Le commentaire de Guillaume d'Occam sur le livre des prédicables de Porphyre, introduction par Louis Valcke; traduction française par Roland Galibois

Dialogue ◽  
1981 ◽  
Vol 20 (2) ◽  
pp. 318-334 ◽  
Author(s):  
Claude Panaccio
Keyword(s):  
De Se ◽  

Le Traité des prédicables, aussi appelé Isagogè, fut rédigé par Porphyre, vers la fin du IIIe siècle, pour servir d'introduction à la logique et en particulier au Traité des categories d'Aristote. L'auteur y traite des cinq universaux – le genre, l'espèce, la différence, le propre et l'accident – qui sont, si l'on veut, cinq sortes de prédicats généraux qu'un sujet quelconque est susceptible de se voir attribuer. Traduit du grec au latin par Boèce, sans doute au début du VIe siècle, l'ouvrage fut intégré par le Moyen Age au corpus de la logique aristotélicienne et devint, à ce titre, l'un des manuels de base de l'enseignement de la logique. Lorsque, vers 1320, le Franciscain Guillaume d'Occam entreprend d'expliquer «les divers livres de la logique», c'est en premier lieu vers l'Isagogè qu'il se tourne, pour le commenter à sa façon: ce fut là le tout premier ouvrage de logique de celui qui allait devenir l'un des plus grands logiciens de tous les temps. Occam y prend occasion du texte de Porphyre pour réitérer, sous le couvert d'une interprétation parfois audacieuse, sa célèbre critique du réalisme des universaux, qui le conduit à voir dans les cinq prédicables cinq sortes de signes généraux.

1961 ◽  
Vol 16 (6) ◽  
pp. 1053-1065 ◽  
Author(s):  
František Graus
Keyword(s):  

En essayant d'esquisser une histoire des « pauvres » au bas Moyen Age et de son évolution, je me rends compte des écueils qui doivent se dresser et se dresseront sur ma route, du caractère provisoire aussi de la présente tentative. Cependant, si je me suis décidé à persévérer, c'est au moins pour deux raisons. En premier lieu, alors que les historiens examinent avec minutie l'histoire économique du bas Moyen Age et prêtent une très vive attention aux faits politiques, à la doctrine même de l'Etat et aux changements survenus dans la structure de ce même Etat, en contre-partie, il n'est paru aucun travail d'importance sur l'évolution sociale et notamment sur celle des groupes sociaux inférieurs.


1982 ◽  
Vol 37 (1) ◽  
pp. 186-192
Author(s):  
Bronisław Geremek
Keyword(s):  
De Se ◽  

La société du Bas Moyen Age subit des mutations profondes. Toutes les structures traditionnelles semblent s'affaiblir : les liens de dépendance se relâchent, la cohésion familiale diminue, l'autorité des institutions et des élites disparaît, le prestige des groupes privilégiés n'est plus considéré comme découlant de l'ordre naturel et de la loi divine.Les processus de déracinement de la fin du Moyen Age se déroulent à plusieurs niveaux : d'une part, ils embrassent avec une intensité plus ou moins grande les divers groupes de la société, touchés par les mutations et poussés à changer de lieux de résidence, de professions, de rôles sociaux ; d'autre part, ils produisent des gens incapables de se réintégrer dans la société, vivant en marge de l'ordre social, exclus ou s'excluant de celui-ci, des marginaux.


1986 ◽  
Vol 41 (3) ◽  
pp. 513-542 ◽  
Author(s):  
Lawrence M. Bryant
Keyword(s):  
De Se ◽  

A l'époque médiévale, l'accueil réservé par les villes aux souverains apparaît comme un usage dont les modalités et les symboles varient au gré des régions, des coutumes et des influences. Depuis Vadventus impérial de la fin de l'Antiquité, tous les rituels d'accueil des souverains cherchent à mettre en valeur cet événement, en sortant de la routine quotidienne, et à exprimer symboliquement les idéaux de la communauté. Au cours de la renaissance urbaine du XIIesiècle, on a fréquemment relaté ces réceptions de monarques ou de seigneurs. A partir du XIVesiècle, en Europe, les cérémonies publiques destinées à accueillir les princes prennent une place importante dans les rituels et ne cessent de se développer. En France, à cette époque, le mot « entrée » commence à désigner un rituel aussi bien qu'une action, et des cérémonies de ce type se déroulent fréquemment jusqu'au XVIIesiècle ; elles perdent alors leur éclat et oublient l'héritage symbolique et rhétorique du Moyen Age. A l'époque médiévale, elles servent de support à la créativité et à l'expression de la communauté urbaine ; des innovations surgissent à chaque nouvelle cérémonie.


2020 ◽  
Author(s):  
Hiroshi Uemura
Keyword(s):  
De Se ◽  
Il Y A ◽  

L’exposition d’art dans des paysages est devenu populaire au Japon, avec la multiplication récente de festivals d’art locaux. Dans ces festivals, qui attirent chacun des centaines de milliers de visiteurs, coexistent des œuvres hétérogènes. Certaines sont des sculptures autonomes, d’autres des installations qui se fondent dans le paysage, et d’autres encore sont des œuvres de type « art relationnel ». Bien que ces œuvres in situ affirment leur lien essentiel avec le site naturel rural et avec le corps du spectateur — constituant un événement, une expérience, une rencontre éphémère —, les relations avec le site comme avec le visiteur sont complexes et ambigües. Il y a des œuvres in situ, mais parfois aussi in aliquo situ : des œuvres qui peuvent être installées n’importe où. Qu’est-ce qui attire les visiteurs dans ces expositions ? Quels sont donc la nature et le mérite de leur localisation ? Si les visiteurs apprécient de voir des œuvres dans ces paysages cela peut être en partie lié au principe japonais traditionnel d’expérience des lieux dit meisho-meguri, ou « pèlerinage vers des sites célèbres ». Cette pratique issue du Moyen Âge est associée historiquement au sacré. Aujourd’hui ce pèlerinage prend la forme du tourisme moderne mais conserve un sens traditionnel invisible car les visiteurs se déplacent à travers une série de lieux géographiques selon un jeu culturellement codé. Selon nous, dans le cas des visites d’œuvres d’art en zones rurales, l’appréciation des œuvres d’art participe à ce même jeu traditionnel de se déplacer physiquement dans une série de lieux. Cette dimension spirituelle implicite modifie à son tour la perception des œuvres. Ainsi on dira que la pratique japonaise de visiter ces expositions d’art in situ témoigne de la survivance d’une tradition, et constitue ainsi un système alternatif d’expérience esthétique.


2021 ◽  
Vol 76 (2) ◽  
pp. 149-167
Author(s):  
Claude Lafleur

Cet article entend illustrer, par le cas des deux principaux textes du Haut Moyen Âge relatifs au problème des universaux — l’In « Isagogen » Porphyrii Commentorum Editio secunda de Boèce et la Logica « Ingredientibus » : Super Porphyrium d’Abélard (selon l’ordre chronologique) —, le défi de longue haleine que peut représenter pour un historien de la philosophie médiévale l’atteinte, pourtant essentielle tant pour la recherche que pour l’enseignement, d’une compréhension adéquate d’un pareil corpus. Méthodologiquement, en conclusion, le lien, réciproque et dynamique, est souligné entre l’effort de compréhension des textes via leur lecture, en premier lieu, et les autres étapes du travail de l’historien de la philosophie que sont l’édition critique, la traduction et l’étude historico-doctrinale. Le but étant la meilleure intelligence possible des textes du passé sur un mode toujours présentiel.


2001 ◽  
Vol 56 (3) ◽  
pp. 591-621
Author(s):  
Pierre Monnet

RésuméSouvent utilisés à titre d’illustration, comme les images, et moins étudiés pour eux-mêmes, les témoignages autobiographiques, ici ceux que l’on peut rencontrer dans quelques villes de haute Allemagne à la fin du Moyen Aˆ ge (Francfort-sur-le-Main, Nuremberg, Augsbourg…), ne font pas que raconter à la première personne l’itinéraire d’une vie, mais prennent soin de localiser, dans un espace construit et adéquat, les étapes de l’existence. Deux occasions du récit pourront permettre d’en juger: l’arrivée ou les allées et venues en ville, d’une part, et les formes d’identification — ou de distanciation — que l’on peut d’autre part repérer entre le narrateur et la cité décrite, tantôt idéalisée, tantôt donnée comme réelle. Ce faisant, il semble bien que le fragment autobiographique parvienne à inscrire la conscience de soi dans un espace choisi et non subi (à travers le prisme du binôme enracinement-déracinement). Il en résulte une inscription de l’histoire individuelle dans l’espace, qui semble appartenir au plus vaste mouvement de « territorialisation » (comprise ici au sens urbain plus que dynastique du terme) opéré par l’historiographie tardo-médiévale. En combinant le temps de l’individu et l’espace tant géographique que social de sa ville, le propos autobiographique gagne en efficacité, renforce la construction identitaire visée, satisfait souvent l’enjeu de pouvoir sous-entendu par l’entreprise de mémoire. Second acteur dans la mémoire centrée sur soi, la ville devient cette tribune, ce truchement qui permet au discours de se faire véritablement singulier.


2020 ◽  
Vol 20 (1) ◽  
pp. 15
Author(s):  
José-Ramón Juliá Viñamata
Keyword(s):  
De Se ◽  

Le comportement des hommes devant la mort est, sans aucun doute, l'un des aspectes les plus intéressants de l'Histoire des Mentalités. La pensée de la mort oblige à participer à un jeu que prsonne n'ose refuser, vu que tous ceux qui disposent de biens ont le même problème à l'heure de faire leur testament: la peur du châtiment divin. La fait de formuler sis dernières volontés devient donc une véritable confession des offenses et des mauvaises actions commises par l'individu, ce qui le conduit à utiliser toutes les formes d'expiation dont il dispose, dans un essai désespéré de se sauver des feux de l'enfer. Un état d'esprit s'impose ainsi dans tout le monde occidental du Moyen Age, caractérisé, sur le plan animique, par la peur de l'au-delà. Les barcelonais du début du XIV' siècle ne sont pas différents du reste de la population occidentale, tout comme nous le montrent les testaments de cette époque, lesquels deviennent ainsi une véritable source d'information pour connaitre la liturgie qui entoure la mort des testateurs. On les voit choisir soigneusement leur sépulture, disposer la célébration d'anniversaire de leur décès, réaliser toutes sortes d'oeuvres pieuses et d'aumônes -paiement de dote à des jeunes filles pauvres en âge de se marier, legs à des hôpitaux, vêtements et aliments pour les nécessiteux, etc.-, fonder des bénéfices éclésiastiques er, finalement, ils reconnaissent sincèrement leurs offenses et leurs péchés. Tout cela en vue de se réunir avec le Créateur; tandis que la société barcelonaise, qui dispose de moyens économiques er se trouve en pleine expansion commerciale, se comporte d'une façon très homogène. Seule la répartition inégale des richesses marquera des différences à l'heure d'affronter la mort et de disposer la célébration liturgique, mais les mentalités sont tellement semblades qu'elles détruisent les barrières sociales. Nobles et artisans, monarques et bourgeois, hommes et femmes, tous disent la vérité er tentent de dédommager ceux qu'ils ont maltraités ou ruinés leur vie.


2005 ◽  
Vol 41 (2-3) ◽  
pp. 49-63
Author(s):  
Seymour Baker House
Keyword(s):  
De Se ◽  

Lorsqu'il était emprisonné à la Tour de Londres, Thomas More a écrit une méditation détaillée du récit que font les Écritures de la passion du Christ au jardin de Gethsémani, dans le but de se préparer à son prochain martyr et de témoigner de cette expérience. Son De Tristitia Christi, écrit dans le contexte de contraintes morales et physiques, constitue une étude à caractère dévotionnel qui fournit à son auteur, et aux victimes de persécutions, un parcours transformant l'imitatio Christi du Moyen Âge tardif en une union quasi-mystique avec le Christ souffrant. Malgré que l'ouvrage de More repose sur une tradition populaire de méditation des Évangiles et de la vie du Christ, le traitement que fait More d'un seul épisode des Évangiles associe de manière originale la pratique de la lectio divina et de l'exégèse humaniste de la Renaissance.


2019 ◽  
Vol 21 (1) ◽  
pp. 169-180
Author(s):  
Andréa Boudreau-Ouellet
Keyword(s):  

Le terme « propriété » fait appel à une certaine notion générale familière à la plupart des sociétés contemporaines. Toutefois, les concepts de « propriété » et de « propriété privée » n’ont pas la même définition technique d’un système juridique à un autre. En effet, pour certains le droit de propriété est un droit naturel, tandis que pour d’autres, ce droit est une simple institution juridique. De plus, là où ces notions diffèrent vraiment dépendant des sociétés, c’est au niveau de l’approche que l’on a adoptée relativement à l’élaboration et à l’application des différentes règles qui régissent le droit de propriété. Pour nous, juristes canadiens, cette dichotomie redouble d’importance et d’intérêt en vue de la coexistence de deux systèmes juridiques différents : le droit civil et la common law. L’auteur s’attarde donc à nous faire état des différences au niveau de la définition et au niveau de l’approche vis-à-vis l’élaboration des règles relatives au droit de propriété, tout en mettant l’emphase sur les notions anglo-saxonnes (common law) de ce droit. En premier lieu, l’article dévoile l’importante distinction en common law entre les « biens réels » et les « biens personnels », qui est entièrement étrangère à l’interprétation civiliste. Ceci implique, sur le plan pratique, des inconsistances et des contradictions entre les deux systèmes lors de la transmission de la propriété des biens entre vifs et au décès, par exemple. En second lieu l’auteur démontre que les droits de propriété en common law peuvent être fragmentés en divers intérêts, et que le propriétaire a donc une plus grande flexibilité pour diriger le destin de ses biens pendant de très longues périodes de temps. Cette caractéristique propre à la common law, nous vient par l’entremise des doctrines des tenures et domaines du Moyen Âge et du système féodal anglais.


1961 ◽  
Vol 16 (5) ◽  
pp. 965-971 ◽  
Author(s):  
Robert Mandrou

Les mouvements de longue durée, qui sous-tendent toute histoire, même quotidienne, de la vie matérielle, notamment celle de l'alimentation, n'ont encore retenu ni l'attention, ni la passion des historiens français. Aussi bien les deux articles allemands anciens que nous voulons mettre en cause aujourd'hui, sur la production et la consommation de viande en Allemagne, du Moyen Age au XIXe siècle, sont restés à tel point ignorés des érudits français que la thèse présentée en 1871 par Gustav Schmoller, puis mise vigoureusement au point en 1937 par Wilhelm Abel, présente le double avantage et d'une franche nouveauté — et d'une explication globale des fluctuations jusqu'à la révolution agricole du XIXe siècle. Est-il rien de plus précieux en ces domaines de recherche et de découverte, qu'un large schéma préalable, une ligne d'explication, si autoritaire soit-elle, qui permette de se situer, de se reconnaître ?


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