scholarly journals « Comme si nous étions à la contredanse » : chorégraphies utopiques chez Claire de Duras et George Sand

2021 ◽  
pp. 76-86
Author(s):  
Tessa Ashlin Nunn

Durant le premier XIXe siècle, la contredanse, constituée de déplacements et d’interactions entre tous les danseurs n’importe leur place de départ, abolit les contraintes d’une société divisée en classes. Dans Édouard (1825), Claire de Duras compare le moment des contredanses, pendant un bal parisien de l’Ancien Régime, à une échappée vers l’Angleterre, où l’ascension sociale semble réalisable. De plus, la danse crée un espace où l’héroïne peut franchir les barrières entravant les membres de son sexe et empêchant le mariage par amour. George Sand, dans Le Compagnon du Tour de France (1840), contraste la possibilité de l’amour entre des personnages de classes différentes lors des contredanses avec l’impossibilité de ces unions dans la vie quotidienne. En établissant un non-lieu, les contredanses de ces romans produisent des moments éphémères où l’égalité et la liberté règnent, pourtant, hors de la danse, les hiérarchies sociales demeurent rigides.

1979 ◽  
Vol 34 (4) ◽  
pp. 744-759 ◽  
Author(s):  
Élisabeth Claverie

Le procès, pour le juge, c'est l'application d'un système de normes auto-validé par sa réputation d'universalité, et pour le juge du xixe siècle, envoyé, depuis Nîmes, siéger à la cour de Mende en Lozère, c'est la découverte stupéfaite d'une population ne parlant guère le français, violente, misérable et frustre, c'est la civilisation en mission ayant à juger la sauvagerie et l'ignorance ; pour l'inculpé, c'est quelquefois le moment de dire sa plainte, sa souffrance, sa haine, encore que 1' « individu », la « personne », cela ne veuille pas dire grand-chose dans la société des ostals du Haut-Gévaudan, et le plus souvent, pour lui — qui a agi dans son délit et qui parle au long de la procédure judiciaire comme membre de l'ostal, portant en lui toute la loi des ostals —, c'est le moment, nous le verrons, d'une stratégie ou il va perdre ou gagner ; pour la société des ostals elle-même, c'est le moyen intégré dans son système de vengeance d'exercer son jeu interne de représailles ; pour l'ethnologue ou l'historien enfin, la procédure judiciaire, et plus particulièrement les enquêtes de gendarmerie et d'instruction (depuis la justice de paix jusqu'aux Assises), c'est l'occasion de voir s'affronter, se mêler ces différents processus, de pénétrer, au fil des témoignages, dans la vie quotidienne d'une société du passé, de restituer sa présence, sa force, ses jours et ses nuits, reprenant l'enquête du gendarme qui demande : « Racontez votre journée... » ; et puis c'est aussi la découverte, par l'amoncellement des récits, des enjeux sociaux, des distributions et des effets de pouvoir, de la logique des plaintes, à lire en filigrane.


1965 ◽  
Vol 20 (6) ◽  
pp. 1163-1184 ◽  
Author(s):  
Guy Thuillier

Traditionnellement, l'historien s'intéresse fort peu à l'histoire matérielle, à l'évolution du niveau de vie, aux coutumes alimentaires : ce n'est point là une histoire qui se prête à discussions érudites ni à constructions savantes de courbes. Pourtant cette histoire de la vie quotidienne est riche d'enseignements de toute nature. Certes la rareté des documents, la difficulté d'interpréter certaines données, l'impossibilité de dater les transformations limitent nécessairement la portée de toute enquête de ce genre : de bonnes mercuriales de prix, au contraire, voilà un terrain solide, ne prêtant point à contestation.


2011 ◽  
pp. 147
Author(s):  
Fabiola Sofía Masegosa Gayo

El objetivo de este trabajo es realizar una introducción al estudio y al análisis de la primera obra de teatro, que se conoce, escrita por un autor andorrano y cuya temática refleja las costumbres y tradiciones existentes en Andorra durante el siglo XIX. Esta comedia, pues, refleja claramente la vida diaria en el mundo rural andorrano, que existía en aquella época, ubicándola dentro de un entorno geográfico real.L’objectif de ce travail est de réaliser une introduction à l’étude et à l’analyse de la première oeuvre de théâtre, qui est connu, écrite par un auteur andorran et dont la thèmatique reflète les coutumes andorrans et les traditions existantes en Andorre pendant le XIXe siècle. Cette comédie reflète donc clairement la vie quotidienne dans le monde rural andorran, qui existe dans cette époque, en la plaçant à l’intérieur d’un environnement géographique réel.


1980 ◽  
Vol 45 (1) ◽  
pp. 50-59 ◽  
Author(s):  
Annette Lorenceau
Keyword(s):  

Hawliyat ◽  
2018 ◽  
Vol 14 ◽  
pp. 117-129
Author(s):  
Daisy Ghazi-Khalifé

George Sand a beaucoup embelli ses Berrichons et, pour les décrire, elle a choisi les couleurs les plus tendres de sa palette. Mais alors que ses romans apparaissent comme la poésie d'un rêve terrien plutôt que la présence même de la terre, La vie d'un simplel dEmile Guillaumin « est d'abord un document de premier ordre sur la vie paysanne en France au XIXe siècle »2. Guillaumin parle très bien des laboureurs et sait les faire parler parce qu'il était lui-même un laboureur. De même Marguerite Audoux, dont la vie est étroitement liée à son œuvre, raconte dans Marie-Claire l'histoire d'une petite bergère en Sologne à la fin du Second Empire et au début de la IIIe République. Ces deux ouvrages recomposent avec une admirable précision de détails la vie des paysans français à une certaine époque de l'histoire.


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