Au « DEAR WHITE PEOPLE » : Lovecraft Country, une série contre Lovecraft ?
Que ce soit dans la série de romans young adult « Le collège Lovecraft », ou le show Lovecraft Country, tout se passe comme si le nom même du fantastiqueur américain était devenu une sorte de « franchise », dont la simple mention assure le « branding » de l’objet en question. Mais il s’agit plus d’allusions aux légendes véhiculées autour de l’auteur que d’actualisations fines de son oeuvre ; oui, le défilé des horreurs, plus ou moins modélisées sur le principe du monster of the week, évoque davantage Supernatural (compendium de tous les standards de l’horror)… En s’inspirant d’un des écrivains les plus ouvertement racistes du premier vingtième siècle, la série de Misha Green parvient paradoxalement à rassembler les genres cinématographiques appréciés de la planète geek. Cette étude souligne en effet les « jump scares » liés au Livre vivant, héritage gnosique, métemsomatose. Cette réexploitation offre un pas de côté à l’oeuvre princeps, en déjouant par l’humour et l’horreur les solennités toxiques du modèle.