Résumé
La réception de Maurice Halbwachs peut être explicite dans les publications diverses ou encore dans des programmes de recherche en cours, et implicite dans des travaux de recherche publiés. Notre réception de l'œuvre est d'abord méthodique, alors même, comme nous le pensons, que ces considérations peuvent déplacer, élargir ou gauchir (selon le point de vue) le cadre de la théorie sociale. Les travaux de Maurice Halbwachs nous ont intéressés par leurs entrées méthodiques dans l'appréhension du social, ce que nous appelons les " matérialités du social " : espace, temps et information des faits sociaux dont la matérialité observable est essentiellement le langage. Ces " matérialités " relèvent d'une morphologie sociale, si l'on donne à ce terme son sens premier de délimitation de la forme des phénomènes sociaux qui permet et conditionne les opérations de découpage de discontinuités visibles dans la continuité du mouvement de la vie sociale, opérations que le sociologue effectue explicitement ou implicitement pour pouvoir envisager la description du social. Ces entrées ne sont pas spécifiques à la sociologie et demandent une construction sociologique. À cet égard, M. Halbwachs ouvre la voie en modalisant ces entrées selon le point de vue du groupe social : l'on peut voir, notamment lorsqu'il analyse la mémoire individuelle, à quel point le recours à la notion de groupe social lui apparaît pertinente et, lorsqu'il analyse les statistiques, l'approche relationnelle qu'il en fait. Nous avons voulu montrer la fécondité de cette approche méthodique, notamment en sociologie urbaine à partir de l'entrée spatio-temporelle, et pour ce faire, nous avons utilisé les travaux de G. Granai sur le développement de la ville d'Aix-en-Provence. Pour la troisième entrée que nous présentons, la matérialité langagière, nous avons sélectionné les recherches que nous menons dans le domaine de la sociologie de la réception littéraire, ceci autour d'une discussion sur la notion de " lecteur virtuel ", développée et déclinée de différentes manières depuis sa formulation par Gérard Genette, et d'un programme de recherche en cours sur la réception de la littérature de science-fiction.