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Published By Katolicki Uniwersytet Lubelski Jana Pawla Ii

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2021 ◽  
pp. 99-122
Author(s):  
Philippe Chavasse

Dans les dernières années du XIXe siècle, l’écrivain belge Camille Lemonnier publie trois romans, L’Île vierge, Adam et Ève, et Au cœur frais de la forêt, qui véhiculent le rêve de voir l’humanité libérée du carcan imposé par une société qui asservit l’homme et la femme et dénature leur instinct. Le Belge Georges Eekhoud publie en 1912 Les Libertins d’Anvers, qui retrace l’histoire des hérésies chrétiennes à Anvers du XIIe siècle jusqu’à leur répression par la Réforme protestante et la Contre-réforme. Nourris par les mêmes préoccupations identitaires, Lemonnier et Eekhoud proposent des modèles de communautés utopiques qui s’inspirent à la fois du paganisme et de l’évangélisme chrétien. Les deux écrivains font l’apologie de la charité et du respect du prochain et de la nature. Toutefois, ils diffèrent dans l’intérêt qu’ils accordent au couple et à la famille comme fondement social, Lemonnier appliquant les leçons du naturisme, tandis qu’Eekhoud se situe davantage dans un courant de la pensée anarchiste représenté notamment par Charles Fourier, Raoul Vaneigem et Michel Onfray.


2021 ◽  
pp. 38-47
Author(s):  
Pauline Philipps
Keyword(s):  

Alors qu’au siècle précédent fleurissent les textes montrant des sociétés utopiques, Urfé reprend ce thème qu’il adapte à un univers pastoral dans L’Astrée. Cependant, plutôt que de se contenter d’en démontrer la supériorité, il représente la fragilité qu’il y a dans tout projet utopique : dès lors qu’elle est incapable de survivre longtemps aux assauts du réel, à quoi peut bien servir une utopie ? La société idéale qui nous était proposée au début du roman s’effrite peu à peu pour se briser sous nos yeux. Entre critique de l’écriture utopique et regard paternel porté sur des personnages voués à souffrir de cette rencontre contre-nature avec l’extérieur, L’Astrée nous donne à voir comment le plus beau des pots de terre est inévitablement condamné à se confronter au pot de fer de la réalité. Le roman met alors en scène la beauté de cette brutale rencontre.


2021 ◽  
pp. 76-86
Author(s):  
Tessa Ashlin Nunn

Durant le premier XIXe siècle, la contredanse, constituée de déplacements et d’interactions entre tous les danseurs n’importe leur place de départ, abolit les contraintes d’une société divisée en classes. Dans Édouard (1825), Claire de Duras compare le moment des contredanses, pendant un bal parisien de l’Ancien Régime, à une échappée vers l’Angleterre, où l’ascension sociale semble réalisable. De plus, la danse crée un espace où l’héroïne peut franchir les barrières entravant les membres de son sexe et empêchant le mariage par amour. George Sand, dans Le Compagnon du Tour de France (1840), contraste la possibilité de l’amour entre des personnages de classes différentes lors des contredanses avec l’impossibilité de ces unions dans la vie quotidienne. En établissant un non-lieu, les contredanses de ces romans produisent des moments éphémères où l’égalité et la liberté règnent, pourtant, hors de la danse, les hiérarchies sociales demeurent rigides.


2021 ◽  
pp. 196-205
Author(s):  
Loubna Achheb

Cet article porte sur le rapport entre l’écriture dystopique de Rachid Boudjedra et la théorie postcoloniale dans son roman L’Escargot entêté. Cette œuvre fait partie de la littérature algérienne postcoloniale et se trouve, par conséquent, être l’emblème d’une esthétique hybride. L’hybridité dont use l’auteur, et qui n’est autre qu’un concept utopique de la théorie postcoloniale, finit par se briser dans le texte, générant par là une écriture dystopique. Pour ce faire, l’écrivain mélange les genres réaliste et fantastique, puis y crée une scission pour perpétuer l’image de la dystopie. Il utilise des informations erronées pour créer des fissures dans l’intertextualité du roman, en faisant imploser l’hybridité de l’écriture de l’intérieur. Enfin, il tente de libérer la littérature algérienne qu’il veut séparer de la littérature française, créant une brèche entre « la périphérie » et « le centre ».


2021 ◽  
pp. 60-75
Author(s):  
Françoise Sylvos

Cet article oppose les textes de propagande positive et ouvrière en vers français du XIXe siècle (Du Camp) à la prose lyrique et visionnaire des saint-simoniens (Duveyrier). À partir du jugement de Baudelaire sur l’incompatibilité entre poésie et didactisme, on s’interroge sur le statut et l’artialité de la poésie sociale. Du côté de la poésie ouvrière (Cent et une petites misères, Œuvre sociale), on découvre la verdeur de la langue populaire, la vis comica et la fantaisie tandis que la fable socialiste (Lachambeaudie) est remarquable par la compassion. Sous la plume des prophètes du progrès (Enfantin), les disciplines – religion, architecture, poésie, mathématiques – loin d’être cloisonnées, sont objets analogues et langages convertibles. Le poème, l’image et la cité idéale elle-même changent leurs caractéristiques et se correspondent. L’innovation sociale ne peut se dire qu’à travers la forme novatrice du poème en prose urbain et la Révolution industrielle appelle une révolution des formes poétiques. La poéticité de ces textes, inversement proportionnelle au réalisme et à la spécialisation du lexique employé, tient à un art de la suggestion et à l’essor d’un imaginaire renouvelé par la modernité technique, citadine et scientifique.


2021 ◽  
pp. 9-22
Author(s):  
François Rosset
Keyword(s):  

Après avoir rappelé la figure de Pantagruel, petit-fils du roi d’Utopie et roi des Dipsodes, qui permet d’évoquer quelques propriétés de l’utopie (et en particulier celle qui consiste à figurer, à l’intérieur d’elle-même, les liens de filiation qu’elle entretient avec des textes antécédents), le propos se resserre sur la figure du roi dans la tradition de l’utopie, notamment avec l’exemple du Jugement dernier des rois de Sylvain Maréchal. L’attention est ensuite plus spécifiquement dirigée vers la figure du roi de Pologne, particulièrement propre à stimuler l’imaginaire politique des Européens au XVIIIe siècle, puis sur la personne de Stanislas Leszczyński, seul souverain auteur d’utopie, avec son petit roman Entretien d’un Européan avec un insulaire du Royaume de Dumocala qui est à la fois fidèle au modèle narratif qu’il contribue à perpétuer et dénué d’intentions révolutionnaires.


2021 ◽  
pp. 23-37
Author(s):  
Matthieu Founeau

Cet article se donne pour ambition de questionner l’Abbaye de Thélème imaginée par François Rabelais afin d’en saisir le programme utopique initial tout en en observant les contours et les limites. Il s’agira alors de situer cette œuvre à un carrefour où se croisent les valeurs humanistes, les apports de More, les crises spirituelles mais aussi et surtout un besoin nécessaire de renouveau et d’inédit qui résulte d’une critique sociale et politique. C’est à partir de ce constat liminaire que nous tenterons ensuite d’approcher la structure, le projet et les lois qui règlementent et organisent cette société utopique avant d’en saisir les limites. Nous pourrons alors en apprécier la construction, tant physique que théorique, en dressant un parallèle révélateur avec l’architecture du couvent Sainte-Marie de la Tourette imaginé par Le Corbusier. Nous verrons enfin comment le jeu de la langue chez Rabelais outrepasse le projet idéologique au profit d’une écriture novatrice, complexe et protéiforme. Il faudra dès lors en entendre les paradoxes qui permettent de comprendre et saisir l’importance littéraire qui au final se détache progressivement de l’utopie initiale.


2021 ◽  
pp. 206-218
Author(s):  
Jessy Neau

L’imaginaire occidental a souvent dépeint les îles comme des endroits paradisiaques, voire des utopies. Or, on constate que les récits contemporains des îles, c’est-à-dire écrits par des auteurs eux-mêmes habitants des îles, placent la violence, les inégalités sociales, les enjeux climatiques et les problématiques de l’exil au cœur de leurs dispositifs narratifs. Les quartiers d’« Eden Ouest » et de « Gaza » dans le roman du Martiniquais Alfred Alexandre (Les Villes assassines, 2011), et dans celui de la Mauricienne Nathacha Appanah (Tropique de la violence, 2015) inscrivent ces thématiques au cœur de représentation spatiale. De l’utopie, serions-nous passés à la dystopie ? Cet article examine la pertinence de ces catégories conceptuelles pour aborder certains tropes de la littérature insulaire francophone, en l’associant notamment à la notion en vogue d’« effondrement » et de contre-exotisme, s’attachant en particulier à la représentation du quartier insalubre et au thème de l’immigration clandestine.


2021 ◽  
pp. 158-167
Author(s):  
Qingya Meng
Keyword(s):  
Tel Quel ◽  

Ayant adopté une position pro-maoïste pendant les années 1970, Philippe Sollers part en Chine pendant 3 semaines en 1974 pour témoigner du grand succès de la Révolution culturelle (1966-1976). Selon l’écrivain, directeur de la revue Tel Quel, la révolution doit passer par l’écriture et par la théorie. Néanmoins, la Chine qu’il découvre durant le séjour semble s’éloigner de la Chine rêvée avant le départ… En s’appuyant sur des articles publiés par Tel Quel, notre étude cherche à montrer comment la Chine de Mao, idéalisée par un discours idéologique, se transforme en un réel théâtralisé que le peuple chinois est obligé de mettre en scène devant les touristes qui sont autorisés à visiter la Chine.


2021 ◽  
pp. 147-157
Author(s):  
Sébastien Heiniger

Léopold Sédar Senghor était un penseur et poète de la Négritude, et il était aussi un homme politique, député à l’Assemblée nationale française dans un contexte où la décolonisation était inéluctable. Avec le soutien théorique de Paul Ricœur, cet article explore l’utopie chez Senghor pour réfléchir à la fonction qu’occupent ces lieux irréels dans sa pensée et restaurer la vision de l’avenir qui était la sienne. Figures de son eutopia, tant le Royaume du Sine que la France Confédérée se proposaient comme communautés harmonieuses à l’aune desquelles imaginer l’avenir. Si Senghor ne défie pas l’idéologie coloniale avec une utopie conservatrice, où le Royaume du Sine retrouverait sa forme ancienne, mais bien avec celle d’une France décolonisée parce que fédérale, où il existerait une égalité de droits politiques, civiques et sociaux entre membres de cet État plurinational, la question de savoir s’il était utopiste demeure.


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