scholarly journals Parcours figuratif de la femme dans la bande dessinée Aya de Yopougon de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie

2016 ◽  
Vol 1 (10) ◽  
pp. 156-168
Author(s):  
Leslie Goufo Zemmo

Le présent article se propose de faire une analyse sémiotique du parcours figuratif de la femme noire dans la bande dessinée africaine Aya de Yopougon de M. Abouet et C. Oubrerie. Cette bande dessinée aborde implicitement la question de la responsabilité énonciative de la femme africaine en tant qu’acteur discursif dans le neuvième art. Nous montrons notamment comment la construction identitaire de cette dernière se faire progressivement au fil des tomes (1 à 6) pour aboutir à un figure linguistique autonome et complète. Cela est rendu possible à travers la segmentation cohérente du récit qui permet de dégager les différentes phases de son processus d’élévation sociale. Ce dernier part notamment de l’altérité qui la pose comme inférieure aux hommes, pour ensuite lui permettre de se découvrir en tant que personne entière. Ce qui en fin de compte contribue à définir son identité sociale, du moins dans la bande dessinée. Une identité qui contribue à poser cette bande dessinée comme un récit engagé qui voudrait, à sa manière convaincre les lectrices africaines à penser autrement leur être dans la société.

2010 ◽  
Vol 46 (2) ◽  
pp. 83-99
Author(s):  
Rainier Grutman
Keyword(s):  

Le présent article part de la présence cryptée du dialecte bruxellois dans Le sceptre d’Ottokar pour montrer comment la bande dessinée réfracte subtilement la situation socio-linguistique de son premier public. Loin de se réduire à une sorte d’« escorte verbale » enfermée dans les phylactères qui accompagnent le dessin, les traces écrites de la (et des) langue(s) commentent, situent et prolongent l’image, de manière à obtenir un équilibre sui generis qui permet à Hergé d’étager les sens. Dans Les aventures de Tintin, ces derniers se superposent sans s’annuler, créant un exemple complexe susceptible de plaire, non seulement aux proverbiaux « jeunes de 7 à 77 ans », mais encore aux lecteurs d’ici et d’ailleurs, « ici » étant en l’occurrence la Belgique francophone et plus particulièrement Bruxelles, ville natale de Georges Remi. Il est en effet frappant de constater à quel point Tintin combine des références très internationales (paneuropéennes à défaut d’être vraiment « universelles ») et des allusions tout à fait locales (belges ou mieux : bruxelloises). Ce constat, souvent répété au sujet du versant iconique des albums, peut être étendu à leur versant linguistique : malgré le gommage d’expressions et références jugées trop exclusivement belges et pouvant nuire à la pénétration tant souhaitée du marché français, il subsiste un substrat linguistique bruxellois, dont la présence discrète mais constante rapproche Les aventures de Tintin du palimpseste.


2020 ◽  
Vol 20 (1) ◽  
pp. 72-97
Author(s):  
Aminata Aïdara

Le présent article met en exergue la déconstruction de l'ordre sociopolitique préétabli par le pouvoir en postcolonie, à travers l'écriture de Sony Labou Tansi. Nous montrons comment, devant la distorsion des codes sociaux imposée par le pouvoir, l'écrivain de 'la honte' met en place un dispositif discursif, dans lequel le corps humain, à travers moult duplications, révèle le caractère débile et inique de la pratique dictatoriale en postcolonie. Si Achille Mbembe met en exergue l'euphorie de la domination du 'commandement', nous considérons que dans l'univers de La Vie et demie, le renversement du sérieux découle du rapport que les dirigeants initient avec la réalité corporelle, dans ses fonctions les plus triviales, à travers 'l'obsession des orifices'. Cette permutation permet à la plèbe, dont le porte-drapeau reste le personnage de Martial, de se rire du pouvoir à travers des sobriquets et des railleries de toutes sortes. L'article souligne l'éloquence du corps humain dans la pratique discursive de Sony Labou Tansi : le corps déchiré, mutilé, nauséabond, s'exprime aisément et met sa puissance narrative au service du récit. Ce corps sanguinolent, symbole de la déchirure sociale se défend, déstabilise le pouvoir et prend en charge toutes les revendications de la 'cible'.


2016 ◽  
Vol 1 (9) ◽  
pp. 5-18
Author(s):  
Adeline Geneviève Caute

« Quand on est une femme et qu'on est sainement égoiste, on est féministe » (Bretécher) Incontournable de la bande dessinée française des années 1970 à nos jours, Claire Bretécher a signé plus de trente-cinq albums. Dans ses publications, l’auteure s’est beaucoup intéressée au féminin, c’est-à-dire à l’être femme, ainsi qu’à la féminité, c’est-à-dire à la manière dont la culture enseigne aux filles à devenir et à être des femmes. C’est, entre autres, à ce titre que Roland Barthes la qualifie de « meilleur sociologue français (sic) » en 1976. Observatrice de son époque, par l’étude de la langue et de l’évolution des mœurs, Bretécher fait œuvre de témoin critique de ses contemporains depuis ses débuts au sein de l’équipe du journal Pilote en 1969. Si, à ses débuts, et notamment avec la série Cellulite, Bretécher créait des héroïnes plus tranchées, aux intérêts parfois conventionnels, chez qui s’exprimait un désir de féminité aussi intense que grotesque, depuis la fin des années 1990 et surtout depuis les années 2000, ses personnages féminins sont de plus en plus forts, actifs et variés, qu’ils s’agissent d’adolescentes ou d’arrière-grands-mères, de femmes blanches ou de personnages de couleur, de femmes de ménage ou de femmes d’affaires. C’est ce qu’elle donne à voir tout particulièrement dans les derniers tomes de la série Agrippine. Dans le présent article, j’étudie les divers visages du féminin dans l’œuvre absolument originale et unique de Claire Bretécher dans ses œuvres récentes, en m’intéressant à la représentation de la diversité, à l’aune de la théorie féministe. 


2021 ◽  
Vol 69 (3) ◽  
pp. 813-827
Author(s):  
Audrey Boissonneault

La Loi sur la gestion financière des premières nations (LGFPN) délègue aux conseils de bande le pouvoir de prélever l'impôt foncier. Le présent article décrit et analyse l'efficacité de la délégation de pouvoir comme outil d'autonomie gouvernementale. L'article 5(1) de la LGFPN permet aux conseils de bande de prélever l'impôt foncier afin d'améliorer leur situation économique — en leur fournissant une source de revenus — et d'améliorer leur autonomie gouvernementale. Toutefois, il comporte de nombreuses restrictions. Celles-ci incluent l'obligation de se conformer aux normes de gestions financières prévues par la Loi, ainsi que l'homologation des lois concernant l'impôt foncier par la Commission sur la fiscalité des premières nations (CFPN) (dont la majorité des membres sont nommés par le gouvernement fédéral). L'impôt foncier doit également respecter les règlements pris par le gouverneur en conseil en vertu de la Loi, qui concernent présentement l'évaluation des propriétés (incluant les appels concernant celle-ci), les intérêts et pénalités ainsi que l'inspection des propriétés. Les contribuables ont déposé à deux reprises des demandes en contrôle judiciaire visant à faire invalider les décisions de la CFPN. Considérant que ces deux tentatives se sont soldées par un échec, il importe de mitiger les critiques liées aux restrictions à l'autonomie gouvernementale qui semblent être imposées par le texte de la LGFPN. Il n'en demeure pas moins que le gouvernement fédéral conserve un contrôle important sur le processus législatif des Premières Nations en ce qui concerne l'impôt foncier. Lorsqu'il prend la forme de règlement, ce contrôle est direct, mais le gouvernement conserve également un contrôle indirect de par la présence de la CFPN. Une réforme s'impose : les pouvoirs doivent être véritablement délégués afin d'atteindre l'objectif d'améliorer de façon significative l'autonomie gouvernementale des Premières Nations participantes. Le pouvoir de prélever l'impôt foncier est délégué aux conseils de bande depuis la Loi sur les indiens de 1951. Il est temps que les Premières Nations puissent exercer ce droit sans ingérence fédérale. Une protection constitutionnelle de l'autonomie gouvernementale doit être l'objectif ultime.


2005 ◽  
Vol 29 (1) ◽  
pp. 59-70
Author(s):  
Jean-Philippe Beaulieu

Dans un genre où la référentialité temporelle est essentielle au processus de véridiction du récit, il est intéressant de déterminer de quelle façon la complexification narrative des bandes dessinées historiques récentes affecte la représentation graphique de la temporalité. Dans le cadre d'un examen des procédés de continuité (et de discontinuité) liés, entre autres, à la mise en page et au développement des épisodes, il est loisible de se demander si la diversification de ces procédés ne découle pas d'une vision particulière de l'Histoire qui se trouve ainsi inscrite dans la dynamique même du texte.


2018 ◽  
Vol 19 (2) ◽  
pp. 96-101
Author(s):  
Marco Vicente Dotto Köhler

O presente Artigo Jurídico foi elaborado com a finalidade primeira de servir como Trabalho de Conclusão de Curso na Pós-Graduação em Direito Constitucional da rede de ensino LFG/Anhanguera. Apesar do exíguo espaço para tratar, de forma mais aprofundada, de temas de grande importância para uma sociedade em que cada vez mais se percebe maior judicialização da política e politização da justiça, buscou-se abordar a temática relacionada à interpretação constitucional, trazendo breve explanação sobre a quem compete a interpretação, bem como da interpretação específica pelo Poder Judiciário, em sua Jurisdição Constitucional. Necessário se fez também breve abordagem da legitimidade democrática do Poder Judiciário para exercer sua função de interpretar a Constituição. Aprofundando-se um pouco mais neste tema se chegou na possibilidade de modificação do sentido do texto constitucional por meio da mutação constitucional, atribuindo novo sentido ao mesmo texto normativo. Nesse contexto, fundamental tratar de assunto de suma importância, de certa forma o núcleo e objetivo maior deste trabalho, que é a existência de limites interpretativos, os quais devem ser respeitados mesmo por quem detenha, por mandamento do próprio texto constitucional, a prerrogativa de ser seu guardião. Caso não haja respeito a tal limitação corre-se o risco de se incorrer em interpretação inconstitucional, por meio da mutação inconstitucional e, nesse contexto, seriam duras as penas sofridas pelo Estado Democrático de Direito e à Democracia, pela insegurança jurídica gerada pelo desrespeito aos limites interpretativos.Palavras-chave: Interpretação Constitucional. Mutação Constitucional e Inconstitucional. Segurança Jurídica. AbstractThe present article was presented as Final Paper Course in the Graduate Degree in Constitutional Law of the educational network ensino LFG/Anhanguera. In spite of the limited space to deal more deeply with issues of great importance to a society in which more and more judicialization of the politics and politicization of justice are increasingly perceived, the theme of constitutional interpretation was addressed, with a brief explanation of who is responsible for the interpretation, as well as for the specific interpretation by the Judiciary, in its Constitutional Jurisdiction. A brief  approach was also necessary to the democratic legitimacy of the Judiciary to exercise its function of interpreting the constitution. Going deeper into this theme, it was possible to modify the meaning of the constitutional text through the constitutional mutation, attributing new meaning to the same normative text. In this context, it is fundamental to deal with a very important subject,  the core and main objective of this work, which is the existence of interpretive limits, which must be respected even by those who, by order of the constitutional text itself, have the prerogative of  being its guardian. If this limitation is not respected, there is a risk of unconstitutional interpretation by means of an unconstitutional mutation and, in this context, the penalties suffered by the Democratic State of Law and Democracy would be harshed , due to the legal uncertainty created by the disrespect for interpretive limits.Keywords: Constitutional Interpretation. Constitutional and Inconstitutional Mutation. Legal Safety.


2005 ◽  
Vol 4 (3) ◽  
pp. 313-336
Author(s):  
Gérald Fortin ◽  
M.-Adélard Tremblay

Le besoin étant défini de façon subjective, l'univers des besoins de la famille constitue pour celle-ci un système normatif qui conditionnera ses conduites économiques. Cependant, la famille dans la définition de sa situation globale doit tenir compte non seulement de ses normes mais aussi du niveau réel de ses ressources, de son revenu. Nous avons pu déterminer que la définition de la situation était aussi influencée par l'histoire de la famille et par certaines dispositions psychologiques. La définition de la situation par la famille peut cependant porter sur deux objets différents. La famille peut extérioriser sa définition de la situation en exprimant son degré de satisfaction ou de privation par rapport aux différents postes du budget et par rapport à des conduites particulières. Elle peut aussi livrer sa définition en évaluant globalement la situation présente et passée. En général, il nous est apparu que la famille avait beaucoup de difficulté à subdiviser la situation en aspects particuliers et avait plutôt tendance à percevoir globalement ses chances de vie. C'est pourquoi nous voulons consacrer le présent article à l'analyse de la définition globale de la situation. À ce propos deux questions s'imposent à notre attention : a) comment les familles évaluent-elles leur revenu par rapport à leurs besoins ? et, b) de quelle façon les familles entrevoient-elles l'avenir ? Cette double interrogation nous permet de rejoindre l'univers des aspirations, c'est-à-dire ce qui est considéré comme souhaitable et réalisable dans un avenir plus ou moins rapproché. L'aspiration peut être analysée à travers les explications que fournit l'individu pour justifier un comportement et à travers les désirs que ces explications expriment. L'aspiration se révèle aussi dans les objectifs et les projets dont l'individu poursuit la réalisation. Mais tous ces différents indices qui manifestent à des degrés divers, à travers divers mécanismes, la présence d'aspirations n'apparaissent que lorsque le consommateur a atteint un certain niveau de vie. En effet, comme nous le verrons plus loin, la définition de la situation s'exprimera à travers des aspirations seulement si l'individu a réussi au préalable à satisfaire la plupart de ses besoins essentiels. Un individu qui est constamment aux prises avec les problèmes posés par l'incomplète satisfaction des besoins immédiats de sa famille peut difficilement élaborer des projets d'avenir et planifier à long terme l'amélioration de ses conditions de vie. Cependant, la possibilité de se projeter dans l'avenir par l'aspiration ne dépend pas uniquement de la situation objective (un certain niveau de vie), mais aussi de la définition de cette situation. Cette définition de la situation dépend aussi bien de la situation objective de la famille que de ses normes de consommation. C'est pourquoi, avant d'aborder l'étude des aspirations, il faut examiner la manière dont les familles jugent leur situation objective (les ressources disponibles) par rapport à leurs besoins. Cette première section s'intitulera : « La satisfaction des besoins quotidiens ». Dans une deuxième section, on définira « l'univers des aspirations » des travailleurs salariés, puis on analysera comment s'effectue le passage du besoin à l'aspiration et comment les aspirations deviennent des rêves.


2001 ◽  
Vol 56 (3) ◽  
pp. 591-621
Author(s):  
Pierre Monnet

RésuméSouvent utilisés à titre d’illustration, comme les images, et moins étudiés pour eux-mêmes, les témoignages autobiographiques, ici ceux que l’on peut rencontrer dans quelques villes de haute Allemagne à la fin du Moyen Aˆ ge (Francfort-sur-le-Main, Nuremberg, Augsbourg…), ne font pas que raconter à la première personne l’itinéraire d’une vie, mais prennent soin de localiser, dans un espace construit et adéquat, les étapes de l’existence. Deux occasions du récit pourront permettre d’en juger: l’arrivée ou les allées et venues en ville, d’une part, et les formes d’identification — ou de distanciation — que l’on peut d’autre part repérer entre le narrateur et la cité décrite, tantôt idéalisée, tantôt donnée comme réelle. Ce faisant, il semble bien que le fragment autobiographique parvienne à inscrire la conscience de soi dans un espace choisi et non subi (à travers le prisme du binôme enracinement-déracinement). Il en résulte une inscription de l’histoire individuelle dans l’espace, qui semble appartenir au plus vaste mouvement de « territorialisation » (comprise ici au sens urbain plus que dynastique du terme) opéré par l’historiographie tardo-médiévale. En combinant le temps de l’individu et l’espace tant géographique que social de sa ville, le propos autobiographique gagne en efficacité, renforce la construction identitaire visée, satisfait souvent l’enjeu de pouvoir sous-entendu par l’entreprise de mémoire. Second acteur dans la mémoire centrée sur soi, la ville devient cette tribune, ce truchement qui permet au discours de se faire véritablement singulier.


Author(s):  
Shana Poplack ◽  
Anne St-Amand

RésuméLe présent article décrit la constitution d’un corpus de français oral, baptisé les Récits du français québécois d’autrefois (RFQ), qui comprend des contes, des légendes et des entrevues recueillis auprès de locuteurs nés entre 1846 et 1895. Leur parler est celui du Québec rural du 19e siècle; il montre la variabilité inhérente et les structures vernaculaires caractéristiques des dialectes d’aujourd’hui. Nous examinons les avantages et les inconvénients de ces données diachroniques et montrons que, si elles sont utilisées judicieusement, elles représentent effectivement un stade antérieur du français québécois, avant son contact intense avec l’anglais. À ce titre, elles constituent un point de repère pour situer les traits linguistiques actuels. À partir d’une étude de cas de l’élision du ne, nous montrons comment une comparaison systématique entre les RFQ et le parler vernaculaire contemporain peut servir à repérer un changement linguistique, à le dater et à suivre son acheminement.


Criminologie ◽  
2007 ◽  
Vol 35 (1) ◽  
pp. 69-88 ◽  
Author(s):  
Nadine Lanctôt ◽  
Mélanie Bernard ◽  
Marc Le Blanc
Keyword(s):  

RÉSUMÉ Le présent article vise à décrire le processus par lequel se développe la conduite déviante et délinquante des adolescentes. Les analyses ont été effectuées auprès d'un échantillon de 123 adolescentes ayant fait l'objet d'une ordonnance à la Chambre de la jeunesse de Montréal entre 1992 et 1993. Les résultats démontrent que les activités déviantes et délinquantes des adolescentes s'intègrent davantage, de l'enfance au début de l'âge adulte, dans une séquence ordonnée et hiérarchique que dans un mode de développement aléatoire. Les analyses suggèrent également que le début de l'adolescence, spécialement entre 12 et 14 ans, représente une période particulièrement critique au cours de laquelle plusieurs formes d'activités déviantes et délinquantes risquent de se manifester.


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