Écrire l’histoire du travail aujourd’hui: Le cas de l’Empire romain (note critique)

2018 ◽  
Vol 73 (1) ◽  
pp. 163-184
Author(s):  
Christel Freu

RésumésTrois livres récents questionnent la manière d’aborder le travail sous l’Empire romain et d’en écrire l’histoire : les sources que privilégient les historiens, l’échelle d’observation à laquelle ils se situent et les présupposés théoriques qui les guident. Ces réflexions montrent qu’il existe bien des manières d’écrire l’histoire du travail, un domaine désormais éclaté en multiples sous-champs qui ne dialoguent pas forcément entre eux. Grâce à la relecture de sources traditionnelles, littéraires et épigraphiques, ainsi qu’à l’apport décisif de l’archéologie et des papyrus, l’histoire traditionnelle du travail et des métiers s’est considérablement renouvelée. On s’interroge maintenant sur les causes de la spécialisation poussée des métiers à Rome et sur l’existence d’une véritable division du travail. Par ailleurs, la recherche archéologique aide à améliorer la compréhension des techniques et des processus productifs, et, par là, à dresser une typologie des identités socio-professionnelles des patrons et de leurs employés dans les boutiques et les ateliers romains. Dans une tout autre direction, le travail est considéré, d’un point de vue macro-économique, comme une force à mobiliser par l’entrepreneur : les questions sur la productivité comparée des esclaves et de la main-d’œuvre libre ont été remplacées par celles sur les coûts de transaction du travail salarié et du travail dépendant. Le débat demeure vif entre les historiens qui estiment que le marché du travail n’est pas développé, du fait du poids toujours important des réseaux clientélaires et du travail dépendant, et ceux qui décrivent une économie de marché libre, où le travail est devenu une marchandise.

Revista Trace ◽  
2018 ◽  
pp. 90
Author(s):  
Rocío Guadarrama Olivera

En este artículo se analizan las trayectorias laborales de mujeres que ingresaron a trabajar en la maquila de confección de ropa en Costa Rica, entre 1972 y 1996. A partir de estas trayectorias se busca conocer los cambios profundos en sus modos de vida y las formas de interpretación de su existencia, que se produjeron en el contexto de la incorporación de nuevas formas de división del trabajo y de globalización de la producción en el último tercio del siglo pasado. Con este propósito distinguimos entre trayectorias continuas e intermitentes, y damos cuenta de tres formas de experiencia en el mercado de trabajo, caracterizadas por factores reproductivos, de estrategia de mercado y de logro personal, que eventualmente permiten la constitución de identidades laborales y de género.Abstract: This article analyzes work trajectories of women whose job involved the global industry of clothes, known as maquila, manufacturing in Costa Rica between 1972 and 1996. Starting from these trajectories we are looking for knowing the deep changes in their lifestyles and own existence interpretation ways, produced in the context of the incorporation of new forms of division of production labour and globalisation in the last third of last century. To achieve this goal we make the distinction between continuous and intermittent trajectories, and give an account of three forms of job market experiences, characterized by reproductive factors, market strategy and personal realization, which allow eventually the constitution of work and gender identities.Résumé : Dans cet article on analyse les trajectoires de travail de femmes qui ont commencé à travailler dans l’industrie globale de confection de vêtement au Costa Rica, appelée maquila, entre 1972 et 1996. À partir de ces trajectoires on cherche à connaître les changements profonds dans leurs modes de vie et les formes d’interprétation de leur existence qui ont été produites dans le contexte de l’incorporation de nouvelles formes de division du travail et de globalisation de la production, dans le dernier tiers du siècle passé. Pour atteindre cet objectif nous faisons la distinction entre des trajectoires continues et intermittentes, et rendons compte de trois formes d’expérience sur le marché du travail, caractérisées par des facteurs reproducteurs, des stratégies de marché et de réalisation personnelle, qui permettent éventuellement la constitution d’identités de travail et de genre.


Author(s):  
Mathieu Lefèbvre ◽  
Pierre Pestieau

L’État providence n’a jamais été autant décrié qu’aujourd’hui et pourtant il n’a sans doute jamais été autant nécessaire. Les critiques qu’il doit essuyer viennent de ceux qui veulent en réduire la voilure comme de ceux qui le trouvent inefficace à remplir ses principales missions. Pourtant les multiples fractures sociales qui ont conduit une partie de la population à douter de politiques censées la secourir, et de basculer parfois dans le vote populiste, redonnent toute sa justification à un État providence plus performant et soucieux de combler le fossé séparant une certaine tranche de la population socialement intégrée d'une autre, composée d'exclus. Il convient cependant de reconnaître que le contexte actuel est bien différent de celui que l’État providence a connu au moment de son essor, après la seconde guerre mondiale. Les principaux changements concernent l’ouverture des frontières, le marché du travail de plus en plus précarisé, la structure familiale éclatée et l’individualisme croissant; auxquels s’ajoutent le défi climatique, le vieillissement démographique et un net ralentissement de la croissance. Ces nouvelles donnes qui menacent la pérennité de l’État providence appellent donc des réformes profondes. Avant de parler de réformes, il importe également de rappeler que jusqu’à un passé récent la performance de l’État providence a été satisfaisante. Elle n’a cessé de croître dans la plupart des pays européens et on a pu assister à une nette convergence entre ces mêmes pays européens. Certes des différences demeurent avec les pays nordiques comme premiers de classe et la Bulgarie, la Roumanie et la pauvre Grèce en bons derniers. Ce bilan globalement satisfaisant et qui va à l’encontre de jugements hâtifs et idéologiques ne doit pas nous faire oublier que les menaces demeurent, sans doute plus vives que dans le passé et qui se traduisent par diverses fractures sociales. La source majeure de ces fractures est sans nul doute la panne de l’ascenseur social. L’État providence s’est sans doute trop longtemps préoccupé de l’inégalité des revenus et de la pauvreté et pas assez de la mobilité sociale. Il semble important de réorienter ses priorités et d’adopter une politique davantage proactive. Cela demande de sécuriser le quotidien des pauvres mais aussi celui des classes moyennes qui subissent de plein fouet les chocs qu’entraine une économie de marché mondialisée. Cela exige surtout de donner aux uns et aux autres des perspectives d’avenir en remettant en marche l’ascenseur social. A cet effet, nous suggérons d’améliorer la perception des droits de succession et de rendre l’école davantage démocratique. Cela implique également une réorganisation de la protection sociale. Tout particulièrement, il faudrait revenir à des programmes qui dans la tradition bismarckienne ne couvrent pas seulement les plus pauvres mais l’ensemble de la société. On a sans doute eu trop tendance à se focaliser sur les seuls pauvres et oublier que le besoin de sécurité concernait d’autres catégories : les personnes dépendantes, les travailleurs précarisés, les retraités. Les salaires minimaux représentent une garantie de stabilité pour les travailleurs peu qualifiés. Plus généralement, il importe de s’assurer que les minimas sociaux soient fixés à un niveau supérieur au seuil de pauvreté. Ajoutons le fait que la famille qui a longtemps constitué un filet de sécurité solide commence à faire défaut. L’État se trouve ainsi confronté à des besoins nouveaux que couvraient la famille. Nous avons esquissé quelques réformes que réclament les fractures sociales. Il serait téméraire de croire que nous avons la réponse à une question dont les chercheurs et les hommes politiques n’ont pas fini de prendre la mesure. Mais ici plus qu’ailleurs, il faut éviter de jeter le bébé avec l'eau du bain, ce que n’hésiteraient pas de faire les ennemis de l’État providence.


2008 ◽  
Vol 13 (1) ◽  
pp. 87-100 ◽  
Author(s):  
Jean Renaud ◽  
Paul Bernard

RÉSUMÉ La distribution socio-professionnelle de la population active québécoise s’est transformée au cours du vingtième siècle, comme on peut le constater à l’aide des données des recensements canadiens de 1931 à 1981, offrant une codification des occupations comparable. De même, la composition sexuelle et ethnique de la main-d’oeuvre a considérablement évolué au cours de cette période. Les auteurs analysent la façon dont ces clivages sexuel et ethnique sont mis à contribution, à différents moments, pour assigner des agents aux différentes places dans la division du travail ; il s’agit en particulier de voir comment les groupes dominés définis par ces deux clivages sont utilisés pour remplir les fonctions inférieures dans la hiérarchie des emplois. L’usage de modèles complexes, du type log-linéaire, permet de distinguer d’une part des effets bruts, traduisant la réalité vécue des groupes sexuels et ethniques sur le marché du travail, et d’autre part les effets nets, correspondant aux règles plus ou moins permanentes, mais moins évidentes, régissant l’accès de ces groupes aux divers emplois.


1975 ◽  
Vol 7 (4) ◽  
pp. 415-425 ◽  
Author(s):  
A Lipietz

La dimension spatiale de l'articulation des modes de production, dans leurs différentes branches, est la constitution d'espaces régionaux inégalement développés. Sur cette base matérielle se développent à leur tour une nouvelle division du travail et de nouveaux schémas d'accumulation, différents selon les régions (‘centres’ ou ‘périphéries’). Au stade du capital monopoliste, celui-ci peut organiser à l'échelle interrégionale des ‘circuits de branche’ profitant au maximum des fractionnements du marché du travail. Cependant la localisation des activités économiques rencontre des contraintes extra-économiques, et notamment la propriété foncière. Non seulement le prix du sol n'est pas un guide suffisant du développement pour l'allocation de l'espace, mais encore la structure juridique de la propriété du sol, garantie des rapports sociaux hérités du passé, fait obstacle aux formes monopolistes d'appropriation de l'espace. C'est à ces deux niveaux que s'impose l'action de l'État dans l'aménagement du territoire.


1991 ◽  
Vol 19 (1) ◽  
pp. 69-84 ◽  
Author(s):  
Sylvie Diatkine ◽  
Daniel Diatkine

2010 ◽  
Vol 22 (2) ◽  
pp. 125-143
Author(s):  
Biljana Stevanovic

En s’appuyant sur les enquêtes « Premier Emploi » du Centre d’études et de recherches sur les qualifications (CEREQ) et de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), l’auteure étudie l’insertion professionnelle des jeunes femmes en France à leur sortie de l’école. Elle examine l’insertion des jeunes femmes selon leur niveau de scolarité pour montrer, d’un côté, les inégalités de condition d’entrée sur le marché du travail des femmes faiblement diplômées et de celles qui sont titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur et, de l’autre côté, les inégalités de condition d’insertion des hommes et des femmes possédant le même type de diplôme. L’auteure montre que ces différentes conditions d’insertion sont liées aux orientations différenciées des filles et des garçons ainsi qu’à la division du travail entre les sexes.


2012 ◽  
Vol 33 (1) ◽  
pp. 1-12
Author(s):  
L McLaren ◽  
M Zarrabi ◽  
DJ Dutton ◽  
MC Auld ◽  
JCH Emery

Introduction Depuis quelques décennies, deux tendances marquées s'observent au Canada comme ailleurs : une hausse de la prévalence de l'excès de poids et de l'obésité chez les enfants, et une proportion à la hausse des femmes (dont les mères) sur le marché du travail et des besoins en matière de garde d'enfants. Même si une association entre la garde des enfants et leur indice de masse corporelle (IMC) est plausible et aurait une importance sur le plan des politiques, ni son existence ni sa nature n'ont été établies au Canada. Méthodologie Au moyen des données de l'Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes, nous avons examiné l'exposition à trois types de garde à 2-3 ans (garde par une personne non apparentée, garde par un membre de la parenté, garde dans une garderie) et sa relation avec le changement de percentile d'IMC (continu et catégorique) entre 2-3 ans et 6-7 ans, et avons tenu compte des corrélats sanitaires et socio-démographiques. Résultats La garde par une personne non apparentée était associée à une hausse du percentile d'IMC entre 2-3 ans et 6-7 ans chez les filles vivant dans un ménage à faible revenu et chez les garçons. Conclusion Vu les bienfaits potentiels d'une garde structurée de grande qualité pour toute une série de résultats de nature sanitaire et sociale et vu les effets néfastes possibles de certains types de garde non structurée relevés dans notre étude et d'autres, nos résultats font ressortir la nécessité de poursuivre les recherches concernant les répercussions de divers types de garde sur un ensemble de résultats, dont ceux liés au poids.


1966 ◽  
Vol 21 (5) ◽  
pp. 1073-1077
Author(s):  
Jacques Rousseau
Keyword(s):  

L'Amérique du Nord pré-coloniale n'a pas ignoré la division du travail ni les échanges, sous des formes rudimentaires sans doute, mais originales. Tout d'abord chez les Indiens chasseurs, la pauvreté de la forêt exige un partage des tâches. Les femmes tressent les lambeaux de peau crue des raquettes, dont les hommes ont fabriqué la charpente. Dans les « portages des femmes », elles s'en vont allègrement avec une charge sur le dos pendant que les hommes affrontent le rapide en canot ; ces derniers n'ont pas voulu exposer les femmes et les enfants au danger. Dans les autres portages, évitant des rapides impassables ou reliant des lacs, l'homme laissait anciennement le bagage à sa femme pour mieux se mouvoir, les armes à la main, prêt à défendre les siens contre l'ennemi ou tuer le gibier tant attendu. C'était surtout dans le portage que l'ennemi autrefois attendait le chasseur isolé. Maintenant qu'il n'y a plus d'ennemis chez les Indiens et que les armes modernes reculent les cibles, les femmes porteront, dans les portages, en un seul voyage, une unique charge pesant rarement plus de cinquante livres, pendant que les hommes feront plusieurs fois le trajet pour transporter le canot et le gros du bagage, portant souvent plus de deux cents livres à la fois.


Sign in / Sign up

Export Citation Format

Share Document