scholarly journals La prise en charge communautaire de la santé au Québec

Author(s):  
Frédéric Lesemann

La question de la prise en charge communautaire de la santé au Québec est aujourd’hui principalement polarisée autour de celle du rôle des Centres locaux de services communautaires (CLSC) institués par la réforme des services de santé et des services sociaux en 1971. Le modèle des CLSC est la résultante de deux fonctions principales que doit gérer l’Etat québécois : une fonction économique de diminution draconienne des coûts pour laquelle le modèle du CLSC joue un rôle primordial car il propose des soins simples, globaux, préventifs, de base, etc., et une fonction sociale, celle d’exercer le contrôle politico-social des catégories sociales pauvres par une politique de participation intégrative. Toute l’évolution récente des CLSC est marquée par la tension que suscite la gestion simultanée de ces deux fonctions contradictoires sous plusieurs aspects. Le contexte de crise économique favorise la prédominance de la fonction économique, ce qui se traduit par une volonté gouvernementale croissante d’intégrer les CLSC dans le réseau des établissements socio-sanitaires, de les normaliser, au détriment de leur fonction d’innovation, de participation, de contestation, d’orientation communautaire, qui donne son caractère original au modèle théorique des CLSC. Aussi les CLSC sont-ils actuellement le lieu d’enjeux importants dans les luttes pour une transformation des pratiques de santé au Québec.

2017 ◽  
Vol 22 (2) ◽  
pp. 174-185
Author(s):  
Halimatou Ba ◽  
Florette Giasson ◽  
Hélène Archambault ◽  
Julie Gauvin

En milieu minoritaire francophone, les organismes communautaires jouent un rôle important dans la prise en charge des populations vulnérables. Ils constituent un groupe particulièrement à risque à cause de la complexité de leurs besoins qui sont souvent liés aux déterminants sociaux de la santé. Cette prise en charge nécessite de la part des intervenantes et intervenants sociaux des compétences professionnelles transdisciplinaires et des pratiques renouvelées. Pour favoriser la pratique transdisciplinaire dans le domaine des services de santé et services sociaux en milieu minoritaire francophone et réduire les inégalités sociales que vivent les populations, l’Université de Saint-Boniface a lancé le Projet transdisciplinaire en santé communautaire, en partenariat avec des organismes qui oeuvrent dans la communauté francophone à Winnipeg. L’article décrit cette recherche-action, qui a été réalisée durant trois années consécutives, en concomitance avec la formation théorique. Les résultats permettent de décrire l’acquisition de compétences professionnelles par les étudiantes et étudiants inscrits au projet, l’intégration de l’approche transdisciplinaire dans les pratiques au sein des organismes communautaires, ainsi que le renforcement d’un partenariat université-organismes communautaires. L’article identifie quelques enjeux et recommandations issus de cette formation transdisciplinaire.


2006 ◽  
pp. 25-32 ◽  
Author(s):  
Benoît Gaumer

À la fin des années soixante au Québec, à la faveur d’une enquête sur le domaine de la santé et du bien-être social, un modèle social est développé pour définir un nouveau « régime de la santé ». L’enquête n’a pas porté sur la santé publique, mais le ministère des Affaires sociales nouvellement créé regroupe mission sociale et mission de santé sous une même autorité centrale; des structures périphériques sont mises en place pour concrétiser ces missions, mais sans véritables liens entre elles. Au fil des années, plusieurs réformes du système de santé et de services sociaux vont se succéder, modifiant les structures sans bouleverser vraiment la nature de ces missions et leurs relations. En 1985, le ministère des Affaires sociales devient le ministère de la Santé et des Services sociaux; ce changement traduit un certain recul de la prise en charge de la dimension sociale de la santé. Par contre, la prise en compte de celle-ci dans la nouvelle politique de santé publique paraît encourageante.


Author(s):  
Albert Meister ◽  
Anna-Maria Levi ◽  
Frédéric Lesemann

La Revue Internationale d’Action communautaire prend dès le printemps 1979 la relève de l’International Review of Community Development créée il y a une vingtaine d’années par le sociologue Albert Meister. La RIAC devient désormais une revue principalement francophone, caractérisée par une attention privilégiée aux pratiques novatrices, qu’elles soient professionnelles ou « militantes », institutionnelles ou « de base », dans les domaines de l’action communautaire ou collective reliés aux champs des services sociaux, de la santé publique et de l’éducation des adultes. Elle s’intéresse particulièrement aux expériences de prise en charge et de réappropriation par les populations de leur santé, de leur « bien-être » (welfare) et de leur éducation et est ouverte aux nouveaux problèmes qui se posent aux « sociétés de services ». Dans cette perspective, elle accueille également des analyses des politiques gouvernementales sociales, sanitaires et/ou éducatives qui structurent le développement des collectivités. Cette revue est produite par quatre centres associés du Québec, de France, de Belgique et de Suisse, avec des correspondants dans d’autres pays dont l’Italie, l’Espagne et l’Amérique latine. Elle conserve son ouverture traditionnelle sur les problèmes actuels de l’organisation socio-sanitaire et éducative des pays « en voie de développement ». Elle est destinée aux professionnels, aux administrateurs et aux militants qui oeuvrent dans les domaines précités. Elle entend être une revue rigoureuse dans sa démarche descriptive et analytique sans pour autant adopter les formes d’une revue académique. Elle vise à devenir un forum entre acteurs impliqués à divers paliers des systèmes de production de services. Dans cette perspective, les numéros seront thématiques, consacrés successivement à la prise en charge communautaire de la santé (mai 1979), aux processus d’éducation populaire (novembre 1979), à la prise en charge communautaire de la vie urbaine : logement, transport, aménagement de l’espace (mai 1980), aux instruments de recherche-action (novembre 1980), etc. La revue paraît deux fois par année, au printemps et en automne. Elle contient des résumés en anglais et en espagnol. Elle est coordonnée et publiée à Montréal. Nous sollicitons les commentaires, les suggestions, les contributions, les collaborations occasionnelles ou permanentes de tous ceux que ces perspectives intéressent.


2014 ◽  
Vol 34 (4) ◽  
pp. 247-256
Author(s):  
C Blais ◽  
S Jean ◽  
C Sirois ◽  
L Rochette ◽  
C Plante ◽  
...  

Introduction Avec l'accroissement du fardeau des maladies chroniques, la surveillance est fondamentale pour améliorer la prévention et la prise en charge de ces dernières. L'Institut national de santé publique du Québec a donc développé un système novateur de surveillance des maladies chroniques, le Système intégré de surveillance des maladies chroniques du Québec (SISMACQ), dont les principales caractéristiques, les forces et les limites sont présentées ici. Méthodologie Le SISMACQ est le résultat du jumelage de cinq fichiers médicoadministratifs. Mises à jour annuellement, ses données couvrent actuellement la période du 1er janvier 1996 au 31 mars 2012. Trois étapes en caractérisent le modèle opérationnel : 1) l'extraction et le jumelage des données médico-administratives grâce à divers critères de sélection; 2) les analyses (principalement la validation des définitions) et la production des mesures de surveillance et 3) l'interprétation, le dépôt et la diffusion de l'information. Le SISMACQ permet actuellement l'étude des maladies chroniques suivantes : diabète, maladies cardiovasculaires, maladies respiratoires, ostéoporose, maladies ostéoarticulaires, troubles mentaux et Alzheimer et maladies apparentées. Il permet également l'analyse de la multimorbidité et de la polypharmacie. Résultats Pour 2011-2012, le SISMACQ contenait des données sur 7 995 963 Québécois, et leur moyenne d'âge était de 40,8 ans. Parmi eux, 95,3 % répondaient à au moins un critère de sélection permettant l'application de définitions de cas pour la surveillance des maladies chroniques. Cette proportion variait avec l'âge : de 90,1 % chez les Québécois de 19 ans et moins à 99,3 % chez ceux de 65 ans et plus. Conclusion Le SISMACQ permet la production de données, à l'échelle de la population, sur le fardeau de plusieurs maladies chroniques, sur l'utilisation des services de santé et sur la consommation de médicaments. Il rend possible l'étude intégrée de la combinaison de plusieurs maladies, une approche jusqu'à présent rarement mise en oeuvre dans un contexte de surveillance populationnelle. Le SISMACQ répond aux attributs essentiels d'un système de surveillance et aide à la diffusion de l'information auprès des décideurs en vue d'actions en santé publique.


2012 ◽  
Vol 18 (2) ◽  
pp. 66-100 ◽  
Author(s):  
Danielle de Moissac ◽  
Janelle de Rocquigny ◽  
Florette Giasson ◽  
Cindy-Lynne Tremblay ◽  
Natalie Aubin ◽  
...  

Les services de santé et les services sociaux en français ne sont accessibles qu’auprès d’un quart de la population francophone au Manitoba (de Moissac, 2011). Une pénurie de professionnels pouvant offrir des services en français est perçue comme un obstacle important pour les usagers qui recherchent ces services et pour les professionnels qui voudraient assurer un suivi en français pour leurs clients. Une hésitation à s’identifier comme francophone et un manque de connaissance des ressources disponibles en français contribuent-ils à cette perception de pénurie? Cet article traite des défis entourant l’offre de services de santé et de services sociaux en français au Manitoba et suggère des pistes de solutions.


2005 ◽  
Vol 41 (2) ◽  
pp. 49-70
Author(s):  
Jean-Pierre Bélanger

Depuis vingt ans au Québec, il y a une sorte de continuité dans les préoccupations gouvernementales en ce qui concerne l'organisation du système des services de santé et des services sociaux au Québec. La Commission Castonguay avait été mise en place avec le souci d'éviter que les coûts d'éventuels services publics universels et gratuits ne deviennent trop élevés. Presque vingt ans plus tard, on mettra sur pied la Commission Rochon, justement parce qu'on n'aura pas réussi entre-temps à contrôler la croissance des coûts des différentes composantes du réseau. La présente analyse propose de remonter aux sources pour comprendre les motivations des différents acteurs, notamment pour mieux cerner l'influence du gouvernement fédéral dans cette évolution. Elle met aussi au jour les différentes motivations politiques du gouvernement provincial et met en exergue les changements de cap importants qui sont survenus à la suite du rapport Lalonde en 1974. L'analyse historique nous amène enfin à la Commission Rochon. Celle-ci aura permis de mieux cerner les principes sociaux qui agitent actuellement la société québécoise et d'essayer d'en tirer les conséquences possibles pour l'évolution future du réseau des services de santé et des services sociaux au Québec, au moins pour la prochaine décennie. Il restera à voir en effet comment les objectifs de politiques et de services proposés par la commission seront retenus et véritablement mis en oeuvre.


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