une stimulation corporelle qui affecte significativement le bilan d’énergie et qui favorise sa bonne régulation. De leur côté, le travail mental et le manque de sommeil ont le potentiel de favoriser le surpoids. En effet, les résultats présentés dans cette thèse montrent que le manque de sommeil est prédicteur du surpoids et du gain de poids à long terme et est associé au diabète de type 2 chez les adultes. De plus, nous avons observé que le travail mental est déstabilisant pour l’homéostasie hormonale et peut être considéré comme un stimulus aux propriétés hyperphagiantes. Or, le manque de sommeil et le travail du savoir, deux modalités qui sont l’apanage du monde moderne, soulèvent de nombreuses questions face à notre compréhension de l’étiologie de l’obésité. En effet, leurs caractéristiques biologiques propres nous amènent non seulement à redéfinir la notion de sédentarité, mais à reconsidérer nos valeurs sociétales dans un contexte où l’aspect pécunier a primauté sur la santé. En outre, nos recherches ont montré que la perte pondérale dépassant 10 % du poids initial a le potentiel d’affecter négativement la santé mentale, compliquant ainsi la prise en charge de l’obésité. À la lumière de ces recherches doctorales, il apparaît évident que l’obésité est une condition complexe de par son caractère multifactoriel qui complique sa prévention et son traitement. De plus, la notion « d’équilibre » semble être une des clefs du succès, alors qu’une dominance de facteurs « obésogènes » caractérise le quotidien des individus, altérant ainsi la bonne régulation du bilan d’énergie. Cette nouvelle réalité peut également faire en sorte que le gain de graisse devienne nécessaire afin de maintenir l’homéostasie psychobiologique dans pareil contexte, considérant que le gain de graisse a le potentiel de restaurer l’équilibre hormonal qui a été déstabilisé par les stimuli de l’ère moderne.


2015 ◽  
Vol 40 (1) ◽  
pp. 189-201 ◽  
Author(s):  
Lise Demailly ◽  
Nadia Garnoussi

Objectif : Cet article traite des rencontres entre des usagers de la psychiatrie et de nouveaux professionnels, les médiateurs de santé pairs (MSP), formés dans le cadre d’un programme expérimental français dirigé par le CCOMS (Centre collaborateur de l’OMS). Les données empiriques que nous présentons ici sont issues d’une enquête sociologique qualitative qui a participé à l’évaluation de ce programme, menée entre 2012 et 2014. Le programme MSP consiste à embaucher dans des services de psychiatrie publique, au terme d’une formation de huit semaines équivalant à un diplôme universitaire et d’une année de stage, d’(ex-) usagers de la psychiatrie, des personnes « ayant eu ou ayant encore des troubles psychiques, rétablis ou en voie de rétablissement ». Au-delà de la création d’une nouvelle profession dans le champ de la santé mentale, le programme s’est donné pour objectif la transformation des pratiques et des représentations des équipes de psychiatrie publique. Méthode : Sur la base des entretiens et des observations dont disposent les chercheurs, ce deuxième article s’intéresse, d’une part, aux effets thérapeutiques de la relation avec les MSP et, d’autre part, aux limites ou aux impasses de cette relation, telles qu’elles sont estimées par les usagers. Résultats : Les usagers évoquent des interactions qui reposent sur la facilité du contact, la proximité et la disponibilité du MSP. Cette proximité peut s’assimiler à une forme de camaraderie appréciée dans le contexte institutionnel de prise en charge mais conduit également des usagers à voir dans le MSP un modèle qui donne « espoir ». Les modalités pratiques mises en oeuvre par les MSP sont diverses mais visent généralement une transformation progressive du quotidien, via des techniques et des méthodes favorisant un certain « mieux-être » ou « mieux-vivre ». Si les MSP peuvent développer ainsi une certaine spécificité, ils se confrontent également à des limites de la relation avec les usagers. Celles-ci se traduisent notamment par la réduction de sa fonction à un rôle de compagnie, par une identification difficile au MSP et à son discours, voire à une incrédulité face à l’idée que d’(ex-) malades peuvent aider. L’analyse des rencontres entre MSP et usagers donne un éclairage précieux sur les attentes à l’égard des « savoirs expérientiels » et leurs applications concrètes. Le savoir expérientiel de la maladie a des usages surtout rhétoriques : il sert à entrer en relation. D’autres dimensions de l’expérience doivent également être prises en compte, telles que le savoir expérientiel du métier de patient ou l’expérience du rétablissement personnel, qui sont de nature plus pratique et qui peuvent permettre au MSP de contribuer à ce que l’usager aille mieux.


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