Résumé
La présente étude s'inscrit en continuité avec une étude descriptive antérieure portant sur les détresses psychiatriques de la région métropolitaine de Montréal. Cette dernière a montré qu'il y a un taux élevé de réutilisation des services d'urgence par les personnes ayant eu ou ayant encore des problèmes importants de santé mentale.
Ce phénomène est étudié dans le but de a) décrire l'incidence de celui-ci dans la région socio-sanitaire 6A et de b) démontrer que, du point de vue des caractéristiques socio-psychiatriques d'un groupe-cible de patients, on présuppose certains facteurs déterminants dans la réutilisation.
L'analyse d'un recueil d'informations socio-démographiques et cliniques, basé sur un échantillon de 1 259 patients réutilisateurs des ressources d'urgence, a permis d'atteindre ces objectifs. Une telle analyse a fourni d'une part un certain nombre de données factuelles pour décrire les types de profil de réutilisation et identifier les groupes de patients concernés par la persistance des utilisations dans le temps. D'autre part, le schéma conceptuel proposé vise à situer les divers facteurs impliqués et il contribue à faire ressortir/mettre de l'avant une perspective qui considérerait la dynamique des diverses composantes de la réutilisation (modèle général).
Notre hypothèse à l'effet que les variables socio-démographiques et cliniques, propres au profil socio-psychiatrique des patients connus du réseau public, n'expliquent qu'une faible proportion de la réutilisation de l'urgence est confirmée. Cette conclusion majeure de l'étude suggère que les autres champs de détermination, notamment le fonctionnement de notre système de distribution de soins (la continuité des soins, le suivi, les philosophies d'intervention dans le cadre des services non institutionnels) et les difficultés de réinsertion de la personne «psychiatrique» (tolérance de la communauté), seraient des facteurs plus déterminants dans la réutilisation.
La discussion amorcée suggère des voies d'avenir pour ce qui est de la nécessité de développer une problématique générale : le phénomène de réutilisation serait à la fois la conséquence de l'interdépendance entre le système de distribution de soins et le patient et le résultat d'interdépendance entre cette personne, sa maladie et son milieu social.