Notre article met en perspective deux ouvrages récents consacrés au célèbre tandem formé de Francis Scott Fitzgerald et de sa compagne Zelda. Le premier, de Pietro Citati, intitulé La mort du papillon (Paris, Gallimard, coll. « L’arpenteur », 2007 [2006]), est un essai biographique « classique » qui évoque, en quatorze brefs chapitres, les multiples facettes d’une relation nourricière et destructrice ; le second, Alabama Song de Gilles Leroy (Paris, Mercure de France, 2007, Prix Goncourt) redonne la parole à Zelda, dans une sorte de réhabilitation de cette figure à la fois fantasque et énigmatique.
Si l’entreprise biographique relève indéniablement d’un souci éthique, où il s’agit de construire la vérité de l’autre en respectant tout un jeu de contraintes factuelles, la reconstitution imaginaire est-elle tenue aux mêmes exigences ? Quels sont les procédés formels, énonciatifs ou narratifs qui autorisent à la fois la représentation du réel et l’enjeu d’écriture ? Dans ces deux ouvrages dont le premier sert, en quelque sorte, de degré zéro permettant de prendre la mesure de la mise-en-roman opérée par Leroy, il s’agit donc de voir comment se construit, pour reprendre les termes de la problématique proposée, l’articulation entre « le vivre et l’écrire, entre les histoires entendues et leur devenir-littérature ».