scholarly journals Du blog amateur à Gallimard. La bande dessinée de Pénélope Bagieu reformatée

2016 ◽  
Vol 8 (1) ◽  
Author(s):  
Marie Saint-Amand

En 2007, l’illustratrice Pénélope Bagieu lançait sur la toile un blog BD, qu’elle dédiait à la réalité prosaïque de son quotidien. Trois ans plus tard, cette diplômée de l’École nationale supérieure des Arts décoratifs de Paris et du Central St Martins College of Art and Design publiait aux éditions Gallimard son premier roman graphique, Cadavres exquis. Comment ce passage d’une production « sauvage » à l’une des plus prestigieuses maisons d’édition s’est-il effectué? C’est à cette question que l’article tente de répondre. Pour ce faire, il s’articule en quatre parties. En préambule, une brève présentation des notions de blog et blogosphère et de leur aspect intrinsèquement fuyant et sauvage permettra d’appréhender le cas particulier de Pénélope Bagieu – et de son blog Ma vie est tout à fait fascinante. Ce dernier est ensuite observé en tant que lieu d’affirmation de soi de son auteure, notamment avec un choix d’implication confondue1 dans un genre particulier, à savoir la chick lit. Connaissant un succès particulier, le blog va être reformaté en objet-livre et plusieurs publications vont suivre la première (en passant par la maison d’édition Gawsewitch pour arriver jusqu’au catalogue Gallimard). Cette reconfiguration provoque inévitablement un changement sur la plateforme en ligne mais également dans la posture de l’auteure, qui tente tant bien que mal de se détacher du côté girly qu’on lui accorde. Néanmoins, Pénélope Bagieu connaît plusieurs ratés en format papier lorsque ses publications ne sont pas assimilées à une production en ligne. Son actualité témoigne d’ailleurs de la nécessité de lier les deux médias : elle publie actuellement, chaque lundi, une planche sur un blog hébergé par Le Monde qui fera l’objet d’une publication chez Gallimard à l’avenir. Est-il donc, aujourd’hui, réellement possible pour une artiste assimilée à la toile de s’émanciper et devenir une auteure BD reconnue?

2005 ◽  
Vol 29 (1) ◽  
pp. 59-70
Author(s):  
Jean-Philippe Beaulieu

Dans un genre où la référentialité temporelle est essentielle au processus de véridiction du récit, il est intéressant de déterminer de quelle façon la complexification narrative des bandes dessinées historiques récentes affecte la représentation graphique de la temporalité. Dans le cadre d'un examen des procédés de continuité (et de discontinuité) liés, entre autres, à la mise en page et au développement des épisodes, il est loisible de se demander si la diversification de ces procédés ne découle pas d'une vision particulière de l'Histoire qui se trouve ainsi inscrite dans la dynamique même du texte.


Author(s):  
Hervé Ondoua

Les subalternes peuvent-elles parler ? C’est à cette question que s’attèle à répondre notre communication à partir d’une approche marxiste propre à Spivak. En empruntant la méthode déconstructive, il s’agit pour Spivak de résister à la traduction et à tentation de la « reconnaissance du tiers-monde par assimilation ». Aussi pour Spivak comme pour Derrida de s’interroger sur la manière d’accueillir l’Autre comme absolument étranger, sans le soumettre à la violence de la traduction, de la première question, qui es-tu ? Il ne s’agit plus de rendre invisible la pensée ou le sujet pensant, mais bien au contraire de faire ressortir l’ethnocentrisme. Le risque est toujours de se « reterritorialiser » au sein du langage hégémonique impérialiste sur un essentialisme. Il faut donc une réécriture de l’impulsion structurale utopique qui fait « délirer la voix intérieure qui est la voix de l’autre en nous ». Il s’agit pour Spivak de déconstruire, en tant qu’intellectuelle post-coloniale et décolonialiste, le concept de « femme du Tiers-monde », de désapprendre c’est-à-dire se poser en situation de recul par rapport à la manière dont elle a pu être formée dans une logique traductrice. Dès lors, « les subalternes peuvent-elles parler ? » n’apparaît elle pas comme le lieu où les minorités sortent du discours impérialiste et discriminatoire de la francophonie ? Cette nouvelle orientation du discours ne permet-elle pas de sortir des concepts monolithiques majoritaires utilisés dans les sciences sociales pour parler des minorités ?   Mot clés : subalterne, francophone, couleur, éducation, occident


2016 ◽  
Vol 1 (10) ◽  
pp. 156-168
Author(s):  
Leslie Goufo Zemmo

Le présent article se propose de faire une analyse sémiotique du parcours figuratif de la femme noire dans la bande dessinée africaine Aya de Yopougon de M. Abouet et C. Oubrerie. Cette bande dessinée aborde implicitement la question de la responsabilité énonciative de la femme africaine en tant qu’acteur discursif dans le neuvième art. Nous montrons notamment comment la construction identitaire de cette dernière se faire progressivement au fil des tomes (1 à 6) pour aboutir à un figure linguistique autonome et complète. Cela est rendu possible à travers la segmentation cohérente du récit qui permet de dégager les différentes phases de son processus d’élévation sociale. Ce dernier part notamment de l’altérité qui la pose comme inférieure aux hommes, pour ensuite lui permettre de se découvrir en tant que personne entière. Ce qui en fin de compte contribue à définir son identité sociale, du moins dans la bande dessinée. Une identité qui contribue à poser cette bande dessinée comme un récit engagé qui voudrait, à sa manière convaincre les lectrices africaines à penser autrement leur être dans la société.


2014 ◽  
pp. 1-23 ◽  
Author(s):  
Manon Vialle
Keyword(s):  
De Se ◽  

La croissance de l’infertilité liée à l’âge dans les sociétés industrielles avancées suscite un accroissement de demandes en matière d’assistance médicale à la procréation (AMP) et amène ainsi chaque société à s’interroger sur ses normes et pratiques. En France, cette question est un révélateur de la spécificité du modèle bioéthique qui encadre les techniques d’AMP ainsi que de ses tensions et contradictions croissantes. La particularité de ce modèle est de se présenter comme strictement « thérapeutique » et de reposer sur la notion d’« infertilité pathologique ». Or c’est justement la simplicité apparente de cette distinction entre pathologie et convenance que met en question l’infertilité liée à l’âge : elle ouvre vers une approche plus complexe de l’infertilité comme phénomène liant à la fois le somatique et le social. À partir d’une enquête auprès de professionnels qui font face à l’infertilité, nous montrerons la prégnance de ce modèle thérapeutique dans leur pratique. Mais nous verrons également que le contexte sociodémographique contemporain amène à une évolution de la notion même d’infertilité et interroge ce modèle de référence. De plus, l’apparition de nouvelles techniques telles que la congélation ovocytaire renforce la mise en question du modèle bioéthique et amène à penser autrement l’opposition pathologie/convenance sur laquelle il est construit. La question est de savoir si ce modèle saura évoluer vers une vision plus complexe et moins idéologique de l’infertilité, ce qui s’avère être un enjeu important pour la société française dans les années à venir et qui va bien au-delà de l’accès aux techniques favorisant ce dépassement.


2005 ◽  
Vol 36 (1) ◽  
pp. 59-75
Author(s):  
Silvestra Mariniello
Keyword(s):  
De Se ◽  

Résumé Comment désobéir sans emprunter les voies de la désobéissance déjà prévues par L’Autorité ? L’article propose une lecture de l’oeuvre d’Elsa Morante à la lumière de cette question à laquelle Carlottina dans LeMonde sauvé par les gamins, trouve une réponse originale. La merveilleuse fable de l’étoile jaune semble résumer toute l’activité littéraire d’Elsa Morante : il ne s’agit pas, pour cet auteur, de se situer du côté des avant-gardes, en subvertissant les règles de la tradition, par exemple, (forme de désobéissance prévue par « La Loi »), ni de se situer du côté de la tradition littéraire, d’obéir à son autorité, mais d’inventer une autre désobéissance, qui ne serait ni prévue, ni diamétralement opposée aux lois. La désobéissance de Morante semble récupérer l’expérience vécue des femmes, qui passe par un devenir-femme de la conscience et de la poésie. Un devenir- femme, auquel les femmes doivent accéder pour sortir de leur histoire, pour écrire une autre histoire, faite aussi de corps, de silence, d’expériences vécues au quotidien, l’histoire d’un « je » pluriel, ouvert à l’autre.


2016 ◽  
Vol 4 ◽  
Author(s):  
Jacques Quintin
Keyword(s):  
De Se ◽  
Il Y A ◽  

Le texte suivant consiste en le récit de la fin de vie de mon père, à la maison sous les soins de ma mère, et illustre quelques enjeux éthiques, familiaux, de souffrance et de sens. Ce récit permet de montrer que la maladie et la mort, loin de se réduire à un problème à résoudre, deviennent un questionnement: qui sommes-nous, que devenons-nous? Plus que tout, il y a cette question : que pouvons-nous espérer de ces expériences de vie?


2006 ◽  
Vol 33 (1) ◽  
pp. 19-35
Author(s):  
Paul Dumouchel
Keyword(s):  
De Se ◽  

Résumé Avant de répondre à la question : qu’est-ce qu’une maladie mentale pour Pinel ? il convient de se demander qu’est-ce qu’une maladie pour lui ? Or la réponse à cette question indique premièrement que pour Pinel, il n’y a pas sens à établir une distinction radicale entre maladie mentale et maladie physique. Malgré le fait que la tradition voit en lui un des fondateurs de la psychiatrie en tant que discipline autonome, pour Pinel, l’aliénation ne constitue pas un type d’affection radicalement différent de la maladie physique. Deuxièmement, elle montre que pour Pinel il n’y a pas de continuité entre le temps de la maladie et la temporalité subjective du patient. Ce qui veut dire que pour lui, contrairement à la tradition psychiatrique subséquente, il n’y a pas de lien explicatif entre le trouble mental et l’histoire du sujet.


2011 ◽  
pp. 247-298 ◽  
Author(s):  
Jean-Guy Lacroix

L’objet du texte est d’analyser l’enjeu socio-historico-politique de l’actuel contexte référendaire au Québec en faisant ressortir comment et pourquoi il constitue un moment de rupture par rapport à l’histoire passée et à l’histoire à faire. Après avoir d’abord précisé que la construction et la reproduction de l’identité et du sentiment d’appartenance à une collectivité relèvent du mouvement de l’histoire et qu’elles n’ont rien de linéaire et d’irréversible, l’auteur souligne que la spécificité de la culture québécoise francophone et de l’idéologie nationaliste des Québécois francophones sont constitutives l’une de l’autre et qu’elles se sont mutuellement renforcées au cours de l’histoire. Le texte montre en quoi la culture québécoise francophone a joué un rôle stratégique dans la fragmentation du Canada. Cependant, l’auteur fait constater que cette tendance, la fragmentation du Canada, n’est pas sans contre-tendances et que la société civile québécoise est elle-même, aujourd’hui, l’objet d’une forte pression « dualisante » attribuable pour une bonne part au refus des minorités anglophone et allophones de participer au sujet collectif qu’est la collectivité, largement majoritaire, des Québécois francophones. L’article se penche sur l’incidence de l’intégration de certaines innovations technoéconomiques, surtout dans le domaine médiatique, sur le système institutionnel de reproduction sociale. Il fait remarquer que, face à l’accumulation qui exige le changement, sont implantées des institutions qui réorganisent le sphère reproductive. Toutefois, au Canada, cette mise en place est soumise à la tendance structurante, la fragmentation, ce qui fait que ces institutions finissent par être fragmentées en institutions anglophones et francophones ou fédérales et québécoises, particulièrement sous la poussée des vécus spécifiques quotidiens et des structures sociales spécifiées, fragmentées, au cours de l’histoire. Sur cette base, le texte aborde par la suite la question du rôle des médias dans la reproduction de l’identité québécoise et de la société civile au Québec, processus qui n’est pas lui non plus sans contre-tendances, et dans lequel les institutions « fédéralisantes » jouent un rôle majeur, entre autres en produisant et en alimentant l’ambivalence identitaire au sein de la collectivité des francophones du Québec. Poursuivant l’examen des contre-tendances à la reproduction de la spécificité de la société civile du Québec et de la culture québécoise francophone, l’auteur s’attaque aux effets de l’internationalisation-mondialisation sur les souverainetés nationales et sur la production-diffusion culturelle. L’argumentaire débouche sur le constat de la nécessité, pour les sociétés voulant participer pleinement à la construction du devenir, tant le leur que celui de la planète, de se doter d’une véritable politique de développement culturel. Le texte s’attarde à cette question en examinant la politique culturelle des libéraux fédéraux et en se penchant sur l’incidence du contexte de « l’après-Meech » sur le développement de l’identité et de la culture québécoises. Enfin, l’auteur s’applique à relever ce que devraient être les paramètres d’une véritable politique québécoise de développement culturel, ce qui le conduit, pour terminer, à s’intéresser à la place du rapport interlinguistique dans la question du Québec.


2010 ◽  
Vol 46 (2) ◽  
pp. 83-99
Author(s):  
Rainier Grutman
Keyword(s):  

Le présent article part de la présence cryptée du dialecte bruxellois dans Le sceptre d’Ottokar pour montrer comment la bande dessinée réfracte subtilement la situation socio-linguistique de son premier public. Loin de se réduire à une sorte d’« escorte verbale » enfermée dans les phylactères qui accompagnent le dessin, les traces écrites de la (et des) langue(s) commentent, situent et prolongent l’image, de manière à obtenir un équilibre sui generis qui permet à Hergé d’étager les sens. Dans Les aventures de Tintin, ces derniers se superposent sans s’annuler, créant un exemple complexe susceptible de plaire, non seulement aux proverbiaux « jeunes de 7 à 77 ans », mais encore aux lecteurs d’ici et d’ailleurs, « ici » étant en l’occurrence la Belgique francophone et plus particulièrement Bruxelles, ville natale de Georges Remi. Il est en effet frappant de constater à quel point Tintin combine des références très internationales (paneuropéennes à défaut d’être vraiment « universelles ») et des allusions tout à fait locales (belges ou mieux : bruxelloises). Ce constat, souvent répété au sujet du versant iconique des albums, peut être étendu à leur versant linguistique : malgré le gommage d’expressions et références jugées trop exclusivement belges et pouvant nuire à la pénétration tant souhaitée du marché français, il subsiste un substrat linguistique bruxellois, dont la présence discrète mais constante rapproche Les aventures de Tintin du palimpseste.


1970 ◽  
Vol 25 (4) ◽  
pp. 842-856 ◽  
Author(s):  
Denys Lombard
Keyword(s):  
A Priori ◽  
De Se ◽  

L'Asie du Sud-Est offre à l'historien un terrain à la fois privilégié et complexe ; on sait qu'en ce carrefour, le « substrat » a largement subi les influences de l'Inde, de la Chine, de l'Islam et de l'Europe et l'on est a priori en droit de se demander si le phénomène urbain n'y porte pas, de façon originale, la marque des diverses cultures qui s'y sont ainsi croisées. Il s'en faut malheureusement que nous disposions déjà des monographies élémentaires qui permettraient de donner à cette question une réponse certaine ; sauf exceptions, les études archéologiques ont principalement porté sur des édifices religieux (hindouistes ou bouddhistes) et, pour la période antérieure à l'arrivée des Européens, l'histoire économique et sociale reste pour ainsi dire à écrire.


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