scholarly journals La continuité temporelle et ses manifestations graphiques dans la bande dessinée historique

2005 ◽  
Vol 29 (1) ◽  
pp. 59-70
Author(s):  
Jean-Philippe Beaulieu

Dans un genre où la référentialité temporelle est essentielle au processus de véridiction du récit, il est intéressant de déterminer de quelle façon la complexification narrative des bandes dessinées historiques récentes affecte la représentation graphique de la temporalité. Dans le cadre d'un examen des procédés de continuité (et de discontinuité) liés, entre autres, à la mise en page et au développement des épisodes, il est loisible de se demander si la diversification de ces procédés ne découle pas d'une vision particulière de l'Histoire qui se trouve ainsi inscrite dans la dynamique même du texte.

2016 ◽  
Vol 1 (10) ◽  
pp. 156-168
Author(s):  
Leslie Goufo Zemmo

Le présent article se propose de faire une analyse sémiotique du parcours figuratif de la femme noire dans la bande dessinée africaine Aya de Yopougon de M. Abouet et C. Oubrerie. Cette bande dessinée aborde implicitement la question de la responsabilité énonciative de la femme africaine en tant qu’acteur discursif dans le neuvième art. Nous montrons notamment comment la construction identitaire de cette dernière se faire progressivement au fil des tomes (1 à 6) pour aboutir à un figure linguistique autonome et complète. Cela est rendu possible à travers la segmentation cohérente du récit qui permet de dégager les différentes phases de son processus d’élévation sociale. Ce dernier part notamment de l’altérité qui la pose comme inférieure aux hommes, pour ensuite lui permettre de se découvrir en tant que personne entière. Ce qui en fin de compte contribue à définir son identité sociale, du moins dans la bande dessinée. Une identité qui contribue à poser cette bande dessinée comme un récit engagé qui voudrait, à sa manière convaincre les lectrices africaines à penser autrement leur être dans la société.


2010 ◽  
Vol 46 (2) ◽  
pp. 83-99
Author(s):  
Rainier Grutman
Keyword(s):  

Le présent article part de la présence cryptée du dialecte bruxellois dans Le sceptre d’Ottokar pour montrer comment la bande dessinée réfracte subtilement la situation socio-linguistique de son premier public. Loin de se réduire à une sorte d’« escorte verbale » enfermée dans les phylactères qui accompagnent le dessin, les traces écrites de la (et des) langue(s) commentent, situent et prolongent l’image, de manière à obtenir un équilibre sui generis qui permet à Hergé d’étager les sens. Dans Les aventures de Tintin, ces derniers se superposent sans s’annuler, créant un exemple complexe susceptible de plaire, non seulement aux proverbiaux « jeunes de 7 à 77 ans », mais encore aux lecteurs d’ici et d’ailleurs, « ici » étant en l’occurrence la Belgique francophone et plus particulièrement Bruxelles, ville natale de Georges Remi. Il est en effet frappant de constater à quel point Tintin combine des références très internationales (paneuropéennes à défaut d’être vraiment « universelles ») et des allusions tout à fait locales (belges ou mieux : bruxelloises). Ce constat, souvent répété au sujet du versant iconique des albums, peut être étendu à leur versant linguistique : malgré le gommage d’expressions et références jugées trop exclusivement belges et pouvant nuire à la pénétration tant souhaitée du marché français, il subsiste un substrat linguistique bruxellois, dont la présence discrète mais constante rapproche Les aventures de Tintin du palimpseste.


Author(s):  
Jean-Pierre Thomas
Keyword(s):  

Acculé par les Romains à une résistance apparemment futile, un groupe de Gaulois s’oppose malgré tout à l’avancée de l’envahisseur. Ces rebelles, armés d’une potion les rendant irréductibles, aplatissent littéralement l’adversité au cours d’une histoire qui se répète, à quelques variantes près, d’album en album. Il s’agit ici de se demander si le recours à la violence, auquel sont contraints les Gaulois dans la série Astérix, est nécessaire ou s’il n’apparaît pas, çà et là, quelque peu gratuit. L’observation du rôle joué par la violence dans Astérix permet de déterminer si celle-ci incite à l’agressivité ou si, au contraire, elle ne joue pas plutôt un rôle salutaire, voire dionysiaque. Uderzo et Goscinny, les créateurs de la bande dessinée, semblent avoir mis au point un ingénieux subterfuge leur permettant de distiller les effets d’une violence cathartique auprès de générations de lecteurs.


2019 ◽  
pp. 13-18
Author(s):  
Bertrand Jacopin ◽  
Emilie Andries ◽  
Yohann Beureno ◽  
Fabienne Mercier ◽  
Pierre-Yves Valantin ◽  
...  

Le Syndicat Mixte d'Aménagement de la Vallée de la Durance (SMAVD) s'attache depuis de nombreuses années à compléter les portés à connaissances règlementaires par des études hydrauliques spécifiques. Pour cela, le SMAVD construit et exploite des modèles numériques Telemac 2D, qui, fréquemment mis à jour, reflètent fidèlement les mécaniques complexes d'inondation du secteur. Pour répondre aux besoins de ses communes membres et après un audit des acteurs de la prévention des risques, il est apparu prioritaire au SMAVD de développer un outil permettant de se préparer aux inondations, de transformer les prévisions de débits en prévision de zones inondables potentielles (ZIP). Sur un premier tronçon de rivière équipé de très nombreux ouvrages anciens peu fiables, les hydrauliciens du SMAVD ont élaboré une méthodologie de modélisation du cours d'eau permettant de représenter les conséquences aléatoires liées à la tenue ou à la rupture des ouvrages. Une gamme étendue de débits de débits de crue a été modélisée. La représentation graphique des résultats a été mise au point dans le cadre d'une large concertation : en étroite collaboration avec les représentants de la commune pilote de Villelaure (84) puis avec l'ensemble des utilisateurs identifiés. L'Atlas Dynamique des Zones Inondables (AZI) de la Durance constitue le document pivot des plans communaux de sauvegarde, un outil de mesure des conséquences des potentielles ruptures d'ouvrages, le chainon manquant entre prévision de débit et prévision d'inondation mais également une aide précieuse lors des projections opérationnelles des services de secours. Première action mise en œuvre dans la Stratégie Locale de Gestion du Risque Inondation (SLGRI) de la Durance, le projet AZI se déploie en régie interne au sein du SMAVD. Il couvre plus de 100 km de rivière. Il contribue au projet national Viginonde en mettant à disposition du Service de Prévision des Crues les différentes couches SIG des Zones Inondables Potentielles. L'outil sera par ailleurs largement partagé, avec entre autres les gestionnaires routiers, les communes et EPCI, les SDIS...


2016 ◽  
Vol 8 (1) ◽  
Author(s):  
Marie Saint-Amand

En 2007, l’illustratrice Pénélope Bagieu lançait sur la toile un blog BD, qu’elle dédiait à la réalité prosaïque de son quotidien. Trois ans plus tard, cette diplômée de l’École nationale supérieure des Arts décoratifs de Paris et du Central St Martins College of Art and Design publiait aux éditions Gallimard son premier roman graphique, Cadavres exquis. Comment ce passage d’une production « sauvage » à l’une des plus prestigieuses maisons d’édition s’est-il effectué? C’est à cette question que l’article tente de répondre. Pour ce faire, il s’articule en quatre parties. En préambule, une brève présentation des notions de blog et blogosphère et de leur aspect intrinsèquement fuyant et sauvage permettra d’appréhender le cas particulier de Pénélope Bagieu – et de son blog Ma vie est tout à fait fascinante. Ce dernier est ensuite observé en tant que lieu d’affirmation de soi de son auteure, notamment avec un choix d’implication confondue1 dans un genre particulier, à savoir la chick lit. Connaissant un succès particulier, le blog va être reformaté en objet-livre et plusieurs publications vont suivre la première (en passant par la maison d’édition Gawsewitch pour arriver jusqu’au catalogue Gallimard). Cette reconfiguration provoque inévitablement un changement sur la plateforme en ligne mais également dans la posture de l’auteure, qui tente tant bien que mal de se détacher du côté girly qu’on lui accorde. Néanmoins, Pénélope Bagieu connaît plusieurs ratés en format papier lorsque ses publications ne sont pas assimilées à une production en ligne. Son actualité témoigne d’ailleurs de la nécessité de lier les deux médias : elle publie actuellement, chaque lundi, une planche sur un blog hébergé par Le Monde qui fera l’objet d’une publication chez Gallimard à l’avenir. Est-il donc, aujourd’hui, réellement possible pour une artiste assimilée à la toile de s’émanciper et devenir une auteure BD reconnue?


2016 ◽  
Vol 1 (10) ◽  
pp. 67-80
Author(s):  
Nicolas Perez-Prada
Keyword(s):  

Résumé : La France, comme la plupart des pays occidentaux, a découvert le manga par l’intermédiaire des séries d’animation. Cette prise de contact s’est produite dès la fin des années 1970 autour de séries de grande consommation diffusées dans des programmes destinés à la jeunesse sur les chaînes de télévision hertziennes. Au début des années 1990, une certaine élite culturelle émet toutes sortes de critiques à l’encontre de ces dessins animés en même temps que les premières traductions de mangas apparaissent chez les éditeurs de bandes dessinées déjà installés. En parallèle, une partie des auteurs de bandes dessinées francophones cherche à affirmer la légitimité artistique de sa production en se démarquant de l’image puérile habituellement associée au médium. Des auteurs que l’on identifie comme appartenant à « La Nouvelle bande dessinée » commencent à se faire connaître et à imposer une forme de bande dessinée plus intimiste en rupture avec les récits de genre. L’arrivée croissante des mangas en France intervient au même moment que l’idée d’une bande dessinée d’auteur se développe, ce qui favorise l’identification et la valorisation d’un manga d’auteur. Seulement, au lieu de se présenter comme une différence thématique, l’opposition entre manga d’auteur et manga mainstream – en plus d’être une construction éditoriale arbitraire montrant ses limites avec des auteurs tels que Tezuka – perpétue un discours évaluatif déjà présent au sein de la bande dessinée occidentale qui établit une hiérarchie au bénéfice de la bande dessinée « d’auteur », laquelle construit sa légitimité en opposition à tout un pan du médium tout aussi légitime. 


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