L'Exposition du xviie siècle français

1959 ◽  
Vol 14 (2) ◽  
pp. 337-342
Author(s):  
François-Georges Pariset

L'exposition « Le xviie Siècle français », présentée à Londres de janvier à mars 1958, puis à Paris jusqu'en mai, devait, en principe, faire ressortir l'unité et la beauté des arts au temps de Louis XIV, mais les témoignages sans doute n'ont pas été assez nombreux et il a fallu recourir à la première partie du siècle. L'affiche de Londres joint à la mention « Age de Louis XIV » la reproduction d'un La Tour, tandis que le catalogue de Paris annonce seulement : « Le xviie siècle français. Chefs-d'oeuvre des musées de province ». A côté de pièces célèbres, d'autres presque inconnues, venues de musées lointains peu visités ou mal aménagés. Des confrontations stimulantes, des nouveautés captivantes, mais pas de trouvailles sensationnelles, aucune résurrection bouleversante. Ce grand rassemblement, né de longues prospections, de patientes recherches, aura eu le mérite de provoquer de nombreuses études, des mises au point fructueuses, un enrichissement certain de nos connaissances. Quant aux grandes découvertes, le temps en est-il vraiment passé ? N'allons pas trop vite. Des quantités d'oeuvres méconnues qui dorment encore dans nos provinces pourraient réserver des surprises. La solution de l'avenir sera dans des expositions locales limitées à quelques maîtres.

2009 ◽  
Vol 40 (2) ◽  
pp. 13-29
Author(s):  
Isabelle Morlin
Keyword(s):  
Les Six ◽  

Résumé Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, pendant le règne de Louis XIV, encouragés par le pouvoir, les voyages connaissent un essor spectaculaire, et avec eux les récits qui en sont faits. Parmi eux, le récit de voyage commercial occupe une place importante. Des voyageurs comme Tavernier (Les six voyages de Jean-Baptiste Tavernier…, 1676) et Chardin (Voyages de Monsieur le Chevalier Chardin en Perse et autres lieux de l’Orient, 1686), tous deux experts en joaillerie, incarnent la figure du négociant cultivé et audacieux, représentatif de cette période. Travaillant pour leur propre compte et fortune, ces voyageurs sont en phase avec l’ambition nationale de conquête. Leur parcours individuel s’inscrit donc dans un contexte d’épopée collective. L’aventure commerciale est marquée par un ennoblissement idéologique et le négociant, soudainement valorisé, y gagne un statut de protagoniste. Avec lui, le monde concret, généralement fort peu présent dans la littérature du XVIIe siècle, fait irruption dans la littérature de voyage : l’argent y est un thème omniprésent associé à celui de l’ascension sociale. Mais le voyage marchand est aussi le contexte d’une valorisation de la notion de « métier », de savoir-faire, et bien sûr de travail et d’effort. Au-delà, on assiste à la promotion littéraire de certaines valeurs « bourgeoises », qui avaient eu jusque-là un statut plutôt marginal. Le récit devient souvent la preuve tangible d’une réussite sociale et matérielle, et la somme de connaissances est à l’image des profits que le voyage a permis d’effectuer : l’exigence de « rendement » intellectuel répond ici à l’impératif de profit commercial.


2019 ◽  
Vol 33 ◽  
pp. 171-205
Author(s):  
Silvia Suciu ◽  

Conçu comme une continuation de l’essaye „L’affaire de l’Art. Le Marché d’Art aux Pays Bas, au XVIIe siècle” (AMET 2018), cette étude suit la création artistique et le destinataire de l’œuvre d’art en France, aux XVIIe et XVIIIe siècles. À la Cour du Roy Soleil, la possession d’un capital culturel (objets de luxe, tableaux, bijoux, calèches) était un moyen de montrer le rang, la vertu et la grandeur à travers la valeur associée à ces objets. Louis XIV a exercé un contrôle absolu de la production des œuvres d’art crées à Versailles, dans tous les domaines d’art : architecture, sculpture, peinture, théâtre, ballet, musique… Il y a réalisé un mouvement culturel et artistique et s’est entouré d’une pléiade d’artistes : Charles Le Brun, Nicolas Poussin et Pierre Mignard (premiers peintres du Roy), Molière (ses pièces étaient jouées à Versailles et dans les salons de Paris), Jean-Baptiste Lully (qui encourageait la passion du Roy pour la danse), Jean Racine (l’„historique officiel” du Roy), André le Nôtre (architecte du parc et des jardins de Versailles), Jean de la Fontaine, Charles Perrault etc. Parallèlement à la vie artistique de Versailles, pendant le XVIIIe siècle on assiste au développement du marché libre d’art à Paris ; dans le magasin appartenant à Edme-François Gersaint, Au Grand Monarque, les clients achetaient des tableaux, des gravures, des sculptures, des naturalia et d’autres objets de luxe. Gersaint a été le premier à Paris qui a réalisé des ventes aux enchères, suivant le modèle des Pays Bas. Ces enchères et les chroniques d’art de Denis Diderot ont beaucoup contribué à la „démocratisation” du public des arts plastique en France et dans tout le monde, à partir du XVIIIe siècle.


2020 ◽  
Vol 42 (2) ◽  
pp. 127-144
Author(s):  
Gilles Siouffi
Keyword(s):  

L’article étudie l’émergence des qualifications langue morte et langue vivante en France au XVIIe siècle. Il s’appuie sur un dépouillement de sources métalinguistiques (grammaires, dictionnaires, recueils de remarques, traités divers). Une première partie traite de l’évolution des termes pour qualifier le latin et montre comment on est passé du motif de l’altération et de la corruption, présent depuis le XVIe siècle, vers celui de langue morte. Une deuxième partie montre comment le développement des théories de l’usage est concomitant de la valorisation nouvelle des langues vivantes. Une troisième partie montre comment les dictionnaires de la fin du siècle enregistrent l’opposition langue vivante / langue morte, ouvrant la voie à une manière d’organiser la représentation des langues qui se diffusera dans le contexte scolaire. Au travers de l’étude de ce paradigme émergent, c’est la question de la représentation des langues comme dotées de grammaires réglées ou comme vecteurs changeants de l’expression humaine qui est abordée.


2021 ◽  
Vol 116 (2) ◽  
pp. 304-345
Author(s):  
Mathieu Terrier
Keyword(s):  

Résumé Cet article propose d’étudier un ensemble de textes traitant philosophiquement de deux pratiques dévotionnelles de l’islam, particulièrement vivaces dans le shīʿisme imāmite et le soufisme : la prière votive (duʿāʾ) et la visite pieuse aux tombeaux des saints (ziyāra). La première partie analyse des textes originaux d’Ibn Sīnā (Avicenne, m. 429/1037) sur le rôle de la prière votive dans l’ordre de la Providence ainsi qu’une épître probablement apocryphe sur la cause de son exaucement. La reprise des thèmes et arguments avicenniens par des philosophes iraniens du XIe/XVIIe siècle est ensuite abordée. Ces pratiques sont alors envisagées dans le cadre de la religiosité shīʿite imāmite et les textes se concentrent davantage sur la visite aux tombes des saints, occasion de la prière votive. Le premier de ces auteurs est Mīr Dāmād (m. 1040/1631), successeur autoproclamé d’Ibn Sīnā à la tête de la philosophie islamique, qui prolonge la voie métaphysique et gnostique de son prédécesseur. Puis vient le méconnu Ḥakīm Qāʾinī (actif en 1029/1619-20) qui, dans une épître sur le sens ésotérique des actes cultuels, relie les aspects sociaux et mystiques de la visite à la tombe des saints. Enfin Quṭb al-Dīn Ashkevarī (m. ca 1090/1679), historien de la sagesse, rapproche la religiosité populaire shīʿite de la religion philosophique des anciens Grecs. L’ensemble suggère qu’en se penchant sur ces pratiques dévotionnelles, à la faveur de la rencontre avec le shīʿisme imāmite et le soufisme, la philosophie islamique a su à la fois renouer avec l’esprit de la philosophie antique, innover sur le plan théorique et approfondir le sens de la religiosité commune pour en faire une initiation à la vie philosophique.


1963 ◽  
Vol 18 (1) ◽  
pp. 20-43
Author(s):  
Georges Snyders

On trouvera, ici, quelques pages extraites d'une étude qui se propose de considérer l'évolution du goût musical en France aux xviie et xviiie siècles, plus particulièrement l'opéra et les problèmes qu'il soulève. Une première partie a voulu montrer que, pris dans son ensemble, le xvne siècle rencontre une grande difficulté à donner à la musique place et valeur. L'idée dominante est celle de la musique comme langage imitatif ; on veut qu'elle ait une signification comme le mot, le cri, le geste, qu'elle se modèle sur eux, qu'elle les rehausse simplement par ses accents et ses rythmes. Une musique qui n'exprimerait pas un contenu précis paraîtrait aussi vaine aux contemporains de Louis XIV que paraît déraisonnable à beaucoup d'hommes d'aujourd'hui une peinture dont on ne peut trouver le sujet et la ressemblance directe.


1974 ◽  
Vol 29 (4) ◽  
pp. 847-881 ◽  
Author(s):  
Daniel Dessert

L'article que voici est le premier que propose un jeune chercheur qui a déjà consacré de nombreuses années au problème, presque inconnu, de la marine royale et des constructions navales au temps de Louis XIV. De la construction des navires, il est passé aux fournisseurs des matériaux de construction. Il s'est immédiatement trouvé confronté au monde trop connu et surtout trop mal connu des financiers, partisans, fermiers et autres hommes d'argent du « grand règne ». Pour mieux les approcher, il a découvert, redécouvert et rassemblé les papiers de l'étonnante Chambre de Justice de 1661. D'où ce qui suit.A travers le sérieux, la modestie et le considérable appareil qu'on va découvrir, j'ai cru qu'il me fallait signaler qu'apparaissait une conception très neuve de la haute société et de l'État d'Ancien Régime. Elle permet de renvoyer au dictionnaire des idées reçues ou au cimetière des catéchismes la scolaire discussion sur société d'ordres et société de classes. Elle montre que les partisans sont presque tous à la fois nobles et officiers de finance, et que, à leurs côtés, c'est la grande noblesse, de Cour, d'épée, de robe, de gouvernement, d'Église, qui prête ses écus au Roi, et participe au premier chef au pillage général de la richesse du royaume. Que des chanceliers, des ministres et même de grands capitaines comme Turenne aient été des partisans, et que presque tous aient appartenu au clan le plus étroitement dévot du royaume, voilà qui pourra étonner, mais non plus être contestéC'est par l'étude de ces hommes d'argent pieux, richissimes et nobles, indispensables à l'État, acceptés par lui, installés même dans son sein, qu'on arrivera à mieux comprendre le monde du XVIIe siècle, et non plus par des querelles de scholastiques ou d'étiquettes.


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