Au bas Moyen Age : Pauvres des villes et pauvres des campagnes

1961 ◽  
Vol 16 (6) ◽  
pp. 1053-1065 ◽  
Author(s):  
František Graus
Keyword(s):  

En essayant d'esquisser une histoire des « pauvres » au bas Moyen Age et de son évolution, je me rends compte des écueils qui doivent se dresser et se dresseront sur ma route, du caractère provisoire aussi de la présente tentative. Cependant, si je me suis décidé à persévérer, c'est au moins pour deux raisons. En premier lieu, alors que les historiens examinent avec minutie l'histoire économique du bas Moyen Age et prêtent une très vive attention aux faits politiques, à la doctrine même de l'Etat et aux changements survenus dans la structure de ce même Etat, en contre-partie, il n'est paru aucun travail d'importance sur l'évolution sociale et notamment sur celle des groupes sociaux inférieurs.

2021 ◽  
Vol 76 (2) ◽  
pp. 149-167
Author(s):  
Claude Lafleur

Cet article entend illustrer, par le cas des deux principaux textes du Haut Moyen Âge relatifs au problème des universaux — l’In « Isagogen » Porphyrii Commentorum Editio secunda de Boèce et la Logica « Ingredientibus » : Super Porphyrium d’Abélard (selon l’ordre chronologique) —, le défi de longue haleine que peut représenter pour un historien de la philosophie médiévale l’atteinte, pourtant essentielle tant pour la recherche que pour l’enseignement, d’une compréhension adéquate d’un pareil corpus. Méthodologiquement, en conclusion, le lien, réciproque et dynamique, est souligné entre l’effort de compréhension des textes via leur lecture, en premier lieu, et les autres étapes du travail de l’historien de la philosophie que sont l’édition critique, la traduction et l’étude historico-doctrinale. Le but étant la meilleure intelligence possible des textes du passé sur un mode toujours présentiel.


2019 ◽  
Vol 21 (1) ◽  
pp. 169-180
Author(s):  
Andréa Boudreau-Ouellet
Keyword(s):  

Le terme « propriété » fait appel à une certaine notion générale familière à la plupart des sociétés contemporaines. Toutefois, les concepts de « propriété » et de « propriété privée » n’ont pas la même définition technique d’un système juridique à un autre. En effet, pour certains le droit de propriété est un droit naturel, tandis que pour d’autres, ce droit est une simple institution juridique. De plus, là où ces notions diffèrent vraiment dépendant des sociétés, c’est au niveau de l’approche que l’on a adoptée relativement à l’élaboration et à l’application des différentes règles qui régissent le droit de propriété. Pour nous, juristes canadiens, cette dichotomie redouble d’importance et d’intérêt en vue de la coexistence de deux systèmes juridiques différents : le droit civil et la common law. L’auteur s’attarde donc à nous faire état des différences au niveau de la définition et au niveau de l’approche vis-à-vis l’élaboration des règles relatives au droit de propriété, tout en mettant l’emphase sur les notions anglo-saxonnes (common law) de ce droit. En premier lieu, l’article dévoile l’importante distinction en common law entre les « biens réels » et les « biens personnels », qui est entièrement étrangère à l’interprétation civiliste. Ceci implique, sur le plan pratique, des inconsistances et des contradictions entre les deux systèmes lors de la transmission de la propriété des biens entre vifs et au décès, par exemple. En second lieu l’auteur démontre que les droits de propriété en common law peuvent être fragmentés en divers intérêts, et que le propriétaire a donc une plus grande flexibilité pour diriger le destin de ses biens pendant de très longues périodes de temps. Cette caractéristique propre à la common law, nous vient par l’entremise des doctrines des tenures et domaines du Moyen Âge et du système féodal anglais.


Chronos ◽  
2019 ◽  
Vol 24 ◽  
pp. 223-229
Author(s):  
May Davie
Keyword(s):  

Saint-Serge (Mar Sarkis) de Bouchtoudar est une petite chapelle votive, sise à Bsatin al-'Ossi dans la circonscription de Bouchtoudar, en contrebas du monastère Saint-Jean-Baptiste de Douma dont elle relève. Pour avoir été longtemps désertée, elle est aujourd'hui en partie effondrée. De toute apparence, cette chapelle est la survivance d'un petit monastère rural d'âge médiéval dont on aperçoit encore deux pièces en ruine contiguës à la chapelle et une esplanade. Un petit oratoire (« mazar » en arabe) de construction récente occupe l'extrémité nord de l'esplanade. Autour de cet ensemble, on discerne les vestiges d'une exploitation agricole qui remonte probablement à la même période. La région de Douma, entre Tannourine et Kfar Helda, est disséminée de ce genre d'établissements qui remontent pour la plupart au Moyen Âge. Certains étaient des fondations monastiques familiales, d'autres des ermitages ou des pèlerinages. II ne s'agit pas de monastères au sens actuel de ce mot, quand bien même ces trois types d'établissement ecclésiastique sont indifféremment appelés « deir » en arabe. Leur organisation est d'ailleurs différente de celle des monastères classiques agencés autour d'une cour. À la suite de Lévon Nordiguian, nous suggérons un modèle à part, où l'on note en premier lieu l'absence d'une cour aménagée et de tout agencement symétrique des unités construites. De toute évidence, les couvents familiaux faisaient office de communes agricoles. En sus de la chapelle, ils se composaient d'une ou de deux pièces annexes (qillayat en arabe), de citernes (joubb), d'un arbre sacré et souvent de tombes ad sanctos, le tout étant implanté sur une terrasse cultivée. Quant aux ermitages, ils étaient le plus souvent, entièrement ou en partie, troglodytes, et se sont par la suite et pour la plupart transformés en pèlerinages.


1979 ◽  
Vol 12 (4) ◽  
pp. 675-688 ◽  
Author(s):  
Kenneth D. McRae

La société pluri-culturelle et la tradition politique occidentaleNous nous penchons sur la façon dont la philosophie politique occidentale conçoit la société pluri-culturelle. Nous pensons que la tradition occidentale depuis ses débuts en Grèce classique a fait preuve d'un manque évident de sympathie à l'égard de la pluralité culturelle. Ici, le concept de pluralité culturelle ou sociale se rapporte à une société compartimentée ou cloisonnée (« segmented ») et ne doit pas être identifié au « pluralisme » de la pensée politique britannique et américaine du XXe siècle.Nous avons retenu, pour approfondir cette hypothèse, le stoïcisme, les relations de l'Eglise et de l'Etat au moyen âge, la Réforme protestante, l'essor des régimes monarchiques au XVIe siècle en Europe et Vemergence des mouvements nationalistes depuis la Révolution française. Les quelques hommages que Von rend dans la philosophie occidentale à la société pluri-culturelle ne sont qu'accessoires et sont le plus souvent les conséquences inattendues de forces politiques. Le concept de tolérance religieuse dans les sociétés pluri-confessionnelles en est un bon exemple.Ceci dit, nous pensons que la pensée politique occidentale comporte plusieurs éléments favorables à la pluralité culturelle et qu'il importe en premier lieu de les approfondir si l'on veut élaborer une doctrine politique adaptée a la pluralité culturelle des sociétés contemporaines. D'autres éléments d'une telle pensée politique peuvent se trouver dans la philosophie politique non-occidentale, dans d'autres sciences humaines et dans la vie politique des sociétés pluralistes elles-mêmes.


Arabica ◽  
2019 ◽  
Vol 66 (3-4) ◽  
pp. 327-340
Author(s):  
Jaafar Benelhaj Soulami
Keyword(s):  

Résumé Écrire l’histoire d’une dynastie, d’une institution, d’un phénomène ou d’une personne exige en premier lieu une consultation minutieuse des archives et l’étude de l’histoire des institutions qui produisaient systématiquement ces archives. L’histoire des chancelleries musulmanes du Moyen Âge, et surtout celle de la chancellerie de l’empire almohade, reste encore à faire, à refaire ou à compléter, malgré les précieux travaux effectués par Évariste Lévi-Provençal, Pascal Buresi et d’autres chercheurs, vu les publications consécutives et récentes du patrimoine almohade. Ces études se donnent exclusivement comme but l’étude de cette chancellerie qui gérait l’empire des Almohades à partir de l’an 541/1146, c’est-à-dire à partir de l’installation de cette chancellerie à la capitale de l’empire. Or, la fondation de cette chancellerie est beaucoup plus ancienne que l’empire. En effet, elle date des premiers jours de la déclaration de l’imamat du Mahdī Ibn Tūmart et de l’éclat de la révolution almohade en l’an 515/1121. Notre propos est de tracer l’histoire de cette chancellerie durant l’époque de la révolution almohade, c’est-à-dire durant son étape embryonnaire, afin de permettre aux chercheurs de pouvoir refaire minutieusement l’histoire de cette institution impériale médiévale depuis ses premières origines.


Dialogue ◽  
1981 ◽  
Vol 20 (2) ◽  
pp. 318-334 ◽  
Author(s):  
Claude Panaccio
Keyword(s):  
De Se ◽  

Le Traité des prédicables, aussi appelé Isagogè, fut rédigé par Porphyre, vers la fin du IIIe siècle, pour servir d'introduction à la logique et en particulier au Traité des categories d'Aristote. L'auteur y traite des cinq universaux – le genre, l'espèce, la différence, le propre et l'accident – qui sont, si l'on veut, cinq sortes de prédicats généraux qu'un sujet quelconque est susceptible de se voir attribuer. Traduit du grec au latin par Boèce, sans doute au début du VIe siècle, l'ouvrage fut intégré par le Moyen Age au corpus de la logique aristotélicienne et devint, à ce titre, l'un des manuels de base de l'enseignement de la logique. Lorsque, vers 1320, le Franciscain Guillaume d'Occam entreprend d'expliquer «les divers livres de la logique», c'est en premier lieu vers l'Isagogè qu'il se tourne, pour le commenter à sa façon: ce fut là le tout premier ouvrage de logique de celui qui allait devenir l'un des plus grands logiciens de tous les temps. Occam y prend occasion du texte de Porphyre pour réitérer, sous le couvert d'une interprétation parfois audacieuse, sa célèbre critique du réalisme des universaux, qui le conduit à voir dans les cinq prédicables cinq sortes de signes généraux.


Author(s):  
Julien Théry
Keyword(s):  

Dans le langage de la plupart des juridictions supérieures d’Occident à la fin du Moyen Âge, la catégorie de l’enormitas recouvrait les plus graves atteintes à l’ordre légitime. On montre ici que cette catégorie a été élaborée au xiie siècle dans la pratique du gouvernement pontifical et de la réforme ecclésiastique. En premier lieu, dans les années 1130-1150, une « énormité » désigna une simple irrégularité canonique, sans référence à un quelconque degré de gravité. À partir des années 1150-1160, le contenu de la notion évolua. Elle commença à qualifier – et qualifia dès lors jusqu’à la fin du Moyen Âge et bien au-delà – un mixte d’infraction aux règles ou à la loi, de péché ou souillure et de subversion potentiellement radicale de l’ordre chrétien. Même si elle resta typique de la sphère ecclésiastique, cette nouvelle catégorie connut rapidement une vaste diffusion au sein du monde séculier, dans des acceptions qui présentaient de fortes similitudes avec la notion romaine d’atrocitas, mais aussi des caractéristiques spécifiques. L’enormitas des xiiie-xive siècles était une notion structurellement instable, protéiforme. Le périmètre de son champ d’application comme qualification juridique, tout comme ses implications procédurales, demeuraient variables. Dans de nombreux contextes, la catégorie tendait à embrasser l’ensemble de la sphère criminelle (ou du « grand criminel »). Son usage se développa en concomitance avec l’apparition de procédures inquisitoires ou « extraordinaires » caractérisées par une dilatation sans précédent de l’arbitrium judicis et donc par des situations d’exceptionnalité plus ou moins généralisée eu égard aux règles de droit traditionnelles. Tout en contribuant à délimiter le champ du pénal, l’enormitas ménageait donc un continuum entre la sphère restreinte des crimes de lèse-majesté et celle des crimes ordinaires.


2016 ◽  
Vol 49 (1-2) ◽  
pp. 155-165
Author(s):  
Boštjan Marko Turk

La présente étude se donne pour but de répondre aux questions que soulève l'oeuvre magistrale d'Auguste Rodin, La Porte de l'Enfer. Celle-ci puise dans les sources historiques et littéraires parmi lesquelles il faut mentionner, en premier lieu, la Divine Comédie de Dante. En réalité, en dehors des références que fournit le chantre florentin, l'oeuvre d'Auguste Rodin serait impensable. Rodin lui-même avait une prédilection pour les cathédrales, les édifices qui reconstruisent le sentiment de verticalité en recompensant le porte-à-faux. Celui-ci pris dans le sens analogique fournit une explication à la structure de La Porte, surtout lorsqu'on la compare à capolavoro di Ghiberti La Porta del Paradiso qui est censé servir de modèle à Rodin. La conclusion du présent article serait que La Porte de l'Enfer est impensable en dehors du contexte philosophique du Moyen-Age.


Author(s):  
Jean-Claude Schmitt

La pandémie de Covid 19 à partir de janvier 2020 - depuis la Chine vers le reste de l’Asie, puis l’Europe et l’Afrique, et enfin les deux Amériques -, n’est pas sans rappeler des épidémies du passé, souvent bien plus meurtrières encore, en premier lieu celles de la peste (qui emporta le tiers de la population européenne en 1348). Trois épidémies de peste ont frappé l’Europe à travers l’histoire : la Peste de Justinien (541-770), la Peste Noire (1348-1352, suivie de nombreuses récidives jusqu’en 1720) et la peste de Chine (qui n’a touché en fait que les ports européens et américains, entre 1850 et 1940). La peste, par ses agressions ou ses retraits, a une valeur systémique pour le « long Moyen Âge » qui commence dans l’Antiquité tardive et se poursuit jusqu’au XVIIIe siècle : par ses assauts répétés tout au long de cette période, mais aussi par ses retraits comme entre l’époque de  Charlemagne et le XIVe siècle ; cet âge « sans peste »  correspond à la phase du plus grand essor des campagnes médiévales. Au contraire, quand la peste est de retour entre le XIVe et le XVIIe siècle, elle est un des facteurs décisifs d’une longue stagnation démographique. Jamais la cause véritable de la peste (qu’on attribuait à la corruption de l’air ou à un châtiment de Dieu)  n’a été reconnue tout au long de ces siècles. Pourtant on observe dès la fin du Moyen Âge une progression des conceptions « contagionistes » et non-officielles qui anticipent sur la découverte du bacille de la peste par Alexandre Yersin en 1894, en même temps que du rôle des puces et des rats. La peste a suscité des comportements de toutes natures, qui évoquent parfois les mesures prises aujourd’hui pour freiner ou empêcher la progression de l’épidémie (par exemple la quarantaine). Elle a nourri de nouveaux élans de piété et aussi la recherche de boucs-émissaires dont les communautés juives furent les premières victimes. Sur le plan culturel, elle suscita de brillants témoignages littéraires (tel le Decameron de Giovanni Boccacio), mais on ne peut pas lui attribuer la naissance de l’art macabre, car celui-ci lui est antérieur.


Author(s):  
Jean-Claude Schmitt

La pandémie de Covid 19 à partir de janvier 2020 - depuis la Chine vers le reste de l’Asie, puis l’Europe et l’Afrique, et enfin les deux Amériques -, n’est pas sans rappeler des épidémies du passé, souvent bien plus meurtrières encore, en premier lieu celles de la peste (qui emporta le tiers de la population européenne en 1348). Trois épidémies de peste ont frappé l’Europe à travers l’histoire : la Peste de Justinien (541-770), la Peste Noire (1348-1352, suivie de nombreuses récidives jusqu’en 1720) et la peste de Chine (qui n’a touché en fait que les ports européens et américains, entre 1850 et 1940). La peste, par ses agressions ou ses retraits, a une valeur systémique pour le « long Moyen Âge » qui commence dans l’Antiquité tardive et se poursuit jusqu’au XVIIIe siècle : par ses assauts répétés tout au long de cette période, mais aussi par ses retraits comme entre l’époque de  Charlemagne et le XIVe siècle ; cet âge « sans peste »  correspond à la phase du plus grand essor des campagnes médiévales. Au contraire, quand la peste est de retour entre le XIVe et le XVIIe siècle, elle est un des facteurs décisifs d’une longue stagnation démographique. Jamais la cause véritable de la peste (qu’on attribuait à la corruption de l’air ou à un châtiment de Dieu)  n’a été reconnue tout au long de ces siècles. Pourtant on observe dès la fin du Moyen Âge une progression des conceptions « contagionistes » et non-officielles qui anticipent sur la découverte du bacille de la peste par Alexandre Yersin en 1894, en même temps que du rôle des puces et des rats. La peste a suscité des comportements de toutes natures, qui évoquent parfois les mesures prises aujourd’hui pour freiner ou empêcher la progression de l’épidémie (par exemple la quarantaine). Elle a nourri de nouveaux élans de piété et aussi la recherche de boucs-émissaires dont les communautés juives furent les premières victimes. Sur le plan culturel, elle suscita de brillants témoignages littéraires (tel le Decameron de Giovanni Boccacio), mais on ne peut pas lui attribuer la naissance de l’art macabre, car celui-ci lui est antérieur.


Sign in / Sign up

Export Citation Format

Share Document